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Vos fruits ne pourriront plus grâce aux nanotechnologies

Il est grand temps de mettre fin au gaspillage alimentaire.

Une équipe canadienne a inventé une nouvelle méthode pour préserver la fraicheur des fruits : les arroser d'un produit dont les effets ont été soigneusement étudiés à l'échelle nanométrique. C'est Jay Subramanian, professeur d'agronomie et de la biotechnologie à l'Université de Guelph, qui a mis au point ce produit ; il prolonge la durée de conservation des fruits (mangues, myrtilles, bananes, notamment) ce qui pourrait avoir des répercussions énormes dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.

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Les gens ont toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons de jeter de la nourriture. En ce qui concerne les fruits, c'est généralement parce qu'ils pourrissent rapidement dans les camions de transport ou dans les corbeilles, et qu'ils n'ont pas le temps d'être consommés. Au Canada par exemple, le gaspillage alimentaire coûte plus de 31 milliards de dollars par an, selon un rapport de 2014. Cela fait presque 1000 dollars de gaspillage par résident. Un autre rapport affirme que les épiciers et les détaillants se débarrassent de 30% des fruits et légumes avant même la mise en rayon, simplement parce qu'ils ont mauvais aspect.

La nouvelle formule de Subramanian pourrait changer tout cela.

C'est l'hexanal, un composé étudié de très près depuis près de vingt ans, qui est aujourd'hui sous le feu des projecteurs ici. Lorsqu'il est utilisé au moment opportun, dans les justes proportions, l'hexanal ralentit le processus de maturation des fruits et légumes. En outre, c'est un composé naturel produit par les fruits eux-mêmes. Subramanian n'a pas encore observé le moindre effet secondaire de son utilisation à grande échelle, aussi, celui-ci peut être pulvérisé sur les fruits mûrs, ou servir de bain chimique aux fruits déjà cueillis. Son équipe a déjà obtenu de très bons résultats sur des brocolis et des tomates, et même sur quelques fleurs.

« Au départ, nous avons remarqué que les manguiers sur lesquels nous avions pulvérisé le produit gardaient leurs fruits beaucoup plus longtemps, » explique Subramanian. « Deux à trois semaines supplémentaires, environ. »

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Un pêcher à Guelph, en Ontario. Seul un côté de l'arbre a été aspergé d'hexanal. Photo: Jay Subramanian

Cela pourrait faire une différence dans les pays où la culture de fruits et légumes constitue une activité dynamique, et une source de revenus pour une partie importante de la population. En fait, 20 à 40 % du rendement d'une récolte donnée peut être perdue, pour toutes sortes de raisons : maturation précoce, mauvaises conditions d'expédition, etc.

Ce produit, issus des recherches en nanotechnologies, pourrait aider les commerçants à éviter le gaspillage ainsi que la saturation du marché qui conduit à une baisse des prix. Subramanian explique que les agriculteurs qui ont testé la formule ont été très enthousiastes, et espéraient une prompte commercialisation.

On parle de « nanotechnologies » car la molécule d'hexanal ne mesure que 20 nanomètres de diamètre.

Quand la maturation commence, une enzyme brise la membrane des cellules qui constituent la peau du fruit, ce qui permet à une hormone végétale, l'éthylène, de pénétrer dans le fruit et de stimuler le processus. Or, l'hexanal se contente d'interrompre la production de l'enzyme en question, tout en maintenant la structure des cellules intactes.

« Parce que la peau des fruits devient très hermétique après pulvérisation d'hexanal, les fruits ne réagissent pas à l'éthylène aussi vite qu'ils le font d'ordinaire, et restent frais », explique Subramanian.

Même le pourrissement ou les moisissures qui adviennent fréquemment pourraient être limités grâce à cette astuce, dit-il. À présent, Subramanian aimerait mettre au point un autocollant ou un sachet capable de diffuser de l'hexanal dans les fruits durant leur transport.

Cette étude, financée par le Fond canadien de recherche sur la sécurité alimentaire, présage des améliorations futures en matière de production alimentaire. Les agriculteurs auront enfin accès à des technologies que l'on peut utiliser localement et à petite échelle.

« Ceci l'une des premières applications des nanotechnologies en agriculture, » explique Subramanian. « Nous pensons que cela pourrait stimuler la recherche en nanotechnologies, à la fois pour l'industrie alimentaire et pour l'agriculture. »