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En Amazonie, une guêpe infernale transforme les araignées en zombies

Une guêpe tout juste découverte en Amazonie équatorienne fait subir des horreurs aux araignées du secteur.
Les chercheurs sur zone, en Amazonie équatorienne
Image : Philippe Fernandez-Fournier 

L'Amazonie équatorienne grouille d'animaux conçus pour tuer dans des circonstances horribles : piranhas, anacondas, jaguars… Guêpes parasitaires.

Une étude publiée le 4 novembre dernier dans la revue Ecological Entomology décrit une nouvelle espèce de guêpe capable de « pirater » le cerveau d'araignées vivant en colonie dans la jungle. Forcées d'abandonner leurs semblables pour veiller sur les larves de leur tortionnaire, les arachnides zombifiées finissent souvent dévorées par elles. Détail sordide : l'étude indique que les araignées « attendent patiemment » ce dernier repas une fois leur mission accomplie.

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Les responsables de cette découverte, des zoologistes de l'université de Colombie-Britannique, ont observé cette relation pour le moins abusive en étudiant le cycle de vie d'une guêpe parasitoïde du genre Zatypota jusqu'alors non-décrite et de sa victime, l'araignée Anelosimus eximius. C'est la première fois qu'une guêpe capable de modifier le comportement d'une araignée « sociale » est découverte.

L'étude explique que la guêpe femelle pond d'abord ses oeufs sur l'abdomen de l'araignée. Après éclosion, les larves s'accrochent à leur hôte pour pomper son hémolymphe, le « sang » des invertébrés. Elles deviennent plus fortes, plus grosses et finissent par perturber son processus de décision. Le cerveau retourné, l'araignée-hôte « quitte la colonie et tisse un cocon pour les larves avant d'attendre patiemment d'être tuée et consommée », explique l'étude.

Bien au chaud dans leur cocon, les larves mangent l'araignée morte et continuent à grandir. Neuf à onze jours plus tard, elles émergent de la soie transformées en guêpes adultes, toutes prêtes à laver le cerveau d'autres araignées malchanceuses.

« Une fois que les larves sont devenues des guêpes, elles s'envolent et cherchent un partenaire de reproduction » explique Samantha Straus, co-auteure de l'étude, contactée par téléphone. « Après, le cycle continue. »

Aussi brutales soient-elles, les méthodes des guêpes parasitoïdes ne sont pas inédites. Une étude parue en 2018 dans Ecological Entomolgy indique que les créatures qui pondent leurs oeufs sur ou dans des insectes avant de les dévorer sont peut-être l'un des groupes d'animaux les plus divers de la planète. Ceci dit, la Zatypota tout juste découverte reste unique parmi les siens.

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« Ce type de modification du comportement est vraiment hardcore » explique Straus dans un communiqué de l'université de Colombie-Britannique. « La guêpe s'empare complètement du cerveau de l'araignée et lui impose de faire quelque chose qu'elle n'aurait jamais fait autrement, comme quitter son nid et tisser une structure complètement différente. C'est très dangereux pour ces petites araignées. »

Les chercheurs pensent que la guêpe soumet l'araignée à ses larves en lui injectant des hormones. Ils supposent aussi que la nouvelle Zatypota a choisi Anelosimus eximius pour son caractère social : une colonie d'araignées est une source idéale d'hôtes et de nourriture. D'ailleurs, il semble que les guêpes s'attaquent plus volontiers à de grosses colonies.

Straus espère retourner en Amazonie équatorienne pour continuer son enquête. La chercheuse se demande si les guêpes s'attaquent aux mêmes colonies de génération en génération, ce qui serait particulièrement intrigant au point de vue évolutif.

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