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Rappel : l’élévation du niveau des mers atteindra trois mètres au minimum

Tandis que Trump s'apprête à accueillir des climatosceptiques au sein de son gouvernement, il est bon de se rafraichir un peu la mémoire.

C'est désormais une certitude : nous devons nous attendre à ce que le niveau des océans monte de trois mètres en moyenne sur l'ensemble de la planète. En effet, un gigantesque glacier de trois kilomètres d'épaisseur s'est effondré dans la région ouest de l'Antarctique – les glaciologues redoutaient cet événement depuis des décennies, mais depuis quelques années, nous savions qu'il était inévitable.

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Les scientifiques de la NASA nous avaient avertis, ainsi que les glaciologues et tous les chercheurs qui ont dédié leur carrière à étudier la fonte lente mais régulière des glaces sur notre planète. En 2014 ils ont répété une nouvelle fois leurs conclusions dans deux études, publiées respectivement dans Science et dans Geophysical Research Letters, et affirment qu'il faut d'ores et déjà anticiper la submersion des côtes dans un futur proche. Des études qu'en l'espace de deux ans, le monde semble avoir oubliées.

Bien avant l'effondrement du glacier Thwaites en Antarctique Ouest, une organisation nommée Climate Central avait créé une carte interactive montrant l'impact de l'élévation du niveau de la mer sur les États-Unis. Ironiquement, le scénario « + 3 mètres » était le plus catastrophiste. Aujourd'hui, nous savons que c'est, en réalité, la version la plus optimiste des modèles prédictifs.

99,5% de la population de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, sera submergée, ainsi que 30% des habitations situées en Floride, ce qui correspond à 5,6 millions de personnes. Fort Lauderdale sera presque entièrement recouvert par les vagues. 9% du territoire de New York « seulement » devra déménager, mais cela correspond à pas moins de 700 000 personnes, deux fois plus qu'en Nouvelle-Orléans.

Même si vous vivez dans une région du monde qui ne risque pas de voir la mer frapper à sa porte, il n'en est pas moins que vous serez, d'une manière ou d'une autre, touché par la crise mondiale qui résultera du phénomène. Construire des digues coûtera aux États des sommes gigantesques, et le chaos sera démultiplié à chaque fois qu'un désastre – un ouragan, par exemple – adviendra.

Il faudra sans doute attendre plusieurs décennies encore avant que les trois mètres fatidiques ne marquent définitivement le découpage des côtes et la répartition des populations. L'étude publiée dans Science affirme qu'il faudra attendre encore 200 ans avant que le glacier Thwaites n'ait totalement fondu, quoique certaines soient plus pessimistes encore. Cette fonte dépend avant tout du réchauffement des eaux, et non de celui de l'atmosphère. En Antarctique occidentale, ces grands ensembles glaciaires qui forment l'inlandsis sont lentement réchauffées par le bas, puis érodés par des vents féroces. En outre, l'élévation des océans pourrait largement dépasser les 3 mètres, puisque la calotte glaciaire du Groenland et les réserves de glace de l'Antarctique, s'ils venaient à fondre, provoqueraient une élévation de pas moins de… 60 mètres. Aka, l'apocalypse.

La proportion de la glace destinée à fondre dépendra en grande partie des mesures qui seront prises (ou qui ne seront jamais prises) pour réduire nos émissions de carbone à l'échelle planétaire. Si rien n'est fait, le deuil des villes côtières ne constituera que la première étape de notre perte. Il faut agir rapidement afin de limiter la pollution d'origine industrielle, et commencer à planifier les conséquences de marées s'enfonçant plus loin dans les terres.

« C'est en train de se passer. C'est vraiment en train de se passer, » déplore Thomas P. Wagner, à la tête du programme de la NASA sur les glaces polaires. « Et c'est déjà trop tard. »