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L'Antarctique a perdu 3 000 milliards de tonnes de glace depuis 1992

Et ça s'accélère : selon beaucoup de scientifiques, la montée des eaux sera bientôt une menace pour les grandes villes côtières.
Image : Centre aérospatial Goddard de la NASA sur Flickr

Que vous ayez vu Hérédité ou non, voici ce que vous lirez de plus flippant cette semaine : après examen d’une trentaine d’estimations satellitaires de la fonte des glaces en Antarctique, une équipe de 70 scientifiques a annoncé que la calotte glaciaire Sud avait perdu trois billions de tonnes entre 1992 et 2017. Il y a pire : la fonte ne fait que s’accélérer.

L'étude, publiée mercredi dernier dans Nature, a été réalisée par les experts de l'Ice Sheet Mass Balance Inter-Comparison Exercise (IMBIE). S’il se trouve assez de glace en Antarctique pour faire monter le niveau de la mer de 58 mètres, ils ont déjà constaté une hausse de huit millimètres depuis 1992. La fonte des glaces de l’Antarctique et du Groenland serait responsable de 20% de la montée des eaux. L'IMBIE estime que l’Antarctique occidental est victime de la plus importante accélération de la fonte des glaces comparé à la péninsule et la partie orientale.

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Richard Peltier, de l’université de Toronto, n'a pas mâché ses mots quand nous lui avons demandé d'expliquer ces phénomènes et leurs implications pour les populations des villes côtières du monde entier : « Une quantité significative de glace risque de fondre au pôle Sud, surtout en Antarctique occidental, ce qui augmenterait le niveau de la mer d’environ 5 mètres. On peut donc s’attendre à de fortes inondations sur les littoraux des cinq continents, où réside une part non-négligeable de la population mondiale. La fonte de la calotte glaciaire Antarctique occidentale est un danger majeur pour nous tous. »

Un peu partout dans le monde, on commence déjà à ressentir ce danger. Il y a quatre ans, le ministre des Affaires Étrangères des Îles Marshall nous a confié que la montée des eaux détruisait des maisons et emportaient des cercueils et leurs dépouilles. En 2017, des travailleuses du sexe bangladaises nous ont parlé de la menace d’inondation qui guette leurs quartiers. Dans les villes du littoral nord-américain, on commence à réfléchir à la manière de faire face à ce type de phénomènes.

« Il existe un graphique qui permet de suivre le changement de masse du continent antarctique, et devinez quoi ? Il penche de façon très nette. La courbe s’accentue à mesure qu’on se rapproche du moment où je vous parle. En d’autres termes, la fonte des glaces ne cesse d’accélérer, et le danger de croître » développe Peltier.

Tout n’est pas perdu pour autant. Selon l’IMBIE, la masse glaciaire de l’Antarctique oriental augmente. Cependant, cette augmentation ne peut aucunement suffire à combler les pertes de la partie occidentale. De plus, les mesures des satellites montrent que la masse glaciaire de l'Est de l'Antarctique souffrent de la plus grande variabilité de la région étudiée par les scientifiques. Des données plus nombreuses et plus précises manquent pour dresser une estimation solide de l’évolution glaciaire dans cette zone.

Peltier confirme : « Le réchauffement climatique, ce n’est pas qu’un changement atmosphérique. Des changements critiques se produisent dans la mer aussi, et nous autres scientifiques le voyons un peu plus chaque jour. »