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C’est quoi un maudit bot?

Tout ce que vous devez savoir sur cette nouvelle technologie qui vous fera interagir avec des robots.
Crédit Photo: Ember London

Ça y est, on est dans le futur. On parle avec les robots. On demande déjà bien des choses à Siri ou à Alexa, même si la technologie est loin d'être parfaite. Mais avec l'arrivée des bots dans nos plateformes de messagerie, on risque de discuter de plus en plus avec des engins cybernétiques. Et Montréal est au cœur du développement de cette intelligence artificielle qui débarque massivement dans nos vies.

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Au mois de décembre, l'entreprise montréalaise Automat prétend avoir créé pour CoverGirl la première campagne de marketing qui utilise un bot pour répliquer le style de conversation d'un influenceur. Sur Kik, les utilisateurs pouvaient clavarder avec le robot de la vedette des réseaux sociaux Kalani Hilliker.

Pour décrypter cette technologie, nous avons rencontré le président et fondateur d'Automat, une start-up spécialisée en intelligence artificielle.

D'abord, pourrais-tu me dire ce qu'est un bot?
Dans sa plus simple expression, un bot est un logiciel à qui l'on parle. On pouvait déjà parler à des logiciels il y a 20 ans. À l'époque, ce n'était pas très bien fait. Plus récemment, on a commencé à parler à Siri ou Alexa sur nos téléphones… Mais selon moi, ce ne sont pas encore exactement des bots. Ce que j'appelle un bot, c'est un logiciel à qui l'on peut parler sur une application de messagerie, comme Facebook Messenger, Kik ou Slack.

On dit que les bots existent depuis 50 ans…
C'est un terme qui va et vient depuis des décennies, de la même façon que le terme app. Aujourd'hui, une app veut dire quelque chose de très spécifique : une application sur un appareil mobile. La même chose vient de se produire avec les bots sur les plateformes de messagerie. On vient tout juste de leur trouver la meilleure utilité puisqu'il y a un alignement des astres. D'abord, l'intelligence artificielle est plus performante que jamais. Aussi, les applications de messageries sont celles que l'on utilise le plus sur les téléphones intelligents. Et on n'utilise pas que du texte. On parle avec des emojis, des GIF… et l'intelligence artificielle le comprend. C'est un moment unique.

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Est-ce que ta compagnie fabrique des bots?
Quand on a lancé Automat, on ne savait pas si les gens voudraient de nos bots. Mais finalement, il y a une grande demande de la part des compagnies qui ont de plus en plus de difficulté à joindre leurs clients. Les gens téléchargent peu d'applications, mais ils passent leur temps sur des systèmes de messagerie. Comment les joindre? La meilleure façon, c'est avec les bots.

Donc, si je comprends bien, on va éventuellement texter avec le robot de notre banque?
Ben, ça se fait déjà! Mais l'affaire, c'est que les gens ne veulent pas nécessairement parler directement avec une marque. Ils veulent clavarder avec des personnes. Donc, on crée un personnage fictif qui parle au nom d'une compagnie. On peut aussi choisir un vrai employé et lui créer une présence virtuelle, un bot.

Un peu comme si l'on clonait les employés?

Pourquoi pas? Les compagnies existent grâce à leurs employés. Les bots sont là pour présenter leur bon travail quand ils sont trop occupés ou lorsqu'ils dorment.

Tu crois vraiment que les gens vont accepter que des compagnies s'ingèrent dans leurs systèmes de messagerie personnelle?
Les compagnies vont devoir mériter le droit d'avoir une conversation avec leurs clients. Elles ne doivent pas chercher strictement à collecter de l'information. La vie privée est notre principale préoccupation. Mais une chose est certaine, c'est que dans le cadre d'une conversation, tout est plus direct. Si un bot te propose quelque chose, tu peux toujours dire non.

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Et on clone aussi les personnalités publiques?
Tout à fait. On veut donner une impression de proximité avec les influenceurs et les vedettes. Souvent, lorsque ces gens commentent sur Instagram, c'est à sens unique. Ils ne reçoivent jamais de réponse. Mais lorsqu'on crée des bots de vedettes, la discussion se fait entre deux personnes. Et on voit que l'engagement des fans est parfois multiplié par 50.

Crois-tu que les bots vont remplacer les apps?
C'est une affirmation qui revient souvent. Mais ce n'est pas un combat. Le web n'a pas disparu à cause des apps. C'est la même chose avec les bots.

Généralement, les nouvelles technologies informatiques sont rapidement appliquées à l'univers de la pornographie en ligne. Travailles-tu dans cette industrie?
Non, ce n'est pas notre marché. Mais il y a clairement plein de gens qui travaillent à créer des bots pornographiques qui envahissent les plateformes. Cela dit, si l'on compare les bots à ce qui est aujourd'hui disponible dans cette industrie, clavarder avec un robot à des fins sexuelles me paraît un peu anachronique et inoffensif!

Vous avez récemment reçu un important financement de Slack. En quoi ça vous a aidé?
Slack est la première compagnie à proposer un fonds pour le développement des bots, 80 millions de dollars. Ils mettent de l'avant l'intelligence artificielle. Mais c'est clair que cette entreprise canadienne nous aide à nous démarquer. Mais Montréal est tellement devenue un hub pour l'intelligence artificielle. C'est assez facile de se démarquer lorsqu'on est une compagnie qui crée des bots ici.

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Montréal est vraiment un pôle de développement de l'intelligence artificielle?
Oui, et c'est ce que les gens sont en train de se rendre compte. D'énormes compagnies basées à l'extérieur du Canada développent leurs projets d'intelligence artificielle à Montréal parce qu'ils reconnaissent cette importance. Google est en train d'investir à Montréal. Je vois mes compétiteurs s'installer ici parce qu'on y trouve le talent.

Pourquoi Montréal? 

On doit vraiment beaucoup à Yoshua Bengio, un des pionniers de l'apprentissage profond, une technologie qui permet aux ordinateurs de comprendre le langage. Je l'utilise quotidiennement. Les deux autres parrains de l'apprentissage profond, Yann LeCun et Geoffrey Hinton sont aujourd'hui chez Facebook et Google. Bengio a décidé de rester indépendant et de continuer à enseigner à l'Université de Montréal. Les gens viennent ici parce qu'on y donne une éducation de qualité. Mais le prochain défi est de faire en sorte que les professionnels restent ici. C'est pourquoi j'ai fondé ma compagnie à Montréal, alors que les occasions ne manquent pas de partir en Californie.

En quoi les bots sont l'avenir de l'informatique?
Je n'aurais pas lancé cette compagnie si je n'y croyais pas. J'ai travaillé 16 ans dans une autre entreprise qui se dévouait à la reconnaissance vocale. À l'époque c'est ce que la science-fiction nous promettait. L'arrivée de Siri a été le moment charnière où tout le monde a découvert que l'on pouvait parler à un ordinateur. Mais l'affaire, c'est que les gens ne veulent pas parler à leur ordinateur. Nos doigts sont devenus la lingua franca de la mobilité. Et on va avoir de plus en plus de conversations avec les ordinateurs, mais en clavardant!