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Les drogues psychédéliques m’ont permis de mettre un terme à ma maladie intolérable

« Pendant des heures, je me suis imaginé découper mon crâne comme un vulgaire morceau de poulet cru. »
Illustration : Joey Alison Sayers

Aussi surnommées « céphalées suicidaires », les algies vasculaires de la face sont considérées comme l'une des affections les plus douloureuses reconnues par la science. Certaines personnes souffrant de cette maladie rare se sont même suicidées, tant la douleur était insupportable. Comme le résume parfaitement Wikipedia, la douleur a été décrite comme étant analogue à « celle d'un pic à glace brûlant que l'on enfoncerait de manière répétée à travers l'œil et le cerveau, d'une déchirure ou d'un broiement. »

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Ce ne sont pas de simples migraines – on pourrait plutôt les décrire comme une série de maux de tête qui reviennent régulièrement, parfois durant des semaines ou des mois entiers. Cela fait maintenant 25 ans que j'en souffre – tout a commencé alors que j'étais encore adolescent. J'aurais dû mal à vous décrire la douleur, mais je vais quand même essayer : si vous vous êtes déjà cogné le gros orteil, vous savez à quel point cela peut faire mal. C'est pareil qu'une algie vasculaire de la face, à ceci près que la douleur se fait ressentir juste derrière l'œil, en pleine tempe. La douleur s'installe, et continue de vous lancer pendant au moins 30 minutes, parfois durant deux heures. Une certaine idée de l'enfer, en somme.

Les scientifiques ignorent ce qui provoque ces douleurs, et les calmants et autres narcotiques ne sont d'aucune aide. Croyez-moi : afin de mettre un terme à mes souffrances, je me suis injecté/j'ai ingéré, sniffé et/ou fumé de l'oxycodone, de l'hydrocodone, du fentanyl, du demerol, de l'hydromorphone, de la cocaïne, de l'héroïne, de la codéine, de la morphine – en vain. J'étais souvent excessivement défoncé, bien entendu, mais la douleur était toujours bien présente.

J'ai essayé de faire tomber des haltères sur mon pied pour déplacer la douleur. J'ai frappé ma tête contre un mur, contre le sol, et à nouveau contre un mur. J'ai apposé des sachets de glaçons contre ma tempe. Pendant des heures, je me suis imaginé découper mon crâne comme un vulgaire morceau de poulet cru.

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Pour résumer grossièrement la situation : « c'est une affection très difficile à traiter », comme l'a expliqué le Dr. Mark Green, spécialiste des maux de tête qui officie à la Mount Sinai School of Medicine. « Certains des traitements fonctionnent, mais ce n'est pas systématique. » Parmi les traitements préconisés par les médecins, on trouve l'Imitrex (un médicament injectable qui réduit les vaisseaux sanguins du cerveau) et l'inhalation d'oxygène. Ils permettent de ralentir certaines crises, sans les empêcher pour autant. J'ai essayé ces traitements, mais à ce jour, rien ne s'est avéré aussi efficace que les substances psychédéliques.

Il y a quelques années, j'ai découvert Cluster Busters, un site qui prône des traitements alternatifs (et malheureusement illégaux). Il a été fondé en 1998 par Bob Wold, qui souffre lui-même d'algie vasculaire de la face, en 1998. Depuis qu'il a lancé son site, Wold a déclaré que 95 % des malades ayant traité leur douleur à grand renfort de psychédéliques avaient abandonné les traitements classiques.

Avec plusieurs milliers de membres, Cluster Busters est une communauté en ligne très soudée qui aide les malades à atténuer leurs souffrances grâce aux psychédéliques. Ils cherchent ainsi à remplacer les médicaments prescrits par les médecins par différents hallucinogènes, tels que les champignons, le LSD, les graines rivea corymbosa, ou le 5-MeO-DALT.

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Il existe très peu de preuves médicales de leur efficacité – presque tout ce que nous savons des psychédéliques et de leurs effets sur les algies est anecdotique. Une étude fondée sur 53 entretiens a montré des résultats prometteurs. Mais étant donné que les psychédéliques ne sont pas considérés comme des médicaments « normaux » et qu'ils sont peu enclins à générer des profits pour les entreprises pharmaceutiques, il est difficile de mener une étude sérieuse sur le sujet – toujours selon le Dr Green. Et sans ces études, il va être difficile de prouver que les psychédéliques permettent de soulager ces symptômes.

« Je traite les maux de tête depuis plus de 40 ans, et j'entends souvent des gens me dire qu'ils ont eu recours à des traitements qui ne les soulageaient que sur le court terme », a-t-il poursuivi. « Je ne veux pas être pessimiste, et je sais que les champignons hallucinogènes ont marché sur plusieurs de mes patients, mais je ne peux en aucun cas me prononcer sur la question. » Comme il me l'a assuré, ce traitement est risqué, et ne peut pas encore être considéré comme efficace.

Mais Green tient aussi à préciser que « ces malades font face à un risque de suicide bien réel », et qu'il « comprend tout à fait que les personnes qui ne parviennent pas à trouver de traitement acceptable soit prêtes à tout pour se débarrasser de ces crises. »

Pour ma part, les champignons et le5-MeO-DALT se sont avérés efficaces. J'ai commencé à prendre des champignons il y a trois ans, et j'ai su immédiatement que j'avais enfin trouvé une solution à mon problème. J'avais l'impression qu'un champ de force enveloppait mon crâne. Ma vie était devenue infernale à cause de la maladie – une fois par an, je souffrais d'une à sept crises par jour, sur des périodes allant d'un à six mois. La découverte de mon remède s'est révélée aussi grisante que si j'avais été en mesure de prouver l'existence d'une vie extraterrestre.

Le dosage de champignons varie selon les personnes. Certains se contentent de mettre un petit morceau de champignon sous la langue en guise de méthode préventive. Quand je prenais une grande dose hebdomadaire, j'arrivais à ne plus souffrir lors des crises suivantes. Le dosage de 5-MeO-DALT est une autre paire de manches (mais c'est ce qui s'est avéré le plus efficace pour moi) ; quand je sens un nouveau cycle arriver, j'en prends 15 milligrammes tous les cinq jours, ce qui m'aide à garder l'esprit clair.

La difficulté, c'est que les drogues psychédéliques interfèrent avec les médicaments traditionnels – il faut donc choisir entre l'un ou l'autre. Sachant que les drogues psychédéliques s'avèrent inefficaces lorsqu'elles sont consommées trop régulièrement, il faut parfois s'attendre à devoir subir une crise de plein fouet entre deux prises. Mais croyez-moi, le jeu en vaut quand même la chandelle.

Si vous m'aviez demandé quelle était la chose la plus terrible que je pouvais imaginer, je vous aurai répondu « Avoir une crise en plein trip ». Parfois, les réponses se cachent là où on ne les attend pas. Mais cela fait désormais trois ans que je ne souffre plus – et c'est une bénédiction.

Giancarlo DiTripano est sur Twitter.