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Les chirurgiens esthétique pourront bientôt imprimer votre nouveau nez

Grâce à la modélisation et à l'impression 3D, les chirurgiens esthétiques ont désormais la possibilité de vous livrer votre visage sur un plateau.
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Qu'il s'agisse de rhinoplastie ou d'augmentation mammaire, une consultation de chirurgie esthétique se passe toujours à peu près de la même façon : un patient s'adresse au praticien avec le désir de modifier une partie de son corps, prend avec lui des photos qui lui permettront d'appuyer ses propos, puis le chirurgien émet un avis et quelques propositions.

La pratique des chirurgiens esthétique a beaucoup évolué en quelques décennies. Les modifications morphologiques proposées, qui étaient autrefois illustrées sous forme de dessins, ont été remplacées par la modélisation 3D sur ordinateur. Aujourd'hui, on commence même à voir apparaître l'impression 3D, qui a un immense avantage : elle permet aux patients de toucher et manipuler un projet cosmétique, afin de se faire une idée plus précise de ce qu'ils veulent. Cela risque de prendre l'industrie plastique (à eux seuls, les Américains dépensent 13,5 milliards de dollars en opérations esthétiques) encore plus attractive.

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Le Dr. Anthony Youn, chirurgien esthétique à Détroit et auteur de The Age Fix, pense que les modèles anatomiques imprimés en 3D vont se généraliser afin de donner un accès direct à « l'avant/après » au patient.

Cette technologie améliorera de fait la communication entre le praticien et le patient. « Nous voulons éviter que le patient regrette sa décision après l'intervention, » explique Youn. « Tout ce qui peut contribuer à éclairer le patient sur sa décision et sur le rendu final de l'opération est bon à prendre, à mon avis. S'il peut directement examiner le résultat de la procédure, sa décision sera mieux fondée. »

Fragment de visage imprimé en 3D. Image: Courtesy of MirrorMe3D

Les chirurgiens plastique, qui gagnent en moyenne 320 000€ par an, estiment qu'avec l'impression 3D, les affaires pourraient aller encore mieux. En 2015, le Dr. Carrie Stern a lancé MirrorMe3D, une entreprise qui imprime des modèles 3D de visage et d'organes divers, afin de réduire l'incertitude du patient quant à l'issue de l'opération.

En utilisant une imprimante 3D, des données 3D et du gypse, MirrorMe3D peut produire un modèle 3D en une semaine seulement. Quant à l'entreprise irlandaise McCor Technologies, fondée par les frères Conor MacCormack et Fintan MacCormack, elle met une imprimante 3D à disposition directement dans le cabinet du chirurgien.

« Il est essentiel que le patient comprenne l'entièreté de l'opération et son résultat final, » explique le Dr. David H. Song, chirurgien esthétique et président de la Société américaine des chirurgiens esthétique.

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« Dans de bonnes conditions, et en disposant du matériel approprié, la relation médecin-patient se trouve renforcée, et la discussion est plus détaillée, plus riche. »

Le Dr. Neil Tanna, chirurgien à New York, utilise régulièrement MirrorMe3D, et explique que ses bénéfices sont doubles : « En gros, il s'agit de convertir une photographie 3D en modèle 3D, qui sera au centre de l'entretien avec le patient, » explique Tanna. « Au lieu de se contenter de photos, le praticien peut pointer différents aspects morphologiques du modèle manière réaliste, dans l'espace. En plus de cela, le modèle 3D pourra être utilisé dans la salle d'opération, et servira de référence au chirurgien. »

En Turquie, le Dr. Yakup Avşar, fondateur de AVSAR, une clinique de chirurgie esthétique basée à Istanbul, utilise l'imprimante 3D McCor afin de montrer à ses patients l'effet avant/après. En utilisant un logiciel de modélisation, il génère des images 3D numériques qui permettront d'imprimer un modèle en dimensions réelles. Avşar, qui produit environ 20 modèles 3D par mois, affirme que « c'est ce que veulent les patients. »

Modèles de visage. Image: Courtesy of MirrorMe3D

Cette technologie trouve néanmoins ses limites : les attentes des patients. Fournir une image plus réaliste du produit de l'opération est une chose, explique Song, mais cette initiative a un effet pervers. En outre, elle renforce les attentes des patients, même lorsque les chirurgiens prennent soin de préciser que le résultat final ne ressemblera jamais exactement au modèle 3D. « La chirurgie n'est pas une science exacte, et les interventions doivent toujours composer avec certains aléas. »

Autre problème : le coût de la modélisation. Des modèles comme ceux de MirrorMe3D, par exemple, coûtent de 100 à 400 dollars. Le dernier modèle d'imprimante de McCor Technologies, ARKe, atteint les 17 995 dollars, et il s'agit d'un prix plutôt faible pour une machine de ce calibre. Selon Conor MacCormack, l'impression 3D est de plus en plus rentable (le prédécesseur d'ARKe coûtait 50 000$), et est parfaitement adaptée à la pratique d'un chirurgien esthétique.

Avşar affirme que ses patients sont en admiration devant ces nouvelles innovations, et que cela contribue à leur satisfaction générale quant au déroulement de la procédure. Youn est persuadé que l'impression 3D fera bientôt partie intégrante de la pratique de tous les chirurgiens plastique.