Steve Bannon, nouveau chef de campagne de Trump, est un pitbull de la droite

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Steve Bannon, nouveau chef de campagne de Trump, est un pitbull de la droite

« Un personnage coloré et intense. Nationaliste, profondément contre l'establishment, orienté médias »

À première vue, Steve Bannon, avec ses cheveux blonds et ses shorts cargo, a l'air d'un Jeff Lebowski de droite. Le costaud et malengueulé président de Breitbart News entretien des liens avec un obscur réseau de personnages influents et de manipulateurs plus ou moins croches. Et maintenant, c'est le nouveau chef de la campagne présidentielle de Donald Trump.

« Bannon dirigera le personnel et les opérations de la campagne en plus de superviser les initiatives majeures », a fait savoir le camp Trump mercredi, en annonçant un remaniement de son personnel et la rétrogradation de facto du directeur de campagne, Paul Manafort.

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On présente souvent Bannon comme un maître énigmatique du côté sombre de la politique. Dans ses communiqués, l'équipe de campagne de Trump a alimenté cette image en reprenant le titre d'un article de Bloomberg paru l'an passé au sujet de Bannon : « L'agent politique le plus dangereux aux États-Unis »

« Je connais Bannon depuis des années, a tweeté le journaliste politique du Washington Post, Robert Costa. C'est l'alter ego de Trump. Un personnage coloré et intense. Nationaliste, profondément contre l'establishment, orienté médias. »

En d'autres mots, fait pour l'emploi. Breitbart News soutient Trump depuis l'annonce de sa candidature l'été dernier. Mais sa réussite dans le rôle de chef de campagne dépendra de la liberté que lui accordera le candidat républicain à la présidence.

La bio de Bannon dans le communiqué ne déçoit pas : M. Bannon, qui se fait appeler Steve, a commencé sa carrière dans la US Navy. Il a été navigateur pendant la crise des otages américains en Iran. La crise et sa gestion par l'administration Carter — un putain de bordel, dans les mots de Bannon — ont semé les graines de sa future inclination politique. Par la suite, il a obtenu une maîtrise en études de la sécurité nationale de l'Université de Georgetown, puis travaillé comme assistant au Pentagone.

Dans les années 80, il a travaillé à Wall Street, obtenu un diplôme de la Harvard Business School et réussi à entrer à la Goldman Sachs, avant de fonder sa propre firme. Il a aussi acquis des parts d'une émission de télé relativement nouvelle appelée Seinfeld. Il en recevrait encore aujourd'hui les bénéfices.

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À la fin des années 90, Bannon s'est réorienté vers l'industrie du divertissement. Il est devenu producteur délégué de films comme Titus et a obtenu une position privilégiée dans une nouvelle maison de production télévisuelle et agence d'artiste, The Firm.

Puis, la politique. Après le 11-Septembre, Bannon a commencé à produire ses propres films, d'abord avec In The Face of Evil sur la « guerre contre la terreur » de Reagan. Ensuite se sont enchaînés d'autres documentaires comme Border War, Battle for America, et The Undefeated, sur Sarah Palin.

Dernièrement, sa vie professionnelle se résume surtout à la direction de Breitbart News. Son fondateur éponyme, Andrew Breitbart, a transformé le réveil politique de Bannon en une sorte d'épisode maniaque. Le site pro-républicain est l'œuvre de Bannon plus que de n'importe quel autre rédacteur.

Quand l'ex-directeur de campagne de Trump Corey Lewandowski a malmené la journaliste de Breitbart Michelle Fields plus tôt cette année, la direction a ordonné à son équipe d'arrêter de prendre la défense de la journaliste.

« Arrêtez de tweeter à propos de cette affaire. Arrêtez de spéculer », a demandé aux employés le rédacteur principal Joel Pollak. « On vous a donné des directives claires. »

Michelle Fields et d'autres journalistes ont démissionné peu après, tant il était devenu évident que Breitbart accordait plus d'importance à Trump qu'à ses journalistes. Et la popularité de Breitbart augmente continuellement depuis un an.

Peut-être en raison de son voyage épique entre ses années en haute mer et son rôle de fouille-merde à Washington, les médias ont déjà commencé à faire dans la mythification du personnage. Bloomberg estime qu'il a presque à lui seul chassé l'ancien président de la Chambre des représentants : « John Boehner quitte son poste à cause de l'agitation qu'ont provoquée Bannon et ses acolytes. »

Même avec son importante plateforme, ses amis de la droite et les bénéfices de son investissement dans Seinfeld, Bannon ne représente pas une aussi grande force politique que les richissimes frères Koch. Néanmoins, ses attaques répétées ont réussi à faire de Breitbart le plus influent média de la droite nationaliste.

Le projet le plus retentissant de l'organisation collet monté de Bannon, le Government Accountability Institute (GAI), aura été Clinton Cash, paru l'été dernier. Annoncé comme le livre qui allait faire tomber Hillary en exposant la corruption au sein de sa fondation, il a profité d'une visibilité raisonnable dans les médias avant de succomber aux multiples corrections et à l'admission par son auteur, le président du GAI Peter Schweizer, qu'il n'avait rien découvert de nouveau ou de compromettant

Si Trump espérait accroître sa popularité auprès des groupes anti-establishment de droite en embauchant Bannon, c'est sans aucun doute chose faite. Mais ses opérations politiques de plus en plus singulières ne seront pas d'un grand réconfort pour les républicains inquiets de leur sort. « J'entends dire sans arrêt que c'est la volonté de Trump », a écrit Robert Costa du Washington Post au moment la nouvelle est sortie. « Il veut finir la course à sa façon, avec ses copains à ses côtés. »