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Un patient sort de l'état végétatif grâce à un neuro-implant

Jusqu'ici, ce "pacemaker pour cerveau" était utilisé pour traiter l'épilepsie et la dépression.
Un implant SNV. Image : BSIP/UIG Via Getty Images

Cet article a initialement été publié sur Tonic.

Quinze ans après un accident de voiture qui l'a plongé dans un état végétatif, un homme de 35 ans a montré des signes de conscience suite à l'implantation d'un stimulateur nerveux dans son torse.

Cette expérience, révélée vendredi 29 septembre dans Current Biology, suggère que la stimulation neuro-vagale (SNV), une technique déjà utilisée pour traiter l'épilepsie et la dépression, pourrait également aider à restaurer un état de conscience minimal même quand le patient est en état végétatif depuis des années.

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Souvent décrit comme un genre de "pacemaker pour cerveau", le stimulateur SNV est un appareil doté d'une batterie implantée sous la peau du buste et d'un fil qui la connecte au nerf vagal, dans le cou. Le nerf vagal connecte le cerveau à bon nombre de parties du corps et participe à plusieurs fonctions essentielles, comme la veille et la vigilance. L'implant SNV stimule électriquement le nerf à des intervalles programmés, un peu comme un pacemaker aide à maintenir un rythme cardiaque régulier.

Les signaux électriques de l'implant SNV peuvent être ajustés pour traiter différentes afflictions : les épileptiques qui perçoivent des "auras" avant une crise peuvent même placer un aimant sur l'appareil pour déclencher une décharge plus forte.

Les chercheurs se demandent si un tel traitement pourrait aider les patients végétatifs à reprendre conscience. En général, on dit qu'un tel état est irréversible s'il dure plus d'un an. En sélectionnant un patient dans un tel état depuis plus de dix ans, les auteurs du papier ont éliminé la possibilité qu'une amélioration ne soit qu'une coïncidence et non le résultat d'une stimulation.

Au bout d'un mois de décharges électriques, les chercheurs ont constaté des améliorations significatives de l'attention et des mouvements du patient. Il pouvait désormais répondre à des commandes jusqu'alors impossibles pour lui, comme suivre un objet des yeux ou tourner sa tête lorsqu'on le lui demande (précisons que cela lui a pris une minute).

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La mère du patient a déclaré qu'il restait mieux éveillé qu'avant lorsque son thérapeute lisait pour lui. Il montrait également des signes de réponse à des stimuli "menaçants" : lorsqu'un médecin s'approchait brusquement de son visage, ses yeux s'écarquillaient de surprise. Il a pleuré quand ses aide-soignants ont passé son morceau préféré.

Tous ces signes indiquent un état de conscience minimal, une nette amélioration après des années d'état végétatif. Des scanners cérébraux ont montré une plus grande activité dans les zones du cerveau associées aux mouvements, aux sensations et à la vigilance. Le cerveau du patient montrait également une meilleure connectivité fonctionnelle (les zones de son cerveau coopéraient mieux) et une activité métabolique accrue dans les aires corticale et sous-corticale.

Après neuf mois de SNV constante, le niveau de conscience du patient a atteint un plateau. En dépit du fait qu'il ne parvienne pas à parler ou marcher, les chercheurs affirment que ses progrès suggèrent que les patient végétatifs depuis de longues années sont susceptibles d'être réceptifs au bon type d'intervention médicale. En bref, le cerveau est peut-être plus résistant que ce que nous pensions. "La plasticité cérébrale et la régénération du cerveau sont toujours possibles même quand tout espoir semble perdu, a déclaré Angela Sirigu, neuroscientifique à l'Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod de Lyon et co-auteure de l'étude, dans un communiqué.

La prochaine étape consiste à confirmer ces résultats auprès d'autres patients plongés dans des états végétatifs ou de conscience minimale. Si ces expériences sont positives, elles ne feront pas qu'étendre les possibilités offertes par la SNV : comme l'indique Sirigu, elles pourraient également nous aider à mieux comprendre "la fascinante capacité de notre esprit à produire une expérience de conscience."

Ces recherches soulèvent néanmoins des questions éthiques : les patients végétatifs veulent-ils être conscients de leur situation ? Les docteurs doivent-ils interrompre les soins après un an s'il existe une possibilité de retour à la conscience ?

Addendum : Le 27 septembre dernier, le professeur Guénot, un membre de l'équipe qui a mené l'expérience, a déclaré dans Le Parisien que le patient opéré était mort "d'une complication pulmonaire" qui n'a "strictement aucun lien avec la stimulation électrique".