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À la rencontre d’une sorcière professionnelle

La concurrence est rude, selon Lunadea.
Lunadea
Lunadea. Alle foto's door de auteur

La société a traité les sorcières avec cruauté tout au long de l'histoire. Par conséquent, s'identifier ouvertement comme telles n'a pas toujours été la meilleure des idées. Mais maintenant que les sorcières ne sont plus persécutées, du moins dans la plupart des pays, cette pratique est de plus en plus courante et acceptée.

Bien qu'il n'existe pas de données officielles sur le nombre de sorcières modernes, un hashtag comme #witchesofinstagram est associé à 5,4 millions de posts. De toute évidence, l'art de la sorcellerie, autrefois pratiqué en secret, est devenu plus commercial.

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Pour savoir combien rapporte vraiment la sorcellerie, j'ai rencontré Lunadea Jankiewicz, 38 ans, sorcière professionnelle et entrepreneuse à succès. Alors qu'elle étalait ses cartes de tarot, nous avons discuté de son business model, de la mode des sorcières et de la concurrence croissante dans son domaine.

VICE : Salut Lunadea, quelle est la journée typique pour une sorcière ?Lunadea : Chaque sorcière a sa propre spécialité, mais je me qualifie pour rire de « cybersorcière », parce que je suis souvent derrière mon ordinateur, en train de préparer le contenu de mes cours et de mes ateliers. Je suis professeure avant tout. Sinon, je commence la journée par un rituel pour honorer mes ancêtres. Je place une petite partie de mon repas à côté d'un autel, avec de l'encens et des bougies. Ce matin, j'ai offert des cornflakes et du café. Au déjeuner, j'ajoute un peu de pain. Quand on est sorcière, les ancêtres sont très importants. Vous les honorez et, en retour, ils vous aident à atteindre vos objectifs.

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Lunadea publie chaque année un « calendrier des sorcières ».

Ça veut dire quoi, être une sorcière ?
La sorcellerie est un mode de vie : elle combine le contact avec la nature, la célébration du changement des saisons et la recherche de sa force primaire. Les sorcières modernes ne portent pas de robes noires et ne volent pas sur des balais, mais elles sont en phase avec leur propre spiritualité. Dans mon cas, j'enseigne à d'autres sorcières ce que la sorcellerie implique à travers des ateliers et des cours. Je travaille en parallèle sur un nouveau livre de sorcellerie et sur un calendrier de sorcières que je publie chaque année.

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Et tu gagnes ta vie grâce à cela ?
Oui, mais j'organise également un festival annuel de sorcières et je suis ordonnée pour célébrer des mariages rituels de sorcières. Je vends aussi des kits de démarrage pour les sorcières. En tout, je touche un peu plus de 3 000 euros par mois.

As-tu beaucoup de frais ?
J'emploie mon petit ami comme comptable. Je le paie 500 euros par mois. J'ai également dépensé pas mal d'argent pour tous mes domaines web, de sorte que les clients potentiels peuvent facilement me trouver lorsqu'ils tapent « cours de sorcellerie » sur Google, par exemple. Il y a aussi des frais d’envois, de logiciels et de locations de lieux pour mes ateliers.

Qu'apprennent les gens à tes ateliers ?
Comment fabriquer des bougies rituelles, comment évacuer l'énergie négative d'une pièce ou comment les cartes de tarot peuvent contribuer à répondre aux grandes questions de la vie. Des choses assez pratiques. Pour 600 euros, vous avez dix cours. Un cours de sorcellerie en ligne coûte 23 euros et est accompagné de vingt pages d'informations que j'ai écrites moi-même.

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Lunadea et ses cartes de tarot.

T'arrive-t-il de recevoir des demandes étranges parce que tu es une sorcière ?
Oui. On me demande au minimum une fois par semaine de lever une malédiction qui a été jetée sur quelqu'un. Je redirige ces personnes vers quelqu'un d'autre, parce que je n'ai pas le temps et que ce n'est pas mon domaine de compétence.

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Comment te démarques-tu des autres sorcières, sur le plan commercial ?
La concurrence dans le domaine de la sorcellerie a certainement augmenté, mais je suis l'une des sorcières les plus visibles sur les réseaux sociaux. Il faut beaucoup de temps, mais ça rapporte. Je suis surtout active sur Facebook et Instagram.

Est-ce que tu grimpes parfois sur un manche à balai, juste pour rire ?
Cette image a été inventée par l'artiste Pieter Bruegel au XVIe siècle. Il a été le premier à dépeindre les sorcières avec des balais, des marmites de potion et des chats noirs. Même si cette image date du Moyen Âge, elle est toujours très ancrée, même parmi les sorcières. Je ne me déplace pas sur un manche à balai, mais mes cours sur les herbes sont très populaires. D'ailleurs, la plupart des sorcières rêvent de vivre dans un chalet dans les bois.

Merci, Lunadea.

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