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Le Lourd héritage des obus non explosés

Parmi les millions de bombes tombées en France durant les deux guerres mondiales, nombreuses sont celles à n'avoir jamais détoné.
Bombardement aérien des Américains sur les usines Focke-Wulf qui produisaient des avions de guerre pour l'Allemagne ; octobre 1943 / © Wikipédia

Mardi midi, une bombe britannique de 450 kilos tirée durant la Seconde guerre mondiale a été découverte à Noisy-le-Sec, à quelques kilomètres de Paris. L'intervention des démineurs – qui ont finalement fait exploser l'engin dans la soirée après l'avoir enterré à six mètres sous terre – a nécessité une interruption importante du trafic au départ et à l'arrivée de la gare de l'Est, à Paris. En conséquence, la bombe a causé de nombreux désagréments parmi les 500 000 voyageurs qui transitent chaque jour par cette gare et a nécessité l'évacuation de 700 habitants de Noisy jusqu'à minuit.

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Voici l'engin explosif de la 2nde guerre découvert à — SNCF Newsroom (@SNCF_infopresse)17 Février 2015

Selon Boris Leval-Duché, chercheur en histoire contemporaine et chargé de cours à l'ENS Cachan, l'obus a toutes les chances de provenir des bombardements de la nuit du 18 au 19 avril 1944. « Le but des Britanniques était de détruire les principales gares au nord de Paris d'où les Allemands acheminaient du matériel vers les lieux du Débarquement, explique-t-il. Vu que les canons n'étaient pas très précis, beaucoup d'obus n'ont pas atteint leur cible et sont partis s'écraser chez les civils, faisant ainsi des centaines de morts et de blessés parmi la population. »

Étant donné que la plupart des obus ont été enlevés après les bombardements et lors du plan de reconstruction mis en place après la guerre, le chercheur explique qu'il n'y a pas de vraie menace, même si un certain nombre de munitions restent enfouies à travers le territoire – tout comme dans de nombreux autres pays.

En effet, près de 100 ans après la fin de la Grande guerre et 70 ans après le Débarquement de juin 1944, le sol français est toujours criblé de bombes datant de ces deux périodes. Selon les historiens, sur le milliard d'obus tiré durant la Première guerre et les 500 000 projectiles de la Seconde, un quart d'entre eux n'auraient jamais explosé. Si les risques de détonation soudaine sont aujourd'hui écartés pour la plupart des missiles, les conséquences peuvent être dramatiques pour l'environnement, avec des fuites de produits toxiques dues à leur corrosion.

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Ainsi, rien qu'en 2010, pas moins de 491 tonnes de munitions – dont une centaine dans le Nord-Pas-de-Calais – ont été collectées lors de 12 000 interventions réalisées par les 320 démineurs des 24 centres de déminage français. « Beaucoup trop de gens qui n'y connaissent rien manipulent les fusées ou les obus qu'ils ont trouvés. Certains inconscients vont jusqu'à les transporter chez eux pour tenter de les ouvrir par tous les moyens, quitte à utiliser une scie à métaux, une disqueuse ou un marteau afin de voir ce qu'il y a à l'intérieur », expliquait alors Daniel Lamiraux, ingénieur principal, au Figaro. « Chaque année, quatre ou cinq particuliers perdent la vie en voulant jouer avec ces engins de mort », confiait quant à elle la Sécurité civile.

Vidéo du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme produite après la fin de la guerre de sorte à avertir les Français sur les dangers des munitions non explosées

Ces derniers mois, les démineurs ont notamment eu à opérer à Rennes (Ille-et-Vilaine), Massy (Essonne), Eterville (Calvados), Dreux (Eure), Langres (Haute-Marne), Gauchy et Guignicourt (Aisne), Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), Isola (Alpes-Maritimes), au Cap-Ferret (Gironde) et au Havre. Dans le même temps, quelques personnes ont été blessées ou tuées à cause de ces obus, corroborant les affirmations des autorités.

Selon un rapport du Sénat, depuis 1945, « date de début d'un déminage rigoureux, plus de 660 000 bombes, 13,5 millions de mines et 24 millions d'obus et autres explosifs ont été dégagés » en France. Dans le même temps, 630 démineurs ont trouvé la mort dans le cadre de leur travail et nombreux sont les monuments à leur rendre aujourd'hui hommage.

@GlennCloarec