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Cet outil permet de cartographier la diffusion des fausses informations

"L'information de bonne qualité n'a aucun avantage compétitif par rapport à l'information médiocre."

Les fausses informations, les nouvelles sensationnalistes et les mensonges flagrants déguisés en écrits journalistiques ont hélas été l'un des thèmes majeurs cette année. Récemment, Facebook a décidé d'intervenir pour stopper leur leur propagation - cela fait pourtant des années déjà que des universitaires et data journalists travaillent sur les liens entre viralité et désinformation, composent des guides pour aider les étudiants à adopter une démarche sceptique, ou programment des extensions de navigateur afin d'étiqueter les fausses informations.

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Un nouvel outil appelé Hoaxy s'apparente à cette démarche participative qui vise à épingler le bullshit quotidien de manière systématique. Il s'agit d'un site web créé par Filippo Menczer, professeur au sein de l'Observatoire des Réseaux sociaux de l'Université d'Indiana. Menczer a commencé à travailler sur ces sujets il y a sept ans, en étudiant notamment les techniques de détection automatique du spam.

"Je ne peux pas vraiment dire que je suis surpris de la prévalence des fausses informations dans les médias aujourd'hui", explique Menczer. "Par contre, je suis surpris par le fait que les articles de bonne qualité ne détonnent pas par rapport aux autres. Nos données récentes montrent qu'ils passent complètement inaperçus ; pour les obtenir, nous avons développé un modèle permettant d'examiner la compétition entre les mèmes sur les réseaux sociaux. Ce modèle prédit que, dans des conditions réalistes (surcharge d'information et capacité d'attention/concentration limitée), l'information de bonne qualité n'a aucun avantage compétitif par rapport à l'information médiocre."

"Avant de partager un article, on devrait le lire en entier, puis se demander : est-ce que cette info a une chance d'être vraie ?"

Hoaxy examine comment les fausses informations se répandent sur les réseaux sociaux. Lorsque vous tapez un terme de recherche, il vous montre des liens vers des articles ayant formulé de fausses allégations ce thème (à partir d'une liste prédéterminée de sites Web), ainsi que des articles ayant vérifié lesdites allégations. Il affiche enfin les occurrences de publication de ces deux types d'articles sur Twitter et Facebook, ainsi qu'un graphe de visualisation des partages Twitter.

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Menczer et son équipe définissent une fausse allégation comme un "faux article d'actualité, un canular, une rumeur, une théorie du complot, un article satirique, ou même un rapport plein d'erreurs", et le fact-checking comme un travail d'organisations indépendantes, dont snopes.com, politifact.com, et factcheck.org.

La recherche "Comet Ping Pong and child trafficking" sur Hoaxy produira un mélange d'articles de fact cheking et d'articles propageant de fausses informations, tandis que la recherche basée sur le simple hashtag #pizzagate produit des résultats différents : les fausses allégations sont bien plus nombreuses que les vérifications.

Image: Hoaxy

Image: Hoaxy

"Si nous voulons diminuer la prévalence des fausses informations dans notre société, nous devons d'abord comprendre leurs mécanismes de propagation", explique Mencser dans un communiqué de l'Université d'Indiana. "Des outils tels que Hoaxy s'avèrent alors indispensables". Pour le lecteur occasionnel qui cherche à améliorer son utilisation des médias, il est important de comprendre comment l'opinion peut être manipulée. "Pour éviter d'être à la fois victimes et auteurs de ce genre d'abus, il faut être conscient que l'information à laquelle nous sommes exposés constitue un échantillon biaisé, choisi pour correspondre à nos croyances", ajoute-t-il. "Il est possible de résister au phénomène de la chambre d'écho en résistant à l'envie de briser tout contact numérique avec les personnes qui n'ont pas les mêmes opinions que nous. Enfin, avant de partager un article, on devrait le lire en entier, puis se demander : est-ce que cette info a une chance d'être vraie ?"