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J’ai demandé à une voyante de prédire ce que l'on va manger en 2016

On mourrait d'envie d'en savoir plus sur les tendances culinaires à venir cette année, alors on s'est pointé chez une médium et on lui a demandé de « lire l'énergie » contenue dans un Tupperware rempli de bouffe.

La dernière fois que j'ai décidé d'aller voir les Psychic Sisters au centre commercial Selfridges de Londres, je suis finalement tombé sur la voyante de Kim Kardashian, Jayne Wallace, et elle a lu mon avenir dans des feuilles de thé. C'était assez chelou comme expérience.

Au crépuscule de l'année 2015, j'ai décidé de retourner les voir pour savoir ce que 2016 allait nous réserver niveau bouffe. Mangerons-nous différemment ? Dans quels endroits mangerons-nous ? Sommes-nous tous voués à mourir intoxiqués à cause d'une récolte d'huîtres avariée ?

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Le jour où je me suis pointé, Jayne Wallace, la voyante star des Psychic Sisters, n'était pas vraiment dans son assiette. Elle m'a donc présenté Catherine Lewington, qui possède des dons de médiumnité depuis trois générations. À la fois médium et guérisseuse, Catherine est aussi une pro de la psychométrie et du tarot. Elle ressemble un peu à Super Gran, cette héroïne de série B britannique dont les yeux lancent des rayons X et à vrai dire, il n'en fallait pas plus pour me rassurer sur ses compétences.

Si le CV de Catherine en matière d'art divinatoire est en béton armé, ses compétences en matière d'art culinaire sont assez maigres, m'a-t-elle avoué assez rapidement.

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« Je fais toujours tout cramer » me confesse-t-elle alors que l'on s'engouffre dans une petite pièce à l'écart de l'espace dédié à la voyance : l'Astrolounge.

Une fois assis, je dégaine mon Tupperware dans lequel j'ai soigneusement disposé tout une sélection d'aliments : du riz, des haricots cornilles, du sucre et du thé de la marque Cornish. Si j'ai ramené tout ça, c'est parce que j'espère que Catherine sera en mesure de « lire leur énergie » et ainsi, de prédire le futur des gourmets. Alors que je fais claquer ma « boîte à ingrédients » sur la table, j'ai de plus en plus l'impression d'être dans une version paranormale d'un épisode de Top Chef.

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Ma première question résonne encore comme une main fébrile qui plonge dans un paquet de chips : qu'allons-nous manger en 2016 ?

Catherine effleure alors du bout des doigts mon Tupperware mais n'en sort aucun aliment. Après avoir marqué une courte pause, elle m'a sortie, presque mélancolique : « Les fermiers vont développer une nouvelle sorte de chou-fleur. »

D'où sort-elle ça ? Est-ce que c'est l'esprit de Mac Lesggy qui vient de lui souffler ? Ceux de Fred et Jamy ? Sont-ils seulement morts, déjà ? Le meilleur, c'est que je n'étais pas au bout de mes surprises.

« On sait déjà faire pousser la rhubarbe très rapidement, pareil pour les champignons. Pourquoi est-ce que l'on ne ferait donc pas pousser des légumes verts rapidement ? poursuit-elle, comme habitée. C'est possible : si on les fait pousser dans l'eau. »

Un silence de mort s'abat soudain sur Catherine. Quelque chose me dit que c'est la fin de sa première prédiction.

Les fermiers vont développer une nouvelle sorte de chou-fleur.

Mais ça valait le coup de lui faire sortir sa boule de cristal pour savoir ça, non ? Donc info numero uno : l'année prochaine nous mangerons donc un nouveau type de chou-fleur et les légumes verts pousseront plus vite.

D'un coup, elle se met à loucher sur mon thé et me lance : « En Angleterre, qu'est-ce qu'on fait avec le thé ? On s'assoit, on communique, on mange des petits gâteaux et on passe du bon temps. Mais est-ce qu'on le fait encore vraiment ? »

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Catherine mime alors quelqu'un en train de jouer à Candy Crush sur son téléphone.

« Un petit thé dans l'après-midi, avec du miel et de l'eau ou du lait, peu importe : j'ai un pressentiment très fort que l'idée de prendre le temps de retrouver ceux qu'on aime une fois par jour autour d'une boisson chaude va revenir, s'emporte-t-elle. Les gens vont retrouver le sens de la communauté. »

C'est assez flou comme observation, mais elle n'a pas tout à fait tort. Fin 2015, on a vu pas mal de salons de thé ouvrir dans le coin : Amanzi ouvre un second spot à Soho et Good & Proper Tea a enfin lancé sa première boutique de dégustation. Et puis, autant vendre la mèche : je viens d'écrire un article sur cette recrudescence des salons de thé à Londres et il devrait être publié dans ses colonnes, début 2016.

Il est venu l'heure pour Catherine de nous filer ses prédictions sur l'avenir de nos habitudes alimentaires. Elle balance quelques ingrédients de mon Tupperware par terre et commence à analyser les « messages psychiques » qu'elle lit dans les formes au sol. Elle se penche sur le riz, en prend une poignée et tend sa main comme si elle avait un but précis en tête, comme si elle s'apprêtait à jeter des dés pour faire un 421.

« Laisse-moi te montrer la carte que l'on a ici », m'interpelle Catherine. Je tourne de l'autre côté de la table pour voir de plus près tout en l'écoutant : « Ça, c'est la Floride. » Elle pointe une zone de la carte qui ressemble effectivement à s'y méprendre à la Floride. Elle continue son hiatus : « Où sont cultivées la plupart des récoltes ? Au centre de l'Amérique, dans les Grandes Plaines. Un conflit se prépare. Je vois une météo affreuse s'abattre sur les États-Unis. Je vois de la sécheresse en Amérique. Le problème ne vient pas des armes mais par la Terre elle-même. »

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Puis, elle se met à énumérer les différents pays gros consommateurs de riz : le Vietnam, les Philippines, l'Inde, le Pakistan, la Chine, le Japon, la Russie, avant de statuer : « L'approvisionnement en riz sera un grand sujet de discorde l'année prochaine. »

Après cette envolée, elle s'intéresse enfin à mes haricots cornilles. Elle les balance sur la table et ils s'éparpillent en formant de grands écarts entre eux.

« Je vois des années maigres, mais elles ne seront pas nombreuses, poursuit-elle. Ça se rassemble, ça revient… il faut encourager ça. On va voir une hausse de la consommation de ce genre de produits. »

Les chefs sont sur le déclin, ils vont devoir travailler dur et communiquer entre eux pour revenir sur le devant de la scène, explique Catherine, telle une Gandalf de la gastronomie. Ils réfléchissent tous, mais chacun dans leur coin. Ils ont la possibilité de faire changer les choses, mais uniquement de manière collective. S'ils reviennent unis, ils seront plus forts.

En détachant un instant ses yeux de la carte imaginaire formée par le tas de cornilles, Catherine m'explique que l'année à venir sera une année de « retour aux racines ». Comprendre que l'on va bouffer des légumes secs, des haricots et d'autres aliments basiques. Mais elle finit par me dire que cela risque de poser problème car les haricots ne sont « pas à la mode » et que le porridge d'avoine anglais n'est « pas très hype ».

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Catherine suggère qu'il faudrait qu'un chef cuisinier encourage les gens à consommer ce type de produits, ce qui me pousse à lui demander : « Que va-t-il advenir des chefs célèbres ? »

Pour me répondre, elle a recours aux cartes de tarot. Elle me demande de mélanger le paquet.

« Leur sort est entre tes mains ! » me balance-t-elle d'un air un peu lugubre. Elle me demande ensuite de lui soumettre des questions.

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« Eh bien, quel sera le sort des chefs célèbres en 2016 ? Je sais, c'est un peu difficile comme question… »

Catherine m'interrompt : « Il faudrait plutôt demander : Est-ce que nos chefs vont – comme Mel Gibson dans Ce que veulent les femmes – enfin répondre aux attentes du public ? ». À noter qu'elle me dit tout ça en baissant graduellement le ton de sa voix.

Elle tire les cartes.

De gauche à droite, les cartes indiquent le passé, le présent et le futur. Pour ce coup-ci, on obtient : L'Etranger, Le Voyage et L'amitié.

« On va assister à des événements qui vont nous faire pas mal réfléchir. Les chefs sont sur le déclin, ils vont devoir travailler dur et communiquer entre eux pour revenir sur le devant de la scène, explique Catherine, telle une Gandalf de la gastronomie. Ils réfléchissent tous, mais chacun dans leur coin. Ils ont la possibilité de faire changer les choses, mais uniquement de manière collective. S'ils reviennent unis, ils seront plus forts. »

C'est juste à moi que cela fait ça ou bien ça sonne vraiment comme dans Le Seigneur des Anneaux ?

Évidemment, je garde ça pour moi et j'opine du chef sans trop savoir vraiment ce que je suis en train d'approuver. Parle-t-elle d'une association de chefs stars qui veillerait au bon devenir de l'industrie du sucre ? Philippe Etchebest va-t-il enfiler une combinaison en latex de superhéros ? Je suis anéanti : personne ne voudrait voir ça. Même pas dans une boule de cristal.