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L'ONU devrait dire à tout le monde de manger moins de viande

Cette semaine, l'ONU discute du réchauffement climatique et de la résistance aux antibiotiques, mais en vérité, c'est de bacon qu'il faudrait parler.

Vous étiez peut-être trop occupé à suivre l'implosion de la comète Brangelina, mais l'ONU a ouvert son Assemblée Générale la semaine dernière pour y discuter de problèmes planétaires tels que le réchauffement climatique et la résistance aux antibiotiques.

Mais la vérité, c'est que les Nations Unies devraient surtout parler de bacon.

Le lien entre nos systèmes alimentaires et les problèmes pressants évoqués à l'ONU est important. Qu'il s'agisse des émissions de gaz à effet de serre ou de la surconsommation d'antibiotiques, la façon dont nous élevons les bêtes dont nous consommons la viande joue un rôle majeur. La plupart des experts s'accordent à dire qu'il suffirait de quelques changements dans notre régime alimentaire, par exemple en réduisant notre consommation de viande, pour résoudre une partie de ces problèmes. D'ailleurs, une étude de 2009 avait calculé qu'un passage à un régime pauvre en viande à l'échelle planétaire pourrait réduire les coûts nécessaires à la diminution des émissions de gaz à effet de serre de l'ordre de 50%. Mais comment changer les choses à une telle échelle de façon à ce que les gens l'acceptent ?

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La Chine – où la consommation de viande a explosé au cours des dix dernières années – a dévoilé en début d'année un plan destiné à réduire de moitié la consommation de viande du pays. Il s'agit essentiellement de modifier les recommandations alimentaires émises par le gouvernement, et de lancer une campagne de communication (où figurent, allez savoir pourquoi, Arnold Schwarzenegger et James Cameron) pour encourager les gens à manger moins de viande. Il est beaucoup trop tôt pour dire si cette stratégie sera efficace, mais au moins la Chine est consciente qu'il est temps de changer ce qu'il y a dans nos assiettes.

"Il n'y a pas besoin d'attendre de révolutions technologiques."

Mais à l'ONU, même si les délégués ont reconnu le rôle de l'agriculture dans la montée de la résistance aux antibiotiques mercredi, personne n'a évoqué la solution la plus simple et la plus évidente : demander à tout le monde d'éviter les hamburgers de temps en temps.

« Évidemment qu'il faut favoriser les énergies vertes, développer de nouvelles technologies et inciter les gouvernements à s'engager », dit Sonia Farugi, auteure de Project Animal Farm, qui explore des solutions durables en matière d'agriculture.

« Mais au fond, c'est assez simple. Il n'y a pas besoin d'attendre des révolutions technologiques ou des innovations. Il faut juste que nous nous penchions sur ce qui est dans notre assiette, et qui ne devrait pas y être. »

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En ce qui concerne la résistance aux antibiotiques, le recours excessif aux agents antimicrobiens dans l'agriculture – utilisés autant pour engraisser les animaux que pour prévenir les maladies – est l'une des causes majeures du développement de bactéries résistantes. Aux Etats-Unis, entre 70 et 80% des antibiotiques vendus chaque année le sont à des agriculteurs.

Some examples of how antibiotic resistance emerges Image: Centers for Disease Control

Les effets sont encore plus visibles en matière de changement climatique. Certains chercheurs affirment que l'élevage intensif est la cause principale du réchauffement, mais même ceux qui ne vont pas aussi loin admettent que l'élevage du bétail contribue de façon importante aux émissions de gaz à effet de serre. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que le bétail produit 14,5% de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre imputables à l'activité humaine. L'élevage utilise également beaucoup plus d'eau que les cultures agricoles et contribue à la déforestation.

Alors que les régimes alimentaires de la planète tendent à s'occidentaliser, il n'est pas réaliste d'espérer que tout le monde renonce du jour au lendemain à la viande, aux œufs et aux produits laitiers (et ce n'est sans doute pas la meilleure option sur le plan de la sécurité alimentaire). Par contre, il est tout à fait possible de réduire notre consommation de viande.

Si tout le monde comprenait que réduire la consommation de viande nous permettrait de lutter efficacement contre le changement climatique et les superbactéries résistantes aux antibiotiques, l'opinion publique pourrait y adhérer. Des études ont montré que, au moins en ce qui concerne le changement climatique, les gens ont plus de chances de modifier leur comportement s'ils en comprennent les conséquences réelles.

Et nous l'avons déjà observé concrètement, puisque la consommation de viande rouge a légèrement chuté aux Etats-Unis à mesure que les gens ont commencé à s'intéresser à leur alimentation. Mais une enquête réalisée en début d'année a révélé que seuls 6% des Américains savaient qu'il existait un lien de causalité entre la consommation de viande et le réchauffement de la planète.

La vérité, c'est que manger moins de bacon ne va certainement pas tout régler, mais c'est une option relativement simple et viable que l'ONU semble pour l'heure ignorer. Peut-être qu'Arnold Schwarzenegger devrait aller faire un tour à l'assemblée générale.