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FRANCE

Des pêcheurs de Dunkerque revendaient illégalement du bar attrapé près d’une centrale nucléaire

Les pêcheurs vendaient leurs poissons aux grandes tables de la région, mais aussi en Belgique. Un restaurateur étoilé de l’Oise a été placé en garde à vue et son établissement a été perquisitionné.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image Wikimedia Commons / CaptainHaddock

À l'aube, ce mardi matin, un gang d'une dizaine de pêcheurs amateurs ont été interpellés dans la région de Dunkerque pour avoir monté un marché parallèle de vente de bars pêchés dans les eaux chaudes bordant la centrale nucléaire de Gravelines (Pas-de-Calais). Les pêcheurs devraient être présentés à un juge ce jeudi pour éventuellement être mis en examen.

Après des mois d'enquête, la justice a enfin pu réaliser ce joli coup de filet. À raison de près de 80 kg de bars pêchés chaque jour passé sur les rives de la centrale, le gang des cannes à pêche a écoulé des dizaines de tonnes de poissons d'après les premiers éléments de l'enquête.

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Les pêcheurs vendaient leurs poissons aux grandes tables de la région, mais aussi en Belgique. Un restaurateur étoilé de l'Oise, qui achetait du bar aux passionnés de pêche, a été placé en garde à vue et son établissement a été perquisitionné dans le cadre de l'enquête.

L'idée de monter un réseau de vente de bar revient à un Dunkerquois de 45 ans, sans profession, ni ressources, mais avec de l'imagination. D'après le journal La Voix du Nord, il aurait commencé à pêcher le bar près de la centrale il y a déjà plusieurs années.

Le bar affectionne particulièrement les eaux chaudes et riches en nourriture — comme celles qui bordent la centrale nucléaire. En effet, le circuit de refroidissement du complexe nucléaire chauffe l'eau et attire donc ce poisson prisé.

À lire : Jour de pêche à l'ombre des centrales

Le Dunkerquois a alors commencé à vendre du bar « sous le manteau ». L'offre ne faiblissait pas et la demande grandissait un peu plus chaque semaine. Ainsi, un véritable réseau de pêcheurs amateurs s'est constitué autour de lui. Chaque pêcheur pouvait se faire plusieurs centaines d'euros par journée de pêche. Le chef étoilé interpellé achetait son bar moins de 20 euros le kilo.

D'après La Voix du Nord, le bar pêché près de la centrale ne représente aucun danger pour la santé. Il n'y a aucune présence de radioactivité dans les eaux bordant le complexe nucléaire gravelinois et le poisson est consommable.

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Ce qui est en revanche reproché aux pêcheurs c'est notamment que ce poisson échappait à tout contrôle sanitaire. Il était livré en voiture dans des glacières aux différents restaurants et acheteurs de la région, et probablement en Belgique. La vente du poisson était donc totalement illégale, car sans déclarations sociales et fiscales, sans contrôle des normes d'hygiène.

Le jour de l'arrestation des pêcheurs, on apprenait que plus d'un poisson sur trois servi à Bruxelles n'est pas celui qui est annoncé sur la carte. L'ONG environnementale Oceana a même mené son enquête jusque dans les cantines de l'Union européenne de la capitale belge. Ainsi 280 repas servis dans 150 restaurants et dans les cantines de la Commission européenne et du Parlement ont été testés.

One out of three fish served in — Oceana (@Oceana)November 4, 2015

Il apparait par exemple que dans 95 pour cent des cas, le thon rouge est en réalité du thon obèse ou du thon albacore. L'étude ne dit malheureusement pas ce qu'il en est du bar à Bruxelles.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray 

Image Wikimedia Commons / CaptainHaddock