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L'exoplanète la plus proche de la Terre est peut-être couverte d'océans

Les océans de Proxima b pourraient bien abriter des formes de vie.

Europe, l'une des lunes de Jupiter, est récemment devenue la candidate la plus probable à l'accueil de formes de vie extraterrestres au sein de notre système solaire. Mais une exoplanète d'une taille comparable à la Terre, situé en dehors de notre système solaire mais à seulement 4,2 années-lumière de notre planète, fait tourner la tête des scientifiques : ils pensent qu'elle pourrait être couverte d'océans d'eau liquide - une eau qui pourrait bien abriter la vie.

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Dans une étude publiée prochainement dans la revue The Astrophysical Journal Letters, une équipe internationale dirigée par des chercheurs du Laboratoire d'astrophysique de Marseille (CNRS / Université d'Aix-Marseille) a découvert que les dimensions et les propriétés de la surface de Proxima b "jouaient en faveur de son habitabilité."

Les chercheurs estiment que la planète pourrait être "une planète océanique, dont un océan recouvrirait la surface entière", avec une eau comparable à celle qui a été détectée sur les lunes de glace qui entourent Jupiter et Saturne, comme Europe et Encelade.

"La planète a de bonnes chances d'avoir de l'eau liquide à sa surface, et donc d'abriter des formes de vie", ont annoncé les chercheurs, cités par l'AFP.

"La planète a de bonnes chances d'avoir de l'eau liquide à sa surface, et donc d'abriter des formes de vie"

Proxima b a été découverte en août, en orbite autour de l'étoile Proxima Centauri, à 4,2 années-lumière de la Terre. La planète fait environ 1,3 fois la taille de la Terre, mais elle se situe à 7,5 millions de kilomètres de son soleil, soit un dixième de la distance entre Mercure et notre propre Soleil.

Pour cette raison, certains chercheurs pensaient que la planète serait trop chaude pour accueillir de l'eau liquide, et que sa distance vis-à-vis de Proxima Centauri signifierait que ses océans seraient victimes de "verrouillage gravitationnel" et tournés vers l'étoile - de manière à ce qu'ils soient tellement chauds qu'ils deviennent inhabitables, voire qu'ils bouillent. Mais les chercheurs du CNRS ont réfuté cette idée.

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"Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette proximité avec une étoile ne signifie pas nécessairement que la surface de Proxima b soit trop chaude pour que de l'eau puisse s'y trouver sous forme liquide", a déclaré l'équipe de chercheurs.

La masse de Proxima Centauri est presque dix fois inférieure à celle de notre Soleil, et sa lumière est beaucoup moins puissante. Du coup, la zone habitable se situe plus près de l'étoile, ce qui signifie que Proxima b pourrait se trouver pile là où l'eau liquide - et donc la vie - est susceptible d'exister.

"Proxima Centauri est une naine rouge, sa masse et son rayon correspondent seulement à un dixième de notre Soleil, et sa luminosité est mille fois inférieure à celle de notre étoile. Proxima b, étant donné sa distance, se trouve dans la zone habitable de son étoile. Il est probable que l'on trouve de l'eau liquide à sa surface, et donc qu'elle abrite des formes de vie", affirment les chercheurs.

Mais les astrophysiciens du CNRS n'ont pas encore été en mesure de déterminer la taille exacte de Proxima b, et leurs conclusions concernant ses potentiels océans sont basées sur des simulations de la composition et du rayon de la planète. En général, pour mesurer la taille des exoplanètes, les chercheurs mesurent la quantité de lumière qu'elles bloquent quand elles passent devant leur étoile, tel qu'on l'observe depuis la Terre. Pour l'heure, aucun transit n'a pu être observé, et selon les chercheurs il n'y a que 1,5% de chances que nous puissions en voir un pour Proxima b, en raison des positions relatives de la Terre et de Proxima Centauri.

Il existe toutefois un autre moyen d'estimer le rayon de la planète, en simulant le comportement de sa composition supposée. C'est la méthode qui a été utilisée par une équipe de chercheurs français et américains au Laboratoire d'astrophysique de Marseille et au Département d'astronomie de l'université de Cornell.

Les chercheurs ont calculé que le rayon de la planète se situait entre 0,94 et 1,4 fois celui de la Terre. Si la vérité se situait plutôt dans la fourchette basse de cette estimation, avec un rayon de 6000 kilomètres environ, l'équipe du CNRS affirme que la planète serait alors très dense et dotée d'un noyau métallique représentant deux tiers de sa masse totale. Ce noyau serait entouré d'un manteau rocheux, comme dans les planètes telluriques du système solaire.

Avec un rayon maximal de 8920 kilomètres, l'équipe estime que la masse de Proxima b serait répartie équitablement entre un coeur rocheux et un immense océan qui l'entourerait, d'une profondeur de 200 kilomètres.

"Dans les deux cas, la planète pourrait être entourée d'une atmosphère gazeuse, comme la Terre, ce qui rendrait Proxima b potentiellement habitable", concluent les chercheurs.