FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Cette carte interactive montre les caméras qui vous surveillent dans les lieux publics

Le projet "Surveillance under Surveillance" vous permet de visualiser l'emplacement de millions de caméras à travers le monde - et de sombrer dans la paranoia.

La mise en place de systèmes de surveillance vidéo dans les lieux publics est généralement décrite comme une méthode de prévention et de répression criminelle qui a fait ses preuves. Pourtant, leur efficacité est largement remise en question, alors même qu'elles représentent un investissement financier conséquent pour les municipalités. De fait, la surveillance des rues, écoles, bibliothèques, transports en commun, infrastructures et autres lieux de passage menace la vie privée des citoyens - qui aimeraient bien pouvoir vaquer à leurs occupations sans être suivis en permanence par un oeil rouge pernicieux.

Publicité

L'objectif du projet de cartographie participative Surveillance under Surveillance est de communiquer sur ce problème en montrant la distribution des caméras de surveillance, partout dans le monde.

Le projet, qui consiste « à surveiller la surveillance elle-même », s'appuie sur les données de la carte OpenStreetMap, sur l'aide de nombreuses organisations internationales et sur la contribution de milliers de bénévoles, qui se sont dévoués à noter soigneusement l'emplacement de toutes les caméras de surveillance qu'ils ont repérées autour d'eux, en ville, en banlieue, et même à la campagne.

Grâce à ce travail, il est possible de visualiser l'emplacement de ces caméras directement dans OpenStreetMap. En tout, OpenStreetMap liste plus de 50 000 caméras dans le monde, dont un tiers a été enregistré par le projet Surveillance under Surveillance au mois d'août 2016, comme l'explique le créateur du projet, Max Kamba, sur netzpolitik.org. Le projet recense actuellement plus de 5900 caméras de surveillance en France, et il ne tient qu'à vous de faire grossir ce chiffre.

Jusqu'en 2016, Kamba s'est appuyé sur le projet français omscamera, lui aussi basé sur OpenStreetMap. Après que le site du projet ait été fermé, il a récupéré le code du projet sur Github et a lancé son propre site.

Parce que cette carte a été réalisée par des bénévoles dont la localisation n'est pas homogène sur le territoire, Kamba précise que la densité des caméras sur une zone donnée n'est pas nécessairement représentative de ce qu'elle est en réalité. Ainsi, dans certaines zones (les grandes villes notamment), toutes les caméras seront soigneusement répertoriées, ce qui ne sera pas nécessairement le cas ailleurs. Cela ne signifie pas pour autant qu'on y trouve un nombre de caméras de surveillance moins important, ni qu'il existe des "zones blanches" non surveillées.

Par exemple, OpenStreetMap répertorie seulement 14 000 caméras de surveillance en Allemagne, alors que 17 000 caméras étaient déjà utilisées fin 2012 en Bavière, selon Süddeutsche Zeitung. De même à Berlin, il existe au moins 14 000 de surveillance dans les lieux publics, selon un rapport WELT.

Si nous voulons que "Surveillance under surveillance" nous offre un jour une représentation adéquate de la surveillance des lieux publics, il faudra que des bénévoles contribuent en masse à cette carte participative. C'est l'occasion de chausser vos baskets et de chercher les caméras de surveillance près de chez vous. Pour participer au projet, il vous suffit de vous connecter sur OpenStreetMap et d'indiquer des points sur la carte. Les tags de caméras que vous ajouterez ne seront pas immédiatement visibles, mais vous pourrez les chercher en utilisant le mot-clé "surveillance". Vous trouverez un guide détaillé ici.

Il est encore très difficile de déterminer la signification et les conséquences politiques et sociales de la surveillance de masse sans se lancer dans des spéculations sauvages. Le responsable de la société de transport de Berlin (BVG), Sigrid Nikutta, déclare que l'utilisation des caméras de surveillance dans les transports allait être renforcée car elle permet de dissuader les délinquants. Pourtant, elle ne permet pas toujours pas d'identifier les suspects avec précision et donne lieu à de nombreuses méprises et fausses accusations. L'avenir nous dira s'il est encore possible de rester une ombre parmi les ombres dans nos villes, mais, avouons-le, nous ne sommes pas très optimistes à ce sujet.