L'armée russe se dote de "chasseurs de drones" d'élite

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L'armée russe se dote de "chasseurs de drones" d'élite

Le brouilleur radar peut perturber les communications ennemies, empêchant les stations de contrôle au sol de piloter leurs drones par satellite.

L'armée russe vient de créer une unité terrestre spécialisée dans la lutte contre les drones ennemis. L'unité – la première de son genre en Russie – utilise un système de brouilleur radar qui, en théorie, peut couper les connexions radio entre les véhicules aériens sans pilote et leurs opérateurs.

Selon les communications officielles du Kremlin, les brouilleurs russes auraient réussi à forcer l'atterrissage de drones par le passé. Mais cela ne signifie pas pour autant que les flottes de drones militaires du monde entier sont en péril, mettant à mal les stratégies de renseignement, surveillance et dissuasion de nos armées.

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L'unité anti-drone sera formée à Koursk, dans l'ouest de la Russie, a annoncé le Kremlin le 28 octobre : "L'unité sera composée de sous-traitants, de sergents et d'officiers spécialisés dans la lutte contre les drones."

"Ce seront les forces spéciales de la guerre électronique", a déclaré le colonel Alexander Vostrikov, commandant de l'unité, dans le communiqué.

La photo accompagnant l'annonce du Kremlin montre un brouilleur Krasukha, un puissant émetteur radio monté sur un camion lourd. La Russie a déployé des systèmes Krasukha en Syrie dans le but de former un bouclier électronique autour des forces russes et alliées. Le brouilleur radar peut perturber les communications ennemies, empêchant les stations de contrôle au sol de piloter leurs drones par satellite.

L'Iran a acquis les anciens brouilleurs Avtobaza auprès de la Russie. Un Iranien, Avtobaza, aurait joué un rôle central dans les efforts soigneusement coordonnés de Téhéran pour abattre un drone furtif RQ-170 de l'US Air Force à la frontière entre l'Iran et l'Afghanistan en décembre 2011.

Les troupes iraniennes ont utilisé leur Avtobaza pour perturber le signal radio entre les satellites américains et le RQ-170, puis ont transmis leurs propres commandes au drone, lui ordonnant d'atterrir, selon le général de brigade Amir Ali Hajizadeh, le chef de la branche aérienne du Corps des gardiens de la révolution islamique en 2011. Téhéran a rapidement démonté et copié le drone anti-radar.

Les techniques extrêmement longues et complexes employées par les Iraniens pour contrôler le RQ-170 devraient réconforter les opérateurs de drones : ce n'est pas tous les jours qu'un de leurs appareils est saisi par l'ennemi. Il aura fallu quatre ans aux troupes de Téhéran pour apprendre comment suivre le RQ-170 et prédire ses déplacements le long de la frontière.

Pour qu'un brouilleur de radio fonctionne, il doit être assez proche du signal que son équipe veut perturber. L'Avtobaza, pour sa part, peut détecter des cibles dans un rayon de 150 km, selon Air Power Australia, un groupe de réflexion indépendant spécialisé dans les systèmes électroniques militaires. Le brouillage nécessite plus de puissance que la détection : la distance à laquelle l'Avtobaza peut perturber un drone est donc nécessairement inférieure à 150 km.

C'est pour cette raison que les brouilleurs russes et les nouvelles "forces spéciales" anti-drones qui les opèrent ne posent pas nécessairement un risque existentiel aux drones des autres armées. Les chasseurs de drones russes pourraient avoir toutes les peines du monde à trouver des cibles. "Cela me semble très difficile à réaliser à moins de savoir où la cible va se situer, et quand", explique un ancien développeur de drones américains sous couvert d'anonymat.

Le Kremlin semble avoir conscience de ces difficultés, et insiste sur la spécificité de l'entraînement de sa nouvelle unité. "La formation des militaires de cette unité sera beaucoup plus longue celle des unités classiques", a déclaré Vostrikov.