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Les deux tiers des populations d’animaux sauvages seront en déclin en 2020

Selon le Living Planet Report, publié par la WWF tous les deux ans, les populations de vertébrés se seraient effondrées entre 1970 et 2012. L'avenir n'est pas plus brillant.
Polar bear female and cub. Image: Howard Buffett/WWF-Canada

Plus des deux tiers des populations d'animaux sauvages pourraient être déclin d'ici 2020 en raison des activités humaines, selon un nouveau rapport du World Wildlife Fund (WWF) et de la Société zoologique de Londres, une association de conservation de la nature.

Le Living Planet Report, publié par WWF tous les deux ans, affirme que les populations de vertébrés (dont les mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens et reptiles) avaient diminué de moitié entre 1970 et 2012. Évidemment, quantifier la perte nette de biodiversité est une tâche délicate, et ces extrapolations sont sujettes à débat au sein de la communauté scientifique. Toutefois, la WWF avertit que si nous n'agissons pas dès maintenant, ces prédictions seront de plus en plus pessimistes.

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« En une génération à peine, nous avons observé un important déclin des populations d'animaux sauvages, » affirme James Snider, vice-président du département de science, recherche et innovation de WWF Canada. « Le plus troublant, c'est que nos observations montrent une accélération de ce déclin. » Le rapport de 2014 montre un déclin de 52% en quarante ans, précise-t-il. « Si rien n'est fait, nous estimons que d'ici 2020, les deux tiers des populations d'animaux sauvages seront concernées. »

Un putois à pieds noirs à Saskatchewan. Selon WWF Canada, la dégradation de l'habitat est la plus grande menace à laquelle la biodiversité doit faire face. Image : Troy Fleece/WWF-Canada

Le rapport a pris en compte trois biomes différents : les océans, les milieux d'eau douce, et les milieux terrestres. Les espèces d'eau douce étudiées semblent avoir été particulièrement touchées par ce phénomène, puisque leurs populations ont décliné de 81% entre 1970 et 2012. (Ce déclin était de 38% pour les animaux terrestres, et de 36% pour les animaux marins.) Le rapport met l'accent sur la situation alarmante des dauphins de rivière, comme le dauphin de l'Irrawaddy, qui vivent dans les régions côtières de l'Asie du Sud-Est ; un grand nombre d'individus meurent après avoir été accidentellement empêtrés dans les filets des pêcheurs.

Au Canada, au mois de mai, pas moins de 739 espèces sauvages étaient en danger, affirme WWF Canada.

Il faut bien comprendre que le rapport de la WWF ne sous-entend pas que les deux-tiers des espèces sauvages seront éteintes ou en danger d'extinction en 2020 : par déclin, on entend une réduction du nombre total d'individus présents dans la nature. Le rapport ne vise pas à recenser la diversité et le nombre des espèces sauvages, mais bien à observer l'évolution de la taille des populations animales. Cependant, lorsqu'une espèce doit faire face à une forte pression environnementale, une réduction importante du nombre d'individus au sein de ladite espèce peut la condamner. « Les populations animales de petites tailles sont plus vulnérables que les autres face à l'extinction, » note Snider.

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Surveiller la perte de la biodiversité est une tâche importante, qui expose néanmoins les chercheurs à de nombreux biais et à une grande incertitude. Pour constituer ce rapport, les chercheurs ont contacté des organismes, des institutions et des universitaires du monde entier, précise Snider. Avec ce genre d'analyse, le risque est de comparer des torchons et des serviettes : les différents organismes et experts utiliseront des méthodes et des données différentes dans leur travail d'inventaire. De plus, nous disposons de très peu de données sur certaines espèces et certaines régions du monde.

Selon Snider, l'équipe ayant travaillé sur le rapport a fait tout son possible pour standardiser, lisser et harmoniser au mieux les données. En outre, ces méthodes de standardisation ont été contrôlées par des pairs (Le premier Living Planet index de la WWF a été publié en 2005).

Une migration de caribous dans la toundra. Les caribous étaient autrefois l'une des espèces les plus communes au Canada, selon WWF-Canada. Aujourd'hui, la taille des hardes a diminué de près de 95%. Image : Bryan and Cherry Alexander/WWF-Canada

Il faut ensuite déterminer quel est le seuil critique de la perte de la biodiversité, au-delà duquel nous nous acheminerions vers une catastrophe planétaire. Le rapport défend justement l'idée « de limites » à ne pas dépasser, ce qui sous-entend aussi qu'en-dessous de cette limite, l'état des écosystèmes serait plus ou moins acceptable. Ce présupposé est très controversé au sein de la communauté scientifique.

Il y a quelques mois, une étude publiée dans Science a montré que la biodiversité s'était déjà effondrée au-delà d'un seuil acceptable sur 58% de la surface terrestre environ (cette étude est d'ailleurs citée dans le rapport de la WWF). Encore une fois, comme nous l'avions expliqué sur Motherboard il y a peu, ce constat fait polémique car il est pétri d'incertitudes à la fois sur le plan théorique et sur le plan empirique.

Ceci mis à part, le déclin des espèces est incontestable, et causé par la dégradation de l'habitat, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution, le braconnage et le changement climatique. Le nombre d'éléphants d'Afrique a chuté d'environ 111 000 têtes depuis 2006, selon le rapport du WWF. Un tiers des requins, raies et pocheteaux sont menacés d'extinction à cause de la surpêche. Les baleines et les orques ont migré vers l'Arctique à cause du réchauffement climatique, ce qui devrait avoir d'énormes conséquences sur la chaine alimentaire puisque ces animaux sont des surprédateurs.

Le rapport souligne que le développement des énergies renouvelables, la réduction du volume de déchets alimentaires, et le fait d'intégrer la menace du changement climatique aux business models des entreprises sont des solutions possibles, mais qui ne pourront jamais être mises en place assez rapidement.

« Les systèmes écologiques qui intègrent la faune sauvage intègrent également l'espèce humaine, » souligne Snider. « Nous devons inverser la tendance, pas seulement pour la biodiversité, mais pour nous-mêmes. »