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À la rencontre du garagiste amateur qui monte ses propres Tesla

Rich Rebuilds est un genre de docteur Frankenstein des Tesla : il désosse des carcasses pour créer des véhicules en parfait état de marche.

Dans une décharge du Massachusetts, Rich Rebuilds branche une batterie à décharge profonde sur une épave de Tesla Model S. Alors qu’il s’apprête à connecter le deuxième câble, le Youtuber prévient : « On va peut-être entendre des cliquetis, des bourdonnements. La voiture pourrait exploser, je sais pas. »

Rich Benoit fonctionne comme ça. Ce « Docteur Frankenstein des Tesla » autoproclamé apprend sur le tas, face caméra : sa chaîne YouTube retrace toute son épopée de garagiste amateur, de ses premiers pas avec la connectique aux grandes réparations dont il est désormais capable. Noyée, brûlée ou accidentée, aucune carcasse n’est trop abimée pour lui.

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Dans un nouveau documentaire Motherboard, Benoit nous fait découvrir les lieux de sa passion : la décharge dans laquelle il se fournit en pièces détachées, le sous-sol dans lequel il trie son butin et le garage qui le laisse utiliser son équipement. Il nous emmène aussi sous le capot des Tesla, dans un assemblage complexe de moteurs, de batteries et de composants électroniques.

Image : Xavier Aaronson

Benoit s’est lancé dans le bricolage de Tesla peu après s’être mis à rêver d’en conduire une.

« Je cherchais une Tesla, et les prix me semblaient excessifs » explique-t-il. « Elles commencent à 80 000 dollars, ce qui est dingue. J’en ai trouvé une moins chère sur Internet mais elle avait été prise dans une inondation. Je me suis dit que ça ne pouvait pas être bien dur à réparer, qu’il suffisait de la mettre dans un bol de riz. »

Au final, la voiture était en si mauvais état que Benoit a acheté une deuxième Tesla pour se fournir en pièces détachées et créer un genre d’hybride. Il a documenté tout le processus dans une vidéo.

Benoit croit profondément au droit à la réparation, une philosophie selon laquelle les constructeurs ne devraient pas avoir le droit d’empêcher les consommateurs de réparer leurs propres appareils. Le Massachusetts est le seul État américain a disposer d’une loi de protection du droit à la réparation pour les automobiles ; votée en 2012, elle oblige les concessionnaires à vendre des pièces détachées aux garagistes indépendants. Malheureusement, Tesla se garde bien d’ouvrir des centres de réparation. La plupart des pièces de Benoit proviennent donc d’épaves.

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Au quotidien, Benoit travaille dans l’informatique à Boston. Sa relation à Tesla est ambivalente. Il aime les voitures électriques de l’entreprise, qu’il considère comme élégamment conçues et dignes du futur du transport. Cependant, il n’accepte pas le contrôle qu’exerce l’entreprise sur les réparations. En 2016, par exemple, elle a refusé d’autoriser l’un de ses anciens employés à ouvrir un garage pour Tesla au Danemark. (L’établissement a été approuvé depuis.)

« En vous baladant, vous croiserez beaucoup de garages qui ne réparent que les Saab ou les Volvo » rappelle Rich. « Les endroits comme ça sont importants : des petites boutiques de famille qui connaissent bien les voitures de cette marque, qui les réparent pour un prix décent et qui empêchent les constructeurs d’avoir le monopole sur les réparations. »

Image : Xavier Aaronson

Après sa première « restauration » de Tesla, Rich est devenu une célébrité dans la communauté des réparateurs de Tesla. Aujourd'hui, lorsqu’il ne travaille pas sur sa deuxième voiture-créature, il administre un groupe commercial pour pièces détachées sur Facebook et aide de nombreux amateurs tout autour du monde. Des allemands, des norvégiens et des sud-africains sont venus lui demander conseil.

Rich rêve d’ouvrir son propre garage Tesla mais il craint une riposte judiciaire.

« J’aimerais vraiment, mais je sais comment les choses ont finies pour les gens qui ont essayé ça avant moi », regrette-t-il. « Ils ont fermé en quelques mois. Et Tesla ne leur donne pas les outils dont ils ont besoin. »

Image : Xavier Aaronson

Un porte-parole de Tesla a refusé de commenter le documentaire de Motherboard. Cependant, il a rappelé que l’entreprise était prête — moyennant paiement — à inspecter des véhicules réhabilités à la recherche d’éventuels problèmes. Il a également ajouté que la réparation de véhicules par des garagistes non-qualifiés pouvait être dangereuse pour le garagiste comme pour les autres conducteurs, mais que les consommateurs étaient libres de faire ce que bon leur semble avec leur véhicule, même le réparer.

Dans la décharge, Rich branche la batterie sur la Tesla délabrée. Il crie de joie quand un grincement électronique sort de la tôle : les poignées motorisées viennent de jaillir des portières. La voiture n’est pas complètement morte.

« Sérieux ? » s’émerveille-t-il. « Les poignées de porte sont ressorties. Oh, la vache. Oh, mon Dieu ! »