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Ce qui nous attend si l'Océan Austral se réchauffe d'un degré Celsius

En étudiant les espèces microscopiques qui peuplent les fonds de l'océan austral, des chercheurs ont entrevu les conséquences du réchauffement des océans.
Image : Gail Ashton

N'en déplaise à Claude Allègre et à sa clique de sceptiques, le changement climatique est bien réel. Cependant, son impact divise la communauté scientifique : que changerait un degré Celsius supplémentaire ? Deux degrés ? Et quid des océans ? Les études in situ sur les conséquences d'une augmentation de la température des mers sont encore peu nombreuses.

Désormais, grâce à une étude publiée jeudi 31 août dans la revue Current Biology, nous savons que l'écosystème de l'océan Austral réagit de façon dramatique quand il est exposé à une augmentation d'un ou deux degrés Celsius. Même les auteurs du papier ne s'attendaient pas à un tel bouleversement.

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Gail Ashton, l'auteure principale de l'étude, est chercheuse au sein du British Antarctic Survey et du Smithsonian Environmental Research Center. "Nous savions qu'il y aurait des changements, mais c'est l'étendue de ces changements qui nous a surpris, m'a-t-elle déclaré pendant une interview téléphonique. Nous prévoyions une augmentation du taux de croissance [de certains organismes] de 10%. Au final, c'était 100%."

Des chercheurs ont déjà tenté de reproduire les conditions de l'océan Austral en laboratoire pour étudier les conséquences du réchauffement sur la faune et la flore. Gail Ashton et son équipe de spécialistes des micro-organismes marins, eux, ont préféré prendre leurs mesures sur site. Pour ce faire, ils ont disposé de petits blocs de plastique munis de dispositifs chauffants sur le plancher océanique. Ces engins leur ont permis de contrôler la température du sol et des trois millimètres d'eau alentour. Les chercheurs ont ajouté 1°C à la température de l'environnement d'un premier groupe de blocs, et 2°C à un second groupe. Un groupe contrôle, qui n'a connu aucun changement de température, a également été observé.

Après neuf mois d'expériences, Ashton Gail et ses coéquipiers ont dû conclure qu'un seul degré supplémentaire aurait des conséquences dramatiques sur les résidents des eaux antarctiques. Certaines espèces avaient doublé de taille. Un lichen, Fenestrulina rugula, était devenu si prospère qu'il menaçait la biodiversité autour des blocs chauffants. Les espèces voisines étaient dépassées par les événements, mais aucune n'avait disparu. D'autres espèces, notamment le ver marin Romanchella perrieri, étaient devenues 70% plus grosses dans les eaux chauffées qu'auprès des blocs contrôle.

Les chercheurs ne tirent pas de conclusions hâtives de ces résultats ; un degré supplémentaire pour l'ensemble de l'Antarctique est un scénario difficile à simuler. Cependant, comme les espèces qui ont été touchées par son expérience se trouvent tout en bas de la chaîne alimentaire, il est à craindre qu'un changement dans leur écosystème perturbe toute la chaîne de prédation - et ce jusqu'aux humains.

"Ces résultats montrent que nous verrions sans doute des changements majeurs sur les espèces du plancher océanique, tant au niveau du taux de croissance que dans la biodiversité", conclut Ashton.

En mars dernier, une étude publiée dans Science Advences a montré que les océans se réchauffaient plus vite que nous le pensions. Nous devons comprendre ce que cela signifie, et vite. Nous ne serons peut-être pas capables de nous adapter aux bouleversements déclenchés par un ou deux degrés supplémentaires.