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Un livestream de la place Tahrir en liesse

« Alors que j’écris ces lignes, je suis conscient qu’elles seront peut-être les dernières que je publierai ici. Pour le bien de l'Egypte et l'exactitude historique, nous allons donner son vrai nom à ce qui se passe : un coup d'État militaire. »

Update : 4 juillet 2013, 13 heures

Le président déchu Mohamed Morsi est actuellement détenu par l’armée, et des membres de son staff rapproché sont assignés à résidence. En outre, 38 cadres dirigeants des Frères musulmans ont été arrêtés par les militaires sans que ces derniers n’en fournissent le motif. Hier, l’armée a également fait fermer les chaînes médiatiques soupçonnées de soutenir les islamistes, notamment Egypt 25 (qui appartient aux Frères musulmans) et Al-Jazeera au Caire. Adly Monsour devrait prêter serment aujourd’hui.

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L’ex-président Morsi a posté une déclaration sur sa page Facebook alors que l’ultimatum de l’armée égyptienne a expiré :

« Alors que j’écris ces lignes, je suis conscient qu’elles seront peut-être les dernières que je publierai ici. Pour le bien de l'Egypte et l'exactitude historique, nous allons donner son vrai nom à ce qui se passe : un coup d'État militaire.

Cela fait deux ans et demi qu’une révolution populaire a éclaté contre une dictature qui avait étranglé et mis à sac l'Égypte pendant trente ans.

Cette révolution a restauré un sentiment d'espoir, et permis aux Égyptiens de se remettre à rêver à un avenir meilleur, où chacun pourrait revendiquer sa dignité.

Le 25 janvier, je me tenais sur la place Tahrir. Mes enfants manifestaient au Caire et à Alexandrie. Nous étions prêts à tout sacrifier pour cette révolution. Quand nous l'avons fait, nous ne voulions pas d’une révolution des élites. Et nous n'étions pas en faveur d'une démocratie conditionnelle. Nous étions, et nous sommes encore, en faveur d’une idée très simple : avec la liberté, nous, Égyptiens, pouvons bâtir des institutions qui nous permettent de promouvoir une véritable vision pour le pays. Nous avons rapidement découvert que presque aucun des autres acteurs n’était prêt à nous intégrer à cette pensée.

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Vous avez beaucoup entendu parler, au cours des 30 derniers mois, de la volonté d’Ikhwan [les Frères musulmans] d’exclure tout les opposants. Je ne vais pas essayer de vous convaincre du contraire aujourd'hui. Un jour peut-être, des institutions honnêtes auront le courage de remettre en cause cette idée reçue.

Aujourd'hui, une seule chose importe. Aucun coup d’État militaire ne peut réussir sans effusion de sang. Qui d'entre vous est prêt à assumer cette responsabilité ?

Je suis pleinement conscient que les médias égyptiens ont systématiquement imputé à Ikhwan tous les actes de violence qui ont eu lieu en Egypte depuis janvier 2011. Je suis sûr que vous êtes tentés de les croire.

Mais il y a encore des gens en Égypte qui croient en leur droit de faire un choix démocratique. Des centaines de milliers d'entre eux se sont réunis en faveur de la démocratie et de la présidence. Et ils ne baisseront pas les bras face à cette attaque. Pour les déplacer, il devra y avoir de la violence. Et cette violence émanera de l’armée, de la police ou des mercenaires. Quoiqu’il en soit, il y aura des effusions de sang considérables. Et le message résonnera de manière forte et claire dans tout le monde musulman : la démocratie n'est pas pour les musulmans.

Je n’ai pas besoin d’expliquer en détail les ramifications catastrophiques globales de ce message. Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, on a entendu un certain nombre de discours infondés selon lesquels la destruction de la démocratie égyptienne naissante était possible. Aujourd’hui, nous n’avons plus de temps à accorder à ces va-et-vient académiques. Le public qui lit cette page comprend le prix que continue à payer le monde pour les guerres en Afghanistan et en Irak. L’Égypte n’est ni l’Afghanistan ni l’Irak. Son poids symbolique, son influence sont bien plus importants. Hier soir, à l’université du Caire, des manifestants soutenant le président ont essuyé des tirs d’armes automatiques. Vingt personnes sont mortes et des centaines blessées.

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Des individus en Égypte et à travers le monde tentent encore de justifier les appels à une élection présidentielle anticipée en s’appuyant sur le nombre important de manifestants et de la légitimité de leurs doléances.

Soyons bien clairs : les manifestants représentent un grand nombre d’Égyptiens et beaucoup d’entre eux ont des doléances légitimes et réalistes. La côte de popularité du président Morsi est basse.

Soyons tout aussi clairs : depuis janvier, le président a appelé à plusieurs reprises au dialogue national. À autant de reprises, l’opposition a refusé d’y participer. Les soi-disant libéraux égyptiens ont progressivement développé une rhétorique invitant l’armée à s’ériger en gardienne du gouvernement égyptien. L’opposition a fermement décliné chaque option impliquant un retour aux urnes.

Hier, le président a reçu une proposition de la part d’une alliance de partis soutenant la légitimité constitutionnelle. Il s’est entretenu avec le Premier ministre et le ministre de la Défense et tous trois étaient d’accord pour dire qu’il s’agissait d’un excellent moyen pour l’Égypte de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve. L’initiative appelait à un changement de cabinet complet, un Premier ministre accepté par tous, un changement de procureur général, un accord sur la Constitution et une commission de réconciliation.

Soyons parfaitement clairs : en aucun cas le président n’était forcé d’accepter ces concessions. Dans une démocratie, la situation que nous observons en Égypte a des conséquences simples : le président ne se fait pas réélire ou son parti se fait pénaliser à l’occasion des élections parlementaires suivantes. Autrement, c’est le chaos.

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Au cours de cette année passée au pouvoir, nous avons été critiqués par des gouvernements étrangers, des médias étrangers et des groupes humanitaires dès que nos réformes dans les domaines des droits et des libertés ne concordaient pas avec les ambitions de quelques-uns ou ne collaient pas aux formes en vigueur dans d’autres cultures. Le fait que ces mêmes voix se taisent malgré l’imminence du putsch est hypocrite, et cette hypocrisie ne sera pas négligée par un grand nombre d’Égyptiens, d’Arabes et de musulmans.

Ces derniers mois, beaucoup ont jugé bon de nous faire la morale sur le fait que la démocratie est bien plus qu’un simple appel aux urnes. Cela est peut-être vrai, en effet. Mais ce qui est certain, c’est qu’il n’est point de démocratie sans urnes. »

Déclaration officielle de l'Armée égyptienne, traduit de l'arabe par Al Jazeera :

Les Forces armées égyptiennes ont déclaré, déclarent, et déclareront toujours qu'elles se tiennent à l'écart du jeu politique. Les Forces armées ont été appelées à l'aide par le peuple égyptien non pour prendre les rênes du pouvoir mais pour s'acquitter de leur responsabilité civile et pour répondre aux exigences de cette responsabilité. Voilà le message qu'ont reçu les Forces armées égyptiennes et qui a été entendu dans tout le pays.

Ce message a été pris en compte par les Forces armées égyptiennes. Avant de se rapprocher de la scène politique dans le cadre de leurs responsabilités, au cours du mois dernier, les FAE ont œuvré directement et indirectement pour éviter que la situation ne dégénère, et vers une réconciliation nationale entre toutes les institutions, y compris la présidence.

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Étant donné ce qui s'est passé, l'Armée a appelé à un dialogue national, mais au dernier moment, cet appel a été rejeté par la présidence. Beaucoup d'appels et d'initiatives ont suivi jusqu'à ce jour.

Les FAE en tant qu'institution patriotique souhaitent limiter les divisions et affronter les défis et les dangers jusqu'à la sortie de crise actuelle. Comme nous avons suivi cette crise de près, le commandement des FAE a rencontré le président le 2 juin et lui a présenté le point de vue des Forces armées sur l'état (du pays) et a (relayé) les souhaits de la population égyptienne. Beaucoup d'espoirs entouraient une conciliation nationale. Finalement, hier et avant l'expiration de l'ultimatum de 48 heures que lui avait posé l'Armée, le président Morsi a tenu un discours qui n'a pas répondu aux attentes du peuple.

En conséquences, les FAE ont dû agir en accord avec leur responsabilité patriotique et historique, sans écarter ni marginaliser aucun parti, et pendant la réunion, une feuille de route a mis tout le monde d'accord. Elle présentait les points suivants :

Suspension provisoire de la Constitution ; organisation d’une élection présidentielle anticipée par le président de la Cour constitutionnelle ; période d'intérim jusqu'à l'élection du président. Le président de la Cour constitutionnelle assumera les pouvoirs présidentiels ; un gouvernement national de technocrates compétents sera formé ; le comité offrira toute son expertise pour l'examen de la nouvelle Constitution ; le Conseil constitutionnel préparera la tenue d’élections parlementaires ;

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Sécuriser et garantir la liberté d'expression et la liberté de la presse. Toutes les mesures nécessaires seront prises pour que la jeunesse ait voix au chapitre et soit partie prenante dans les processus de prise de décision. Les FAE appellent le peuple égyptien dans sa totalité à rester pacifique. Les Forces armées préviennent qu'elles resteront présentes et qu'elles se montreront fermes et strictes envers tout acte contraire à la paix, en accord avec leur responsabilité patriotique et historique.

Puisse Dieu sauver l'Égypte et le peuple égyptien, honorable et rebelle.

Déclaration des Émirats arabes unis, la première réaction officielle d’un pays de la région :

« Son Altesse Abdallah ben Zayed al Nahayan, ministre des Affaires étrangères des EAU, a exprimé sa pleine confiance dans la capacité du grand peuple d'Égypte à surmonter les moments difficiles que traverse l'Égypte et à s’offrir un futur sûr et prospère. Il a ajouté que l’héritage égyptien, ses contributions à la civilisation humaine et son rôle essentiel dans les mondes arabe et islamique donnent au peuple égyptien l’assurance de rester un pilier solide qui mènera droit à la fraternité, au progrès et à la stabilité.Le cheikh Abdallah a déclaré que la grande Armée égyptienne avait été capable de démontrer une nouvelle fois qu'elle était le rempart de l'Égypte et le bouclier garantissant que l'Égypte demeurera un État de droit. Le cheikh Abdallah a conclu que les EAU continueront à entretenir une relation solide avec le gouvernement et le peuple égyptiens et à coopérer dans des domaines divers afin de parvenir à l’intérêt commun de ces deux peuples fraternels. »

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Capture d’écran de l’interview en arabe d’Al-Jazeera avec le président Morsi, détenu par les militaires :

Des feux d’artifice au-dessus de la place Tahrir :

Photo : Sara Elkhouly, sur Instagram

Le live stream de la chaîne de télévision égyptienne ONtv :

En difficulté, le président égyptien, Mohammed Morsi, a défié un ultimatum militaire pour répondre aux préoccupations exprimées par les millions de manifestants qui sont descendus dans les rues ces derniers jours. Hier, une foule gigantesque s’est rassemblée place Tahrir, au Caire, pour appeler à la démission de M. Morsi. D'autres protestations et manifestations, y compris celles en faveur d’une montée au pouvoir du parti des Frères musulmans, se déroulent dans toute la ville. Un peu plus de deux ans après l'éviction de Hosni Moubarak, la démocratie égyptienne naissante est dans une position périlleuse. Regardez en direct le live Stream de VICE depuis la place Tahrir et tenez-vous au courant des mises à jour, des nouvelles dépêches et des photos.

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