Adult Baby Nursery : voyage au pays de ceux qui veulent vivre comme des gros bébés

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Adult Baby Nursery : voyage au pays de ceux qui veulent vivre comme des gros bébés

Dans une crèche un peu "spéciale", en Italie, des adultes viennent passer leurs journées à boire au biberon et à se faire changer les couches par des maîtresses d'un genre particulier.

Avant d'écrire ce qui va suivre, je dois vous promettre que je n'en savais absolument rien il y a encore huit heures, quand mon amie - que j'appellerai ici Do Mina, au vu de son goût évident pour le monde du sadomasochisme - m'a invité à cet événement Facebook organisé par l'association AB Nursery.

Au départ, je croyais que c'était encore une invitation à l'une de ces soirées très secrètes dans lesquelles un homme pénètre dans une pièce les yeux bandés et doit compter jusqu'à 27 avant de baisser son pantalon et de se mettre à quatre pattes en attendant qu'une femme vêtue de latex - parfois Do Mina - ne se mette à le fouetter jusqu'à ce que ses fesses deviennent rouge sang.

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Mais j'avais tort : il s'agissait en réalité de quelque chose de bien plus étrange, qui m'a plongé dans un profond état de stupéfaction et d'étonnement.

Vous avez déjà entendu parler d'Adult Baby Nursery ? Moi non plus. Il s'agit en fait d'infantilisme paraphilique, et plus précisément d'autonépiophilie. Autrement dit, d'une forme de fétichisme dans laquelle des adultes plongent dans la régression infantile la plus totale, et se comportent donc comme d'authentiques gros bébés : ils boivent du lait au biberon en prenant bien soin d'imiter un nouveau-né, ne s'expriment plus que par des onomatopées dignes d'un nourrisson, et enfilent des couches qu'ils remplissent parfois gaiement. L'étiologie de cet étrange fétichisme est encore assez floue, même si des recherches récentes tentent d'établir des liens entre cette nouvelle forme de paraphilie et d'autres conditions telles que la chronophilie, la gérontophilie ou la pédophilie - les premiers résultats n'étant pas très probants, puisque ces phénomènes semblent assez distincts les uns des autres.

La description de l'événement est très claire : "Bienvenue à l'édition de Noël d'AB Nursery, la première garderie d'AB d'Italie. Un espace calme et ludique pour tous les bébés adultes italiens qui veulent passer un moment à jouer, chanter, écouter des histoires et interagir avec les maîtresses. Dans le respect total de leurs désirs d'enfants, et sans jugements ni craintes. Dans un environnement créé spécialement pour les AB et où chacun peut se sentir dorloté et bichonné, et vraiment à l'aise. Nous accepterons jusqu'à six bébés par soirée. Si vous avez des questions, demandez aux maîtresses, qui seront ravies de vous aider."

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On trouve ensuite les horaires et le déroulé de la journée : "Accueil, jeux et chansons, bouillies et câlins, changement des couches…", et ce que les heureux participants doivent apporter : "un change complet, des chaussettes antidérapantes, au moins deux couches à votre taille, votre tétine et votre biberon préférés, votre bavoir, et votre doudou (mais seulement si vous n'avez pas peur qu'un autre bébé joue avec.)"

Une dernière information importante concerne la question des contacts sexuels : durant le changement de couche, il peut y avoir contact avec les parties génitales, mais - et c'est bien souligné - "aucune des maîtresses n'est autorisée à, ni ne souhaite, masturber les participants de quelque manière que ce soit. Les contacts seront limités aux câlins, au lavage, et aux soins des parties intimes."

Si tout cela n'était pas assez clair, une petite note est rajoutée au texte : "les maîtresses ne devront jamais être considérées, par des mots ou des gestes, comme des escorts ou des prostituées. Si vous avez d'autres fantasmes, nous vous conseillons de vous adresser à d'autres personnes."

Nous sommes donc ici dans une logique de "role playing" très répandue dans les milieux fétichistes, bondage ou SM. La seule différence, c'est que le contexte se veut ici bien plus innocent, du moins en apparence.

Poussé par la curiosité, j'ai contacté l'un des participants au prochain événement de cette "crèche" très spéciale, pour lui demander quelques informations : "AB, ça veut dire adult baby. J'adore vivre de manière très régressive, même si je ne peux pas m'habiller comme un bébé tous les jours; J'aime être traité et me comporter comme un enfant. Depuis quelques mois, une crèche pour adult babies a ouvert à Rome et j'y vais à chaque fois que je peux", m'explique-t-il.

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La loi du marché est très claire : s'il y a une offre, c'est bien qu'il y a une demande. "Habituellement, on est six au maximum, jamais plus. Il faut s'inscrire pour participer, mais on est presque toujours les mêmes à être présents, m'explique encore mon interlocuteur. Le jour venu, on dessine, on joue, on nous donne à manger, et on nous change, tout comme dans une vraie crèche." Et en ce qui concerne l'aspect sexuel ? "Rien du tout, à part quand on nous change les couches."

Come il mercato insegna, se c'è un'offerta, significa che c'è una domanda, "Di solito siamo al massimo in sei, non di più. Si partecipa a iscrizione, ma siamo quasi sempre gli stessi," mi spiega. "Il giorno prestabilito, una volta arrivati, si disegna, si gioca, ci danno la merenda e poi veniamo cambiati, tutto quello che si fa negli asili veri." E per quanto riguarda la sfera sessuale? "Assolutamente niente, se non il cambio del pannolino."

"J'adore vivre de manière très régressive, même si je ne peux pas m'habiller comme un bébé tous les jours; J'aime être traité et me comporter comme un enfant."

Reste à se demander ce qui se passe après ce genre d'expérience : "malheureusement, il faut bien que la session AB s'arrête à un moment. Moi j'y vais parce que je suis un AB, et que je l'ai toujours été. Ce que nous faisons reflète notre condition d'adult baby, le fait qu'on se sente encore enfants intérieurement", conclut-il.

Cela fait quelques mois que je m'intéresse au monde des paraphilies, en vue d'une spécialisation en psychopathologie sexuelle, et dans ce cas précis je me suis demandé ce que pouvaient être les phénomènes sous-jacents à ce type de paraphilie. Mon hypothèse, c'est que c'est lié à la fois à un attachement bancal, à une fixation malsaine sur le stade anal dans le développement psychosexuel, et à d'autres événements d'ordre biopsychosociaux qui ont pu conduire ces gens à faire le choix conscient de la régression infantile.

Mais naturellement, si la littérature scientifique n'a pas de réponse à mes questions, j'ai peu de chances d'en avoir moi-même. Une chose est sûre, toutefois : dans le vaste monde des paraphilies, on tombe toujours sur des choses qu'on n'avait même pas soupçonnées, même quand on pense avoir fait le tour.