Faites plus de headshots grâce aux neurosciences
Image : Aim Lab

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Faites plus de headshots grâce aux neurosciences

L'entreprise Statespace veut utiliser la science pour changer le visage du gaming professionnel.

Je ne suis pas très bon en FPS. Je ne suis pas tout à fait une chèvre, mais vous feriez tout de même mieux de ne pas m’inviter dans votre équipe pro de Counter-Strike: Global Offensive.

Aim Lab, un nouveau logiciel d’entraînement développé par l’entreprise Statespace et qui doit être lancé sur Steam le 7 février prochain, a été conçu pour faire progresser les gens comme moi. Quatre neuroscientifiques ont travaillé à son élaboration. Grâce à leurs efforts, Aim Lab teste la précision des joueurs à différentes distances de tir, enregistrent leurs performances et leur fournissent des conseils adaptés.

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Après 90 minutes face à la version bêta du programme d'entrainement, j’ai appris que je m’en sortais mieux avec les pistolets et que ma visée avait tendance à s’emballer lorsque j'esquissais des mouvements de la gauche vers la droite. Les mesures internes d’Aim Lab montrent qu'avec quelques exercices tout simples, la précision de ma visée au pistolet est passée de 67% à 77% et que ma visée au fusil est passée de 28% (oui, je mauvais à ce point) à 60% en moins de deux heures de jeu. Pour un joueur occasionnel comme moi, c'est un progrès spectaculaire.

Plusieurs programmes permettent déjà aux joueurs PC d’améliorer leur précision à la souris, notamment Aim Hero. Cependant, ils cherchent moins à entraîner le joueur qu’à le divertir. Ceux qui souhaitent vraiment peaufiner leur aptitudes ont tout intérêt à jouer à Counter-Strike directement. Le co-fondateur de Statespace, Wayne Mackey, souhaite qu’Aim Lab offre une alternative scientifique et solide inspirée du monde des sports traditionnels.

Ce que nous essayons de faire va plus loin que le simple entraînement à la visée, a déclaré Mackey. Notre objectif est de révolutionner la performance et l'utilisation des data au service du gaming, de la même façon que les data ont révolutionné les sports traditionnels.

Aim Lab propose plusieurs exercices de visée qui se déroulent dans une boîte grise générique, une map bucolique inspirée de PlayerUnknown’s Battlegrounds ou un temple inspiré d’Overwatch. Chaque exercice a ses propres objectifs et critères d’évaluation. Pentakill, par exemple, donne cinq balles et cinq cibles mouvantes au joueur. Dans Stretrack, il doit garder son réticule de visée sur une cible mouvante unique.

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La physique des armes d’Aim Lab est basée sur celle du FPS le plus populaire du moment, PUBG. Cependant, le jeu permettra bientôt aux joueurs de créer leurs propres armes et de les partager avec la communauté. Chaque aspect de l’arme sera personnalisable : recul, dispersion, dégâts, viewmodel… Libre ensuite aux joueurs de bricoler une arme qui se comporte exactement comme la Kalashnikov de Counter-Strike, par exemple.

Le mode Spidershot est celui que j’ai le plus pratiqué. Quand la manche commence, des orbes de taille variables apparaissent à différents endroits de l'écran, puis disparaissent plus ou moins vite. La mission du joueur est d’atteindre chacun d’entre eux l’un après l’autre. Si vous êtes trop lent, le jeu augmente la durée de vie des orbes ; si vous êtes trop imprécis, le jeu fait grossier les orbes. À l’inverse, si vous cartonnez comme un fou, le jeu en réduira la taille.

Après quelques manches, j’ai remarqué un truc étrange dans l’entraînement : chaque session commençait avec un orbe posé juste à droite, devant mon nez. Quand je l’atteignais, un autre orbe apparaissait en périphérie et quand je tirais sur ce deuxième orbe, le gros orbe central réapparaissait juste sous mon nez. Bis repetita. Ça m’a semblé bizarre : comment pouvais-je m’améliorer si l’entraînement suivait un pattern que je pouvais anticiper ?

En fait, le système “retour-au-centre” du Spidershot n’est pas une erreur, il a été programmé de manière tout à fait volontaire par les concepteurs du jeu. “Le système est largement influencé par mon travail en labo”, m’a expliqué Mackey au cours d’une discussion sur Messenger. Mackey a publié plusieurs papiers dans des revues scientifiques reconnues et continue à s’intéresser à la recherche en neurosciences en parallèle de Statespace. “J'utilise avant tout les mouvements des yeux pour mesurer divers mécanismes visuels et cognitifs. Quand vous bougez les yeux, l’image sur votre rétine change et un genre de processus de calibrage intervient au niveau de votre cerveau pour que votre représentation du monde reste stable.

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Aim Lab veut aider les joueurs à prendre conscience de leurs biais de tireur. “Êtes-vous plus ou moins précis quand les cibles sont à gauche ou à droite ? Dans le coin supérieur droit ? Dans la zone centrale gauche ? énumère Mackey. Il est difficile de s’en rendre compte pendant le jeu. C’est le but de Spidershot. Cet exercice compense les processus cognitifs à l'oeuvre de sorte que la prochaine cible apparaisse toujours dans une position relativement stable, ce qui nous permet de récupérer des informations critiques sur la performance spatiale du joueur.

Quand un joueur finit une manche de Spidershot , Aim Lab lui présente une note et une page de données. Les statistiques classiques comme le nombre de tirs, de cibles atteintes et de kills par seconde sont affichés à côté de deux anneaux qui détaillent la précision et le temps de réaction par zone de vision du joueur.

Image : AimLab

C’est ainsi que j’ai appris que j’avais du mal à atteindre les cibles situées dans la partie droite de mon champ de vision. Comme je l’avais déjà observé pendant mes exercices, j’ai tendance à aller trop loin quand je bouge la souris de la gauche vers la droite. J’ai donc commencé à compenser ce défaut et je suis rapidement devenu meilleur. Recevoir un feedback immédiat sur ses mauvaises habitudes de tir est un vrai plaisir.

Mackey a rencontré le co-fondateur de Statespace, Jay Fueller, dans le programme pour doctorants de l’université de New York. Ils ont passé cinq ans dans la recherche scientifique avant de décider de lancer leur propre entreprise. “Mon travail reposait sur des modèles informatiques du cerveau et des comportements liés à la vision et à l’attention, tandis que le travail de Jay se concentrait plutôt sur le contrôle moteur, a expliqué Mackey. L'alliance parfaite dans le domaine des gaming skills.

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Mackey et Jay savaient que l’entraînement est à la base de la performance, mais aussi que s’entraîner à Counter-Strike, c'est un peu plus que de jouer à Counter-Strike. Mackey estime qu’un joueur qui s’exerce à un niveau cognitif fondamental aura l’avantage sur les autres. “Si les joueurs de la NFL ne se contentent pas d'enchainer les matches les uns à la suite des autres, c'est qu'il y a une bonne raison, m’a-t-il affirmé. Ils courent, ils poussent la fonte, ils font des exercices psychomoteurs.

Au moment de l’écriture de cet article, Aim Lab est toujours en bêta fermée. Ce qui n’a pas empêché la communauté de l’esport d’entendre parler de lui : “Ça a l’air fantastique. Je l'utilisera volontiers” m’a déclaré Tommy “Potti” Ingemarsson, un ancien professionnel de Counter-Strike qui a gravé son nom sur dix coupes du monde.

Potti joue toujours occasionnellement mais passe désormais la majeure partie de son temps à entraîner et coacher. Il m’a affirmé que l’entraînement à la visée était essentiel au succès de chaque équipe et qu’il avait l’habitude de passer des heures sur des serveurs de deathmatch pour améliorer sa visée sur Counter-Strike.

Avec un programme comme ça, vous pouvez économiser des centaines d’heures d'entrainement avant une compet”, a-t-il déclaré.