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Hé, vous savez quoi ? Bombarder la Grande barrière de corail n’est pas la pire chose que la Navy ait faite à un récif corallien cette année

Demandez aux Philippines ce qui s'est passé en janvier.

Dans la guerre qu’elle mène contre Mère nature, l'US Navy est au moins en train de négocier un traité – elle réfléchit depuis peu à l’opportunité de se passer des énergies fossiles au profit des biocarburants. Mais toutes ces démarches pétries de bonne volonté paraissent bien dérisoires quand vous lâchez des bombes sur la Grande barrière de corail, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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Au cours d'un exercice d'entraînement biennal appelé Talisman Saber et mené conjointement avec l'armée australienne, deux chasseurs Harrier américains étaient censés larguer des bombes inertes sur une île à proximité de la Grande barrière de corail. Mais l’entraînement a mal tourné. William Marks, le Commandant de la 7ème flotte américaine, a déclaré à la radio ABC que la mission avait dû être annulée et les avions rappelés en raison de bateaux civils situés dans le périmètre de la mission.

Alors que les chasseurs faisaient demi-tour, ils ont manqué d’être à court de carburant. Ne pouvant atterrir en toute sécurité avec leur chargement, ils ont dû procéder à un largage d’urgence. Afin d'éviter les autres navires, l'artillerie a décidé de se délester dans un parc marin protégé de 50 mètres de profondeur, près de la Grande barrière de corail. Les porte-parole de la Navy ont déclaré que larguer les deux bombes factices ainsi que les deux obus inertes où ils l’avaient fait était la meilleure option possible.

Les écologistes australiens sont passablement énervés, mais la Navy et le gouvernement australien affirment que l’impact environnemental sera « minime ».

Le porte-parole du parc marin de la Grande barrière de corail a déclaré : « Vu l’endroit où le matériel a été abandonné, à 50 mètres de profondeur, à environ 30 kilomètres du récif le plus proche et à 45 kilomètres de la côte, l'impact immédiat sur le milieu marin et l'environnement peut être considéré comme négligeable. »

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Même si la Navy s’intéresse de près aux biocarburants et à l’énergie nucléaire, elle a encore du mal avec les récifs de coraux. En janvier, un navire de dragage s'était échoué sur le récif de Tubbataha, aux Philippines. Le navire avait endommagé des milliers de mètres carrés du site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et les Philippines avaient réclamé 1,4 million de dollars de dédommagement.

L’USS Guardian se faisant extraire du récif en mars 2013, via l’US Navy.

En toute justice, la Navy n'est pas la seule à être dure envers les récifs de coraux. L'écosystème dynamique mais fragile de la Grande barrière de corail est ravagé par le ruissellement provenant des fermes australiennes depuis près d'un siècle, et doit depuis peu faire face à la pression de l'exploitation minière. Du côté de la Navy, l’océan australien n’est pas son seul lieu de prédilection pour le largage d’obus. Bordel, elle a largué une bombe atomique en Caroline du Sud ; c’est presque leur manière de dire bonjour. Mais le bombardement de la Grande barrière de corail a agi comme un coup de poing à l’estomac, dans le genre « on fait n’importe quoi avec nos engins de mort » . Comme Larissa Waters, une sénatrice australienne, l’a déclaré au Guardian : « J’ai d'abord pensé que c'était une blague. »

Comme c’était le minimum qu’elle pouvait faire, la Navy a proposé d'aider à récupérer des bombes au large de la Grande barrière de corail. « Si les services des parcs et des agences gouvernementales de l'Australie souhaitent procéder à leur récupération, nous nous mettrons en contact avec eux afin d’agir », a déclaré le porte-parole de la septième flotte à la BBC.

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Si vous vous dites que c’est un peu tard, vous n’êtes pas les seuls. « Comment peuvent-ils protéger l'environnement et bombarder le récif en même temps ? » s’est interrogé Graeme Dunstan, un écologiste australien et activiste pacifiste. « Soyez réalistes. »

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