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Santé

Les centres d’injection supervisée devraient voir le jour avant l’été 2017

Enfin.
Photo : Cristian C/Flickr

Promis pour l'automne 2015 par Denis Coderre, mais attendus depuis des années par les groupes communautaires, les centres d'injection supervisée de Montréal pourraient enfin entrer en service avant l'été.

C'est légèrement plus tard que ce qui était rapporté en septembre dernier : Radio-Canada indiquait alors que les centres « pourraient amorcer leurs activités à la fin de l'hiver prochain ou au début du printemps ».

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« En ce moment, on est à une étape où on peut affirmer que les centres devraient être ouverts avant l'été 2017. On est dans la dernière droite », assure Sandhia Vadlamudy, directrice générale du Cactus, un des organismes qui hébergera un des trois centres. Les deux autres centres seront gérés par Dopamine et Spectre de rue. Une unité mobile pilotée par L'Anonyme sillonnera également les rues de la métropole.

Le CIUSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, en charge du projet, ne précise pour sa part aucune date d'entrée en fonction, se contentant de répéter que l'ouverture des SIS se fera cette année.

Les démarches vont bon train

« Nous entreprenons actuellement la construction des salles d'injection et sommes à finaliser l'embauche du personnel pour l'ensemble des sites. Certaines ententes de services doivent également être finalisées », a indiqué le porte-parole du CIUSS, Justin Meloche, par courriel.

Il reste à former adéquatement les intervenants des SIS et à vérifier leurs antécédents judiciaires. Le CIUSS n'a pas précisé combien d'infirmières avaient été embauchées. La directrice générale du Cactus estime qu'il s'agit d'une « équipe importante », puisque les centres vont opérer 365 jours par année.

Lorsque tout sera en ordre, Santé Canada sera en mesure d'inspecter les lieux et d'approuver la demande d'exemption qui permettra aux centres de superviser l'injection de drogues sans contrevenir à la loi. « Les SIS pourront alors officiellement ouvrir leurs portes », confirme le CIUSS.

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Un processus qui s'éternise

Pourquoi le maire de Montréal n'a-t-il pas réalisé sa promesse de mettre en place les centres d'injection supervisée en 2015, qu'il obtienne ou non l'accord du fédéral?

La Ville n'ayant pas donné suite à notre demande d'entrevue avec Denis Coderre, nous sommes relégués au sinueux monde de la supposition.

« Il semble s'être rendu compte qu'il aurait l'aval du fédéral [à la suite de l'élection des libéraux]. Peut-être qu'il a préféré de ne pas jouer de manière imprudente, et qu'il a décidé d'attendre », suppose Jean-Sébastien Fallu, expert en toxicomanie et professeur au département de psychoéducation de l'Université de Montréal.

Il explique que sous le gouvernement Harper, la mise sur pied de sites d'injection était incertaine. « C'était clairement annoncé que le gouvernement fédéral était contre, et qu'il ferait tout pour mettre des bâtons dans les roues », déplore-t-il.

Le professeur cite en exemple la loi C-2, adoptée en 2015 par le gouvernement Harper, qui a établi 26 critères d'approbation pour la demande d'exemption. Les partis de l'opposition et des organismes de santé publique craignaient qu'il soit impossible d'ouvrir de nouveaux centres sous cette réglementation sévère.

L'arrivée des libéraux au pouvoir change la donne, puisque la ministre de la Santé Jane Philpott démontre une grande ouverture aux SIS. La loi C-2 est cependant toujours en vigueur, et « c'est la demande d'exemption qui prend du temps », remarque Sandhia Vadlamudy.

La directrice du Cactus précise que l'attente de la confirmation des budgets du ministère québécois de la Santé a également retardé le processus. « C'est évident que le soutien et la pression qu'a maintenue le maire dans ce dossier-là nous a été bénéfique », observe-t-elle.  En septembre, le gouvernement du Québec a finalement annoncé des investissements de près de 12 millions de dollars sur trois ans.

Lorsque Santé Canada aura complété sa visite d'inspection (et que, s'il y a lieu, les derniers ajustements auront été apportés), la procédure devrait se compléter « très rapidement », croit Vadlamudy.

Elle prévoit alors des délais de « quelques semaines, tout au plus. »