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Le nouveau contraceptif masculin qui pourrait changer nos vies

Produit à partir d'extraits de plantes, réversible et sans effets indésirables : il a de quoi nous faire fantasmer.

L'idée que les hommes puissent contrôler leur fertilité sans utiliser de préservatif reste assez insensée aujourd'hui : la pratique montre que le liquide pré-éjaculatoire est fourbe, que la technique du retrait n'est pas fiable et que les accidents sont nombreux. Hélas, les options qui s'offrent aux hommes en matière de contraceptifs, depuis l'invention du préservatif, ne font franchement pas envie : on pense notamment au cas de ce charpentier allemand qui s'est fait implanter une sorte d'interrupteur dans le scrotum lui permettant de choisir s'il souhaite éjaculer ou non à l'aide d'un simple bouton.

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Le Vasalgel est sans doute le contraceptif masculin le plus prometteur à ce jour : il se présente sous forme de gel à base de polymère, que l'on administre dans le canal déférent grâce à une seringue. Il est extrêmement bien toléré par les primates étudiés lors des premiers essais cliniques, mais il n'est pas encore éligible à une autorisation de mise sur le marché. On peut également citer l'approche hormonale par injections ; hélas, les essais cliniques chez l'homme ont dû être abandonnées par les chercheurs suite aux effets indésirables ressentis par les sujets, très proches des effets indésirables associés à la prise de pilule contraceptive féminine : maux de tête, nausées, irritabilité.

Malgré tout, nous sommes peut-être à l'aube d'une petite révolution, présentée dans un article publié sur le site PNAS. Elle semble presque trop belle pour être vraie : pour les chercheurs, il s'agirait tout simplement d'une forme de contraception universelle, se présentant sous forme de patch pour les hommes et d'anneau vaginal pour les femmes.

Les principes actifs sur lesquels repose cette méthode révolutionnaire ne sont pas issus de la synthèse d'une quelconque molécule chimique, mais de plantes comme l'aloe vera et la mangue, en toutes petites quantités. Ces composés s'appellent la pristimerine et le lupéol. La pristimerine, extraite de la plante asiatique Tripterygium wilfordii, est utilisée depuis des siècles par la médecine traditionnelle chinoise à très petites doses - et il est bien possible qu'à l'avenir elle soit employée, de concert avec le lupéol, comme contraceptif naturel.

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Polina Lishko est professeure de biologie moléculaire à l'Université de Berkeley, en Californie, et elle a mené des études sur la manière dont agissent ces deux substances lorsqu'elles sont employées ensemble - en massacrant au passage les spermatozoïdes de ses collègues masculins.

La forme des spermatozoïdes dépend de leurs deux fonctions principales. La première consiste à pouvoir nager sur une grande distance (environ 24 000 fois la longueur de leur corps), la deuxième à franchir la membrane de l'ovule grâce à leur tête.

Les scientifiques ont un nom pour ce moment précis : le "power kick". C'est ce qui se produit quand le spermatozoïde atteint l'ovule et tente de le féconder. L'électricité nécessaire pour produire un tel mouvement provient des ions qui circulent dans les canaux calciques.

Comme l'ont découvert les chercheurs californiens, les deux substances, la primisterine et le lupéol, sont capables de mettre ces canaux calciques hors service. Au lieu d'empêcher les spermatozoïdes de nager jusqu'à l'ovule, comme le font les préservatifs ou les diaphragmes, elles désactivent les substances chimiques qui permettent la fécondation.

À l'avenir, le mélange de primisterine et de lupéol pourrait même être utilisé comme contraceptif d'urgence. Une méthode qui conviendrait même - en théorie - aux anti-avortement, dans la mesure où le spermatozoïde ne perforerait pas la membrane cellulaire de l'ovule et il n'y aurait donc pas fécondation. Autrement dit, il n'y aurait pas développement d'un embryon, qui selon les adversaires de la pilule du lendemain équivaut à une vie humaine.

Et le mieux dans tout ça ? C'est qu'il n'y a aucun effet indésirable, selon Polina Lishko - contrairement à la quasi-totalité des autres contraceptifs.

Pour l'heure, toutefois, les essais cliniques sont loin d'être terminés : l'effet contraceptif des substances n'a été observé qu'en laboratoire. Les résultats définitifs ne seront publiés qu'à la fin de l'année.

Face à une découverte aussi prometteuse, un certain nombre d'entreprises sont déjà dans les starting blocks, prêtes à commercialiser et à mettre le contraceptif révolutionnaire sur le marché. Le plus gros obstacle auquel elles seront confrontées concerne la difficulté de se procurer les substances nécessaires : une unique mangue fournit extrêmement peu de principe actif, et les produits pourraient coûter encore plus cher s'ils étaient synthétisés.

En tout cas, avant de commencer à planter de l'aloe vera sur votre balcon en pensant à votre prochaine conquête, n'oubliez pas : pour l'heure, le contraceptif masculin le plus efficace, ça reste le préservatif.