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Le sang du Dragon de Komodo pourrait vous sauver la vie

Ce lézard géant est l'un des animaux les plus redoutables au monde. Mais cette fois-ci, il vous veut du bien.

Retournement de situation : la créature sanguinaire qui hante les cauchemars de tous les Indonésiens et dévore des humains dans le film Skyfall pourrait bien nous sauver la vie.

Le sang des dragons de Komodo, le plus gros lézard carnivore du monde, possède des peptides antimicrobiens en abondance. Cette caractéristique aide l'animal à survivre dans des conditions très difficiles, et selon un article publié ce mois-ci dans Journal of Proteome Research, il pourrait également aider les humains à lutter contre la résistance aux antibiotiques.

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Les peptides antimicrobiens sont de petites protéines que l'on pourrait décrire comme « les antibiotiques du corps. » Sans eux, les vertébrés – chiens, chats, humains, lézards – mourraient dans d'atroces souffrances à la première infection venue.

« Nous avons étudié les peptides d'espèces inhabituelles vivant dans des environnements extrêmes, » m'explique Barney Bishop, professeur à l'Université George Mason de Virginie et auteur principal du papier. Son idée était d'examiner comment des animaux vivant dans des milieux inhospitaliers grouillant de bactéries pouvaient non seulement survivre, mais aussi dominer leur environnement.

Financée par la Defense Threat Reduction Agency américaine (DTRA), l'équipe de scientifiques avait pour mission de trouver de nouveaux médicaments en étudiant le sang des alligators – des animaux capables d'éviter les infections en cas de blessure ouverte, lorsque leur queue ou leurs membres ont été tranchés, par exemple – et celui des dragons de Komodo du St. Augustine Alligator Farm Zoological Park, en Floride.

« Nous avons choisi les dragons de Komodo parce que leur salive contient un mélange complexe de bactéries, » explique Bishop. Or, ce cocktail microbien très particulier semble protéger les dragons de Komodo des infections.

Dans ce cocktail, on trouve un genre de peptides extrêmement rare : les Peptides Antimicrobiens dérivés des histones (HDAP). Même si les chercheurs avaient déjà trouvé des HDAP dans la nature auparavant (la Buforine, par exemple), ils ont déniché des dizaines de nouveaux types de HDAP dans le sang des dragons de Komodo.

Les chercheurs ont séquencé et analysé des centaines de milliers de peptides de dragon différens. En utilisant les données issues du séquençage, ils ont prédit que certains types de peptides étaient susceptibles d'avoir un effet antimicrobien. Parmi les 40 peptides les plus prometteurs, ils en ont étudié huit, de très près. Leurs résultats sont extrêmement positifs.

« Nous avons identifié plusieurs peptides possédant une combinaison intéressante de propriétés antibactériennes, et de ce que nous appelons des activités antibiofilm », explique Bishop. Les biofilms sont des communautés de bactéries possédant une résistance accrue aux antibiotiques et capables d'échapper à la vigilance du système immunitaire, comme la plaque dentaire. Or, le sang de dragon de Komodo peut perturber ce biofilm, permettant aux antibiotiques d'agir sur les bactéries.

« Ces peptides pourraient donc devenir des antibiotiques extrêmement efficaces », explique Bishop, « voire nous fournir des modèles inestimables pour le développement de nouveaux médicaments. Leurs applications médicales sont innombrables. » Les nouveaux antibiotiques sont rares, et l'utilisation peu modérée des antibiotiques existants a provoqué un phénomène dramatique de résistance au niveau mondial. Espérons que le dragon de Komodo saura nous sortir de ce mauvais pas.