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Des scientifiques ont découvert une vulnérabilité exploitable dans le VIH

Cette découverte ouvre la voie à une nouvelle gamme de traitements encore plus efficaces pour combattre le rétrovirus.

Une équipe de chercheurs du Conseil de la recherche médicale britannique (MRC) a découvert que le VIH utilisait une technique spécifique pour infecter des cellules saines sans déclencher de réponse immunitaire. Leur travail, décrit cette semaine dans la revue Nature, propose une nouvelle cible pour la recherche sur les traitements anti-VIH, ainsi qu'une manière plus efficace d'administrer les traitements existants.

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Le HIV est un rétrovirus. Il est constitué de matériel génétique de type ARN et d'un manteau de protéines protecteur appelé capside. Son processus d'infection consiste à pénétrer à l'intérieur d'une cellule saine avant de produire de l'ADN à partir d'ARN. Cet ADN sera intégré au génome de la cellule hôte, qui se comportera désormais de manière conforme à la programmation du virus. La plupart des virus utilisent leur propre ADN pour produire de l'ARN, qui sera inséré dans la cellule cible afin de contrôler sa production de protéines. Le VIH, fait les choses à l'envers : cette technique justifie d'ailleurs son nom de « rétrovirus. »

Les rétrovirus sont particulièrement redoutables dans la mesure où ils ne transportent pas eux-mêmes de l'ADN : en effet, les cellules possèdent des sortes de petits systèmes d'alarme qui permettent de détecter la présence d'ADN étranger et de déclencher une réponse immunitaire. Le VIH, lui, circule incognito. Cependant, il a tout de même besoin de nucléotides afin de pouvoir convertir l'ARN en ADN. (Rappel : Les molécules d'ARN sont des petites entités de matériel génétique codant pour des protéines spécifiques, tandis que les molécules d'ADN sont des sortes de datacenters génétiques contenant toute l'information génétique nécessaire pour bâtir un organisme donné. En quelque sorte, l'ADN contient les plans de construction nécessaires à l'activité de nombreux types d'ARN.)

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La façon dont le VIH parvient à se glisser sans la cellule en toute clandestinité était restée un mystère jusqu'à présent. Selon cette nouvelle publication, la réponse résiderait dans la présence de pores minuscules (représentés ci-dessous) situés le long de la capside de protection du virus. Les pores, qui s'ouvrent et se ferment comme des paupières, permettent au virus de capturer des nucléotides tout cachant sa vraie nature à la cellule le temps que celle-ci soit parfaitement reprogrammée.

« Jusqu'ici, on croyait que la capside devenait inutile dès lors que le virus était entré dans la cellule. À présent, nous savons qu'elle sert à protéger le virus contre notre système immunitaire, » explique l'auteur principal de l'article, Leo James. « Les voies d'accès que nous avons découvertes expliquent comment le virus se nourrit en nucléotides qui lui permettront de fabriquer de l'ARN et de forcer la cellule infectée à se répliquer. »

L'équipe de recherche du MRC ne s'est pas contentée de mettre à jour le secret le mieux caché du VIH : elle a également testé une méthode permettant de bloquer ce processus. Apparemment, l'hexacarboxybenzene est tout désigné pour cette tâche car il convoite les mêmes sites que les nucléotides à l'intérieur du virus. Ainsi, il serait possible d'envoyer des cargaisons d'hexacarboxybenzene à travers les pores du virus à la place des nucléotides. À haute concentration, l'agent chimique serait capable d'interrompre complètement les opérations de conversion de l'ARN en ADN. Or, privé de sa capacité à produire de l'ADN, le virus n'est plus qu'un tas inerte de protéines et d'acides nucléiques.

Cela ne signifie pas pour autant que l'hexacarboxybenzene est le remède miracle qui permettra de vaincre le VIH et de mettre fin à l'épidémie. Pour l'instant, son utilisation est à l'état de preuve de concept, et il y aura de nombreuses autres variables à maitriser avant de pouvoir en tirer un nouveau traitement. Néanmoins, cette découverte aidera très certainement les chercheurs à améliorer les traitement anti-VIH actuels, dont la plupart ciblent déjà le blocage de la conversation ARN/ADN.