Confrontés à la fonte des glaces, les sous-marins nucléaires s'entrainent pour la guerre arctique
Image : Arctic Submarine Laboratory/Facebook

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Confrontés à la fonte des glaces, les sous-marins nucléaires s'entrainent pour la guerre arctique

Des centaines de soldats de l'US Navy et de la Royal Navy britannique vont se rencontrer sous la banquise dans l'océan Arctique à l'occasion de l'ICEX 2018.

Trois sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) de l'US Navy se sont rendus au pôle nord ce mois-ci dans le cadre d'un exercice militaire d'une importance décisive en Arctique.

L'ICEX 2018, qui a débuté officiellement le 6 mars dernier, implique cette année davantage d'unités que lors des éditions précédentes en 2016, 2014 et 2011 ; il simulera les conditions de combat avec un réalisme sans précédent pour un exercice militaire sous-marin organisé sous la glace.

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Les sous-marins américains USS Connecticut et USS Hartford vont, à cette occasion, rencontrer le Trenchant de la Royal Navy britannique sous la banquise, dans l'océan Arctique. Les véhicules, transportant chacun plus de 100 marins, rassembleront également des dizaines de chercheurs rattachés à des agences gouvernementales et des universités.

Les sous-marins sont dotés de voiles solides (la structure en saillie située sur la coque principale) capables de percer plusieurs mètres d'épaisseur de glace. Des photos de l'Arctic Submarine Laboratory de l'US Navy, le bureau de San Diego qui coordonne l'exercice, indiquent que le Connecticut a été le premier sous-marin à arriver sur les lieux au début du mois de mars.

L'Alaska Air National Guard américaine a largué des ballots de ravitaillement et de matériaux de construction pour aider l'équipe scientifique à construire une base temporaire sur la glace pouvant accueillir 50 personnes environ.

Tandis que les scientifiques étudient l'environnement arctique, et plus particulièrement les effets du changement climatique sur la banquise, les sous-marins manoeuvreront sous la glace. "À chaque nouvelle édition de l'ICEX, nous acquérons de l'expérience qui nous permet de mieux opérer dans cet environnement unique et extrêmement exigeant", a déclaré James Pitts, commandant du sous-marin Warfighting Development Center de la US Navy.

Seuls deux sous-marins de la flotte mobilisée ici avaient déjà participé à des exercices similaires auparavant. L'ICEX 2018 sera particulièrement décisif, selon le lieutenant Courtney Callaghan, porte-parole de l'US Navy, avec qui je me suis entretenu par email depuis l'Arctique.

"Cette année, l'infrastructure du camp est conçue pour l'organisation d'expéditions ; le camp sera plus léger, plus mobile, plus facile à installer et à démonter", écrit Callaghan. La marine américaine a de bonnes raisons de vouloir améliorer la mobilité du camp. Le dernier exercice en 2016 s'est terminé une semaine plus tôt que prévu, quand une fissure est soudainement apparue sous la base principale, menaçant l'ensemble des opérations.

Cette année, les sous-marins tireront des torpilles, a déclaré Callaghan. Cela permettra aux équipages d'acquérir une expérience critique en manipulation d'armes sous-marines, et aux plongeurs qui doivent récupérer les torpilles de s'entrainer en conditions hyper réalistes. La vidéo publiée par l'US Navy montre un plongeur s'enfonçant dans les eaux glaciales de l'océan Arctique grâce à un trou percé dans la glace.

C'est en 1959 qu'un sous-marin américain a fait surface pour la première fois à travers la glace arctique. Depuis, la flotte américaine a complété 27 ICEX. Les exercices pourraient gagner en importance à mesure que le changement climatique transforme l'environnement arctique.

"La diminution de l'épaisseur, de la robustesse et de l'étendue de la glace en Arctique entraînera un meilleur accès aux activités touristiques, une augmentation des activités navales, d'exploration et d'extraction de ressources, ainsi qu'une augmentation des activités militaires", a averti le Pentagone dans un rapport de 2015. "Ces facteurs pourraient augmenter les besoins en capacités de recherche et de sauvetage, ainsi qu'en suivi du trafic naval. De même nous devront être en mesure de répondre aux crises et autres événements imprévus dans la région."