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Tout l'Internet va être archivé au Canada pour le protéger de Trump

Suite à l'élection de Donald Trump, The Internet Archive, une organisation à but non lucratif consacrée à l'archivage d'Internet, a décidé de prendre quelques précautions.
Image: Flickr/Gage Skidmore

Tandis que Donald commence à regarder le Bureau ovale d'un œil avide et à arroser les Américains de promesses et de menaces selon une cadence toujours plus élevée, le monde est aux abois. L'inquiétude croissante quant aux effets incertains de l'accession de Trump au pouvoir a même motivé une organisation à but non lucratif à archiver l'intégralité d'Internet au Canada afin de le protéger de la censure.

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Cette organisation, c'est The Internet Archive. Désormais connue de tous, elle archive le web depuis 20 ans déjà, ce qui correspond à des pétaoctets et des pétaoctets de données. Elle prétend archiver 300 millions de nouvelles pages web chaque semaine, ce qui n'est pas très étonnant au vu de la croissance actuelle d'Internet. Leur base de données permet à l'organisation de proposer des services tels que the Wayback Machine, un système qui permet de naviguer dans d'anciennes pages web comme un archéologue afin d'y retrouver des pépites oubliées.

The Internet Archive souhaite être considérée comme une sorte de bibliothèque publique, si l'on en croit une entrée de blog publiée mardi. « L'histoire des bibliothèques est fondée sur la perte et l'oubli » explique l'organisation, faisant référence aux catastrophes naturelles et aux changements de régimes politiques qui ont précipité la destruction et la fermeture de grandes bibliothèques au cours des siècles. L'ombre menaçante de l'administration Trump se dessinant à l'horizon, et avec elle une possible politique de censure, the Internet Archive a préféré ne prendre aucun risque quant à son futur. Elle a donc décidé de produire une copie de ses archives qui sera abritée en lien sûr, au Canada. Là-bas, l'information numérique sera bien à l'abri de toute loi visant à faire disparaître une partie du contenu d'Internet.

@realDonaldTrump & I working hard tonight. Thank you for the privilege of a lifetime, #PEOTUS. pic.twitter.com/tBcg8duiVj
— Kellyanne Conway (@KellyannePolls) November 29, 2016

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Cette opération coûtera des millions et des millions en employés et en espace serveur, précise le groupe, qui sollicite actuellement des dons du public. Il n'a pas encore répondu à nos questions à ce sujet.

« L'élection de Trump nous rappelle que des institutions comme la nôtre, qui ont été conçues pour durer, sont fragiles. Pour pouvoir résister aux changements brutaux, elles devront évoluer, » précise The Internet Archive, toujours sur son blog. « Pour nous, cela signifie qu'il faut s'assurer que nos serveurs sont à l'abri, qu'ils restent privés et accessibles en permanence. Nous devons nous préparer à ce que le web connaisse des restrictions légales toujours plus importantes. »

Durant sa campagne, Trump a fait savoir qu'il soutiendrait une position dure concernant la censure d'Internet, et a précisé que l'industrie tech devrait « verrouiller Internet » afin d'arrêter la propagation des idées extrémismistes.

« Y'aura forcément des gens pour dire 'La liberté d'expression, la liberté d'expression !' Ce sont des crétins, » avait-il alors déclaré.

Si Trump était vraiment sérieux quand il a tenu ces propos, the Internet Archive pourrait en subir les conséquences. Le Clarion Project, une organisation anti-extrémiste, a par exemple publié des numéros du magazine de propagande de Daesh, Dabiq, sur Internet. Ceux-ci ont ensuite été archivés par the Internet Archive, afin que tous puissent les consulter. Si jamais une loi américaine rendait un jour ce genre de documents inaccessible aux citoyens américains, ils subsisteraient sur the Internet Archive en tant que matériau historique.

Si les Canadiens s'attendaient à un exil en masse de citoyens américains en direction de leur pays remplis de toques, de rennes et de glaciers, ils n'avaient sans doute pas anticipé que le premier réfugié politique serait Internet en personne.