Une fois n'est pas coutume, les candidats à l'élection présidentielle ont – à nouveau – rivalisé d'audace pour garantir le redémarrage de la consommation. Oui, les achats des ménages sont au cœur de la relance des entreprises donc de l'économie française. Maillon essentiel de ce présupposé cercle vertueux de la croissance, les technologies nouvelles à forte valeur élevée – en gros les inventions – tiennent une place majeure.
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Les Français ne s'y sont d'ailleurs pas trompés puisqu'en élisant Emmanuel Macron, ils ont raisonnablement choisi le camp de l'innovation. Heureusement, voici venir Disnovation.
Décoloniser les imaginaires technologiques
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Bibliothèque interdite et musée du fail
Cette année, le groupe présentait à la Haute École d'art et de design Genève son musée du fail : « Alors que l'innovation est au cœur de notre croyance contemporaine, il nous semblait essentiel de mettre en place un panorama des technologies alternatives à ce type de récits, souvent fantasmés », confient les membres de Disnovation. « Au lieu de célébrer une série d'exploits techniques ou scientifiques souvent instrumentalisés, nous préférons mettre en lumière une collection d'échecs, d'accidents, de dysfonctionnements et de purs fails, qui eux aussi reflètent les actuels contours de notre société de l'innovation. »
« Le système capitaliste nous rend aveugle à toute alternative technologique »
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Ce téléphone portable, issu du projet Shanzhai Archeology, n'est pas un vrai Motorola. Par contre, si vous activez le mode Self Defense, il deviendra un vrai taser. Le bon goût matérialisé au creux de votre main, qui donne bien du fil à retordre aux douanes françaises.Une véritable démonstration créative, haute en couleur, qui révèle en creux nos pratiques technologiques conservatrices, voire carrément pudibondes : « Le système capitaliste en place nous emmène vers une normalisation qui nous rend aveugle à tout autre réel technologique, par exemple celui de la zone d'échange entre la production chinoise à destination du marché ouest-africain. Où ces téléphones sont d'ailleurs très utiles. »
Le Power Bank Phone, lui aussi présenté dans la collection, combine un chargeur USB 10000mAh, une lampe LED et trois slots de cart sim. Vendu moins de 40 dollars, ce téléphone est très prisé par le marché ouest-africain, notamment au Ghana où les pannes généralisées de courant peuvent dépasser les 24 heures. Un must-have familial.« Initialement, les téléphones étaient stockés en Chine. Lorsque nous avons dû faire venir la collection en France, à la demande de la Biennale Internationale de Design de Saint-Étienne il a fallu trouver milles ruses pour que les téléphones passent la frontière. Parce qu'évidemment, on ne peut pas faire passer ce genre de matériel pour des œuvres d'art. On a passé milles heures dans milles bureaux douaniers, pour finalement opter pour la solution illégale. Les téléphones sont passés en pièces détachées dans nos valises, celles de potes, via DHL. Au final, on a pu retrouver 80% de notre stock initial en France. Finalement, ce blocus illustre parfaitement la volonté généralisée en Europe d'élever toujours plus haut les murs de sa forteresse technologique. Une forteresse isolée dans des standards protectionnistes, dont certains sont clairement d'un autre temps. »
Initialement promu comme le plus petit téléphone au monde, le « Prisoner Phone » (en haut à droite) s'est vite taillé une place de choix au sein du milieu carcéral : composé à 99 % de plastique — donc quasi indétectable —, il peut facilement être transporté par un pigeon ou un drone.Le Predictive Art Bot est sur Twitter.