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La vie sexuelle d’une fille qui fait semblant de jouir juste avec les gars

« Je m’imaginais que lécher une fille serait vraiment difficile, même si j’ai jamais pensé à rien quand je suçais des pénis et j’en ai sucé beaucoup. »

Citronnelle*, je l'ai connue dans un camp de vacances pour diabétiques à Morin-Heights. Nous y étions monitrices toutes les deux. Quand les enfants dormaient, je mangeais des tartines de beurre d'arachide en cachette dans la cafétéria, pendant que Citronnelle roulait des joints dans la forêt avec des mecs qui s'improvisaient experts en gang bang après.

Je détestais tout le monde parce que tout le monde parlait de permis de conduire, de poids et haltères, et d'admirateurs secrets. Citronnelle ne détestait personne. Elle ne pensait rien de personne, en fait. Sous la douche, elle empruntait le shampoing de la monitrice la plus près. Dans la forêt, elle suçait qui lui demandait.

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Je ne lui ai pas parlé si souvent pendant cet été-là. Je n'étais pas sociable, j'écrivais à mon meilleur ami et au meilleur ami de mes parents, et je me pratiquais dans le miroir pour faire des mimiques à la Angelina Jolie dans Jeune fille interrompue. J'ai revu Citronnelle à l'université, deux ans après l'été pluvieux passé à imiter des stars oscarisées dans les Laurentides.

Maintenant, nous n'allons pas au spa ensemble et je n'ai pas de tatouage qui matche avec les siens, mais je la connais autrement que comme la fille qui fait semblant de jouir contre un tronc d'arbre à minuit. Elle a accepté de me parler de ses expériences et confusions sexuelles, parce que c'est plus plaisant de parler de ça que de parler de ma passion pour les tartines au beurre d'arachide.

VICE: Quand tu avais 17 ans, tu parlais de masturbation. Tu es la première fille que j'ai connue qui parlait de masturbation ouvertement et sans honte. C'était important pour toi?
C'était vraiment difficile pour moi d'être seule pendant deux mois sans personne que je connaissais. Je pense que j'aurais fourré n'importe qui. Je trouvais toujours un prétexte pour pas être toute seule. J'ai même inventé qu'un des enfants dans mon groupe m'avait raconté que sa grand-mère était morte et que ça m'avait fait penser à ma mère qui était morte parce qu'un gars saoul l'avait écrasée. Mais c'était pas vrai. Ma mère était vivante. Je voulais juste qu'un moniteur me prenne dans ses bras. C'est vrai que je me masturbais, par exemple, au début. Après, je voulais pas qu'on me juge trop, je voyais qu'on trouvait ça dégueu que je le fasse dans ma tente, alors j'ai arrêté et j'ai baisé avec des moniteurs.

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Avant d'être au camp, ta sexualité était-elle aussi importante?
Je me sentais pas bien et je me servais de ma sexualité pour me sentir mieux. Je pensais que j'étais lesbienne. Mais j'avais peur de pas aimer les vulves, de pas savoir quoi faire avec une vulve dans ma face. Je savais pas si j'allais juste avoir envie de dire « pardon » ou « allô ». J'ai pas couché avec une fille avant d'avoir 23 ans. À 17 ans, avant d'aller au camp, j'avais eu des fuck friends. Je voulais aimer ça, baiser.

C'est quoi ta pire expérience sexuelle?
J'ai vomi après avoir baisé avec un gars. C'était le frère de ma meilleure amie. C'était dans la chambre de ma meilleure amie que j'ai vomi.

C'est quoi ton expérience sexuelle la plus mémorable positivement?
Je suis sortie avec une fille qui travaillait dans une boutique de jouets érotiques. Elle en avait piqué et on avait passé une nuit à tester ça et à comparer notre plaisir.

Est-ce que tu te considères comme lesbienne maintenant?
Je me sens mieux, avec une fille, mais je peux être en couple avec un gars ou une fille. Je trouve ça plus facile, quand je suis avec une fille. Je peux pas te dire pourquoi. C'est comme ça pour moi; ça veut pas dire que c'est la solution pour toutes les filles qui sont pas bien en couple avec des gars. Je mens pas quand je suis avec une fille. Avec les gars, je fais encore semblant de jouir même si je sais que c'est con.

C'était comment, ta première expérience avec une fille?
J'avais peur d'être maladroite alors je voulais juste pas m'en souvenir, de ce qui se passerait. Une collègue voulait me présenter une amie. On est sorties à quatre dans un bar. J'ai trop bu. L'autre fille aussi. Je suis allée chez elle. Dans le taxi, j'avais envie de vomir, mais je sais que j'arrêtais pas de lui dire que je voulais la même craque de seins qu'elle. J'ai jamais eu de craque. Je m'étais rasée avant la soirée et je me demandais si mon poil avait eu le temps de repousser et si je serais trop piquante. Chez elle, elle m'a offert du thé. Elle avait deux colocs. Ils jouaient à des jeux vidéo. J'avais vraiment envie de retourner chez moi, mais j'étais aussi excitée. Fatiguée et excitée. Fatiguée d'avance parce que je m'imaginais que la lécher serait vraiment difficile, comme si lécher une fille, c'était un truc assez dur pour organiser une levée de fonds collective, même si j'ai jamais pensé à rien quand je suçais des pénis et j'en ai vraiment sucé beaucoup.

Est-ce que tu trouves ça difficile? Tu aurais besoin d'un manuel avec les photos de toutes les formes de clito et grandes lèvres pour savoir quoi leur faire?
C'est pas difficile finalement. Je rentre pas deux doigts dans le vagin de toutes les filles et un doigt dans leur anus. Je crois pas aux recettes. J'ai pas besoin de me saouler pour aimer ça, être avec une fille. Et quand je jouis pas, je me sens pas mal. Je propose pas un Scrabble ni un dernier verre. C'est pas la fin du monde. Je sais pas pourquoi j'ai encore envie des mecs. C'est pas pour leur pénis. C'est pas parce que je veux plus être toute seule. J'aime ça aussi, être avec eux.

Quand tu te masturbes ou que tu regardes de la porno, tu regardes quoi?
Pas de la porno lesbienne. Je regarde des fausses patrouilles de frontières. Si je te donne pas mon vrai nom, c'est pour ça, j'ai honte. Je jouis en regardant des faux policiers déshabiller des filles aux frontières. C'est tourné en montagne. Le gars reste toujours habillé et il déshabille une pauvre fille qui veut habiter aux États-Unis. Ça fait un mois que je regarde ça. Sinon, je regarde aussi quelques minutes de n'importe quel film sur Netflix qui apparaît quand je tape « lesbians ».

* Le prénom de la personne interviewée a été changé pour préserver son anonymat.