Elliot Ross : Moria est un camp de transit pour les demandeurs d'asile. Il est situé sur une colline escarpée de l'île grecque de Lesbos. Il comprend un complexe de bâtiments – qui comprend l'administration et les centres médicaux – entouré de clôtures et de barbelés. Récemment, les États-Unis ont découvert que l'un des assaillants de Paris s'y était enregistré. L'endroit est depuis qualifié de hot spot et est fermé aux journalistes. Lors de mon séjour sur Lesbos, j'ai réussi à me faufiler vers le camp. La simple vision de ces vêtements qui séchaient m'a frappé : ce rappel poignant de la vie banale dénotait dans ce paysage.En photographiant les camps, as-tu écouté l'histoire de certains réfugiés ?
Dans le camp Eleonas à Athènes, j'ai rencontré un enfant qui jouait avec un ballon de foot dans le réfectoire. Il s'appelait Fishel. Il m'a expliqué qu'à seize ans, il avait quitté seul Kinshasa, en République démocratique du Congo. Il a mis un an à parcourir les onze mille kilomètres jusqu'à Athènes, dans un seul but : jouer pour le Real Madrid. On va sans doute le considérer comme un migrant économique ; il sera expulsé vers Kinshasa.Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?
Je passe du temps à camper à Slab City, en Californie, dans le désert de Sonora. Je fais des portraits de ceux qui choisissent de s'isoler.