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Partout dans le monde, des mantes religieuses dévorent des oiseaux

Étape 1 : attraper l'oiseau. Étape 2 : manger son cerveau. Étape 3 : le décapiter.

Un insecte géant utilise ses mandibules pour trancher dans la chair fraîche. Scénario de science-fiction ? Starship Troopers, Men in Black, peut-être ? Raté : ça se passe dans votre jardin, peut-être en ce moment-même. Je parle bien sûr des mantes religieuses et de leur goût immodéré pour les petits oiseaux.

Rares sont les humains qui ont été témoins des festins aviaires de la mante religieuse. Reste que le phénomène est si curieux qu'il a attiré l'attention d'un groupe de zoologistes suisses et américains. Bien conscients du fait que l'insecte est un prédateur carnivore, voire même un chasseur vorace, les chercheurs ont étudié 147 cas de prédation mante-oiseau dans l'espoir de comprendre ce comportement.

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"La plupart des ornithologues et des amateurs éclairés d'oiseaux ont déjà eu vent de ces histoires", explique Kenn Kaufman, un chercheur de la National Audubon Society qui n'a pas participé à l'étude, dans un email à Motherboard. "Les ornithologues du dimanche, par contre, sont toujours choqués quand ils en entendent parler. Il y a quelques années, l'un des magazines de la discipline a publié une photo d'une mante en train de manger un oiseau-mouche. Vous imaginez bien que les lecteurs sont devenus dingues."

Les résultats du groupe de recherche, qui viennent d'être publiés dans le Wilson Journal of Ornithology, indiquent que les mantes se repaissent d'oiseaux dans le monde entier. Au moins 24 espèces aviaires issues de 14 familles ont fini entre les mandibules de l'insecte. La plupart des cas documentés proviennent d'Amérique du Nord, où les colibris font des proies idéales. D'après l'étude, les États où le comportement est le plus courant sont New York, la Caroline du Nord, le Texas, l'Arizona et la Californie.

La prédation mante-oiseau a été observée sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique ; douze espèces de mante la pratiquent, au moins. L'auteur principal de l'étude, Martin Nyffeler, professeur à l'université de Basel, a qualifié ces découvertes de "spectaculaires" dans un communiqué.

"Pour nombre d'entre nous, l'élément le plus surprenant de l'étude est le nombre d'oiseaux non-colibris qui sont les proies de la mante religieuse", a ajouté Kaufman. "Ceux-là sont de très petits oiseaux de la famille des Passeri. Certains pèsent tout de même une dizaine de grammes, ce qui peut sembler beaucoup pour un insecte."

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Bizarrement, toutes les mantes de l'étude étaient des femelles. Celles-ci ne sont pas nécessairement plus agressives que les mâles, mais elles sont connues pour s'adonner au cannibalisme sexuel en cas de grosse faim. À deux reprises, les chercheurs ont observé des mantes femelles manger un oiseau pendant l'accouplement.

Qu'implique ce comportement ? L'étude ne le dit pas. Ses auteurs observent néanmoins que la prédation mante-oiseau est surtout pratiquée par les plus gros insectes, en moyenne six centimètres de longueur. Coïncidence ou pas, certaines espèces de mante présentent un dimorphisme sexuel : les femelles sont plus imposantes que les mâles.

La plupart des oiseaux dévorés sont tombés dans une embuscade. La mante attendait cachée dans une mangeoire et frappait quasi-systématiquement la tête, le cou ou la gorge. Sa victime expirait généralement en quelques minutes, mais pas sans s'être débattue. Après le combat, le bourreau chitineux scalpait ou décapitait parfois sa proie. En temps normal, les mantes femelles réservent ce traitement au mâle avec lequel elles viennent de s'accoupler.

Ci-dessous, une description particulièrement gore des attaques de mante :

Le mode opératoire de la mante semble consister à s'approcher de l'oiseau, qui est systématiquement tête en bas, puis à pénétrer la boîte crânienne par l'oeil pour se nourrir des tissus cérébraux. Dans plusieurs cas, nous avons observé la mante se nourrir de la tête de l'oiseau. En au moins deux occasions, la mante a fini par couper la tête de l'oiseau.

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Voilà, vous savez tout. Devez-vous vous mettre à zigouiller toutes les mantes qui croisent votre chemin ? Évidemment pas.

Deux grosses espèces de mante ont été introduites en Amérique du Nord au cours des 200 dernières années dans le but de lutter contre les nuisibles : la mante européenne (Mantis religiosa) et la mante chinoise (Tenodera aridifolia sinensis). Aujourd'hui, l'étude théorise que les mantes pourraient finir par menacer les oiseaux-mouches. Bien qu'elles semblent effectivement s'offrir un ou deux piafs de temps à autre, elles sont un danger bien moins important que la disparition de leur habitat naturel, par exemple.

"Aussi étrange et brutal que puisse paraître ce comportement, je ne crois pas qu'il représente une menace pour la survie des colibris, parce qu'il n'est pas si fréquent en regard des populations globales", affirme Kaufman. "Je dirais que c'est un phénomène intéressant mais pas préoccupant."

Dès lors, si vous tombez nez-à-mandibules avec une mante occupée à dévorer un oiseau, n'intervenez pas. Couvrez vos petits yeux et souvenez vous de ce que nous avons toujours dit : la nature est violente.