FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Des chirurgiens envisagent d’utiliser des robots mous pour opérer leurs patients

Les couinements du silicium accompagneront bientôt le gargouillement des organes.

Parler de chirurgie inspire généralement le dégoût : le sang, la lumière blafarde, la stérilisation, le froid, l'éventualité de la mort… Des symboles qui plantent un décor d'autant plus funeste qu'ils sont associés à l'image d'un outil de métal tranchant s'enfonçant au plus profond des chairs humaines, les découpant sans le moindre ménagement.

Heureusement, ce tableau pourrait bientôt être adouci par les robots mous. Dans l'édition de février de IEEE Transactions on Robotics, des ingénieurs de l'Institut de Biorobotique décrivent un nouvel « outil modulaire mou pour la chirurgie mini-invasive. » Le concept a l'air un peu étrange, et pourtant, cette description correspond tout à fait à la réalité.

Il s'agit d'appareil activé de manière pneumatique à partir d'une matrice de silicium. Bien qu'il soit mou, il est capable d'acquérir la rigidité nécessaire à la réalisation d'opérations chirurgicales grâce à au phénomène dit de « brouillage granulaire » qui intervient lorsque certains matériaux, comme le sable ou la neige, se durcissent sous l'effet de la pression. L'utilisation du robot mou n'est pas si étrange qu'elle n'en a l'air. Ou du moins, pas autant que celle du robot chirurgical à tête de ver.

Comme l'expliquent les auteurs de l'article, le développement de la chirurgie mini-invasive est actuellement limité par une contrainte pratique pour le moins ennuyeuse : les organes à opérer sont généralement dissimulés par d'autres organes. « Ceci limite grandement l'exécution de nombreux gestes chirurgicaux, d'autant plus que nos instruments sont rigides et peu manipulables, » écrivent-ils. À l'inverse, l'outil qu'ils ont mis au point pourrait permettre de dégager très délicatement la voie vers la partie à opérer, en poussant, levant, et déplaçant légèrement les organes. Actuellement, il n'est pas assez précis pour être utilisé pour des tâches plus fines, mais les auteurs espèrent qu'il deviendra bientôt indispensable à l'utilisation d'instruments chirurgicaux mous.

Même si le module en question est très doux et qu'il ne risque pas d'endommager les organes, des tests ex vivo et in vivo seront nécessaires avant de pouvoir confirmer qu'il peut être utilisé sur un patient en toute sécurité.