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Trois femmes sont enchaînées à une station de pompage de l'oléoduc Trans-Nord à Oka

Le pipeline est responsable de sept des 13 incidents liés à l'exploitation des pipelines au Québec depuis 2008.
Toutes les photos : Marie-Josée Béliveau

Depuis 5 h 30, vendredi matin, trois activistes sont enchaînées à une station de pompage de l'oléoduc Trans-Nord à Oka, au nord de Montréal, et demandent sa fermeture complète. La compagnie a interrompu le flux du pipeline jusqu'à nouvel ordre.

Jeanne Beauchamp, Élise Vaillancourt, Jessica Lambert-Massicotte se sont attachées aux tuyaux d'une valve à l'aide de cadenas à vélo. « On va rester jusqu'à ce qu'ils me délogent, dit Jeanne Beauchamp. Ce pipeline met en péril l'approvisionnement en eau de près de trois millions de personnes. » Les trois activistes n'ont toutefois pas l'intention de fermer la valve, comme ça s'est fait dans le passé sur la ligne 9B d'Enbridge.

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Par courriel, Trans-Nord nous indique que la compagnie a procédé à un arrêt temporaire de son oléoduc et a isolé la section près d'Oka vers 7 h 30, après avoir été informée de la présence de manifestants enchaînés à la structure de la station de pompage.

L'infrastructure de Trans-Nord, construite en 1952, a fait l'objet de quatre avertissements de la part de l'Office national de l'énergie depuis 2009. Depuis 2008, elle est responsable de sept des 13 déversements liés à l'exploitation des pipelines au Québec. Malgré sa désuétude, l'ONÉ a renouvelé en septembre son permis d'exploitation en ordonnant de réduire la pression d'exploitation de la conduite.

En septembre dernier, deux membres dissidents de l'organisme fédéral ont demandé la fermeture temporaire de l'oléoduc. Ils soulignaient que la pression dans le pipeline dépasse souvent la limite permise. Et ils ne croyaient pas que la compagnie allait prendre des moyens pour la réduire.

« Jusqu'à ce que ces mesures soient mises en place, nous croyons qu'il aurait été préférable de fermer complètement le pipeline », écrivaient Mike Richmond et James Ballem, membres de l'ONÉ.

Pour leur part, les manifestantes affirment que ce genre d'action risque d'arriver de plus en plus souvent au courant des prochains mois. « C'est le résultat d'une escalade des moyens de pression, dit Jeanne Beauchamp. Des citoyens de la région se mobilisent depuis longtemps, sans résultat. Je souhaite que ça arrive plus souvent. On ne voit pas d'autres solutions pour bloquer le pétrole des sables bitumineux, qu'ils veulent sortir de l'Alberta par tous les moyens possible. »

Le groupe de militantes souligne qu'elles se sont concertées pour que l'action, en solidarité avec les Premières Nations de Standing Rock, soit menée par un groupe de femmes. « Dans de nombreuses cultures, ce sont les femmes qui sont les protectrices de l'eau. Ça nous donne du pouvoir. On est capables d'organiser une action de A à Z. »

Le pipeline Trans-Nord relie Nanticoke, en Ontario aux raffineries de Montréal-Est ainsi qu'à l'aéroport Pierre-Elliot-Trudeau. Il traverse de nombreux cours d'eau, dont la rivière des Outaouais, et transporte environ 172 900 barils de carburant raffiné par jour.

L'Office national de l'énergie n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de VICE.

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