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Une adolescente a été violée en direct sur Facebook Live sans que personne n'intervienne

Plus de 40 personnes ont regardé la vidéo de l'agression en direct, mais aucune n'a jugé utile de prévenir la police.

Une adolescente de 15 ans a été agressée sexuellement par cinq ou six hommes qui ont filmé l'agression en direct sur Facebook Live lundi 20 mars, comme l'annonce la police de Chicago, qui a été prévenue de l'affaire par la mère de la victime, laquelle a remis des captures d'écran de la scène aux autorités. Pour l'heure, les auteurs de la vidéo n'ont pas été arrêtés, mais la police assure que l'enquête progresse rapidement et plusieurs personnes ont déjà été entendues. La jeune fille avait disparu dimanche, et a été depuis rendue à sa famille. Elle a affirmé aux policiers qu'elle connaissait au moins l'un des agresseurs.

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Au total, ce sont près de 40 personnes qui ont regardé la vidéo en direct, et aucune d'entre elles n'a jugé pertinent de contacter la police. Mais en soi, avoir regardé la vidéo n'est pas un crime, comme l'a expliqué Jeffrey Urdangen, professeur de droit à l'université de Northwestern, à Associated Press. Pas plus que de ne pas avoir prévenu la police, d'ailleurs ; la qualification de "non assistance à personne en danger" ne peut être retenue dans un tel cas. Et de toute façon, la police aurait toutes les peines du monde à obtenir les identités des spectateurs du livestream auprès de Facebook.

Cette affaire sordide n'est - hélas - pas unique en son genre. Déjà, en janvier dernier, une affaire semblable avait ému les États-Unis, quand quatre hommes avaient été arrêtés par la police après s'être filmés en train de torturer un jeune handicapé. Plus globalement, depuis son lancement il y a un an, la fonctionnalité Live de Facebook a déjà fait l'objet de nombreuses critiques portant sur sa modération par le site, qui jusqu'ici n'a pas su réagir à temps lorsque des utilisateurs s'en sont servi pour diffuser du contenu morbide ou choquant. D'après le Wall Street Journal, pas moins de 50 actes de violence (parmi lesquels des meurtres ou des suicides) ont ainsi été diffusés en direct sur Facebook au cours de l'année écoulée. Plus que son manque de réactivité, ce sont ses choix parfois surprenants qui ont valu à Facebook d'être critiqué pour sa politique de modération : lorsque Philando Castile, un homme de 32 ans originaire du Minnesota, avait été abattu par la police lors d'un contrôle routier pendant que sa petite amie filmait la scène en direct, Facebook avait rapidement effacé la vidéo - avant de la republier peu après sous la pression du public. En revanche, lorsqu'un prêtre avait diffusé la vidéo d'un avortement via Facebook Live en novembre dernier, l'entreprise n'avait pas jugé que cette pratique était contraire à ses règles. De fait, n'importe qui peut diffuser n'importe quoi, jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de personnes aient signalé un contenu abusif aux équipes de modération de Facebook, qui mettent souvent longtemps à intervenir. Et la firme peine encore à définir ce qui relève réellement de la violation de ses conditions d'utilisation. Mark Zuckerberg l'a d'ailleurs reconnu le mois dernier lorsqu'il a publié un (très) long texte dans lequel il affirmait que "la complexité des problèmes auxquels nous sommes confrontés depuis un an échappe aux processus que nous avions précédemment mis en place pour administrer notre communauté."

Facebook n'a pour l'heure pas souhaité commenter l'affaire, l'une de ses porte-parole se contentant d'affirmer que la firme "prend très au sérieux sa mission de protéger tous ses utilisateurs." "De tels crimes sont absolument ignobles et nous ne permettons pas que ce type de contenu soit diffusé sur Facebook", a-t-elle ajouté.