Les militaires américains veulent créer "le bon pépère ultime"

Depuis des milliers d'années, l'humanité a eu la délicatesse de partager l'horreur de la guerre avec les animaux - embrigadant chevaux, chiens, éléphants, chauve-souris dans les opérations militaires, elle a inventé le concept formidable d'animal-soldat et très fière de son coup. Récemment, le Département de défense américain s'est fait une fierté de poursuivre cette tradition en tentant de créer le Bon Pépère Ultime - un chien patriote parfait sous rapports et redoutable d'efficacité sur le front.

Le United States Special Operations Command (USSOCOM), le département de défense qui fournit des forces spéciales formées et entraînées au commandement interarmées américain, entend trouver les produits pharmaceutiques à même de booster les performances de ses chiens en service, "les agents canins multitâches".

Les forces de police ont déjà transformés les chiens en chasseurs cybernétiques, mais aujourd'hui, l'USSOCOM a lancé un appel d'offre sur le marché biomédical dans le but d'acquérir un produit nutraceutique ou pharmaceutique capable d'aiguiser la vue, l'ouïe ou l'odorat canins, tout en améliorant son endurance et sa capacité à rester hydraté. Parce que l'USSOCOM travaille essentiellement avec des forces spéciales et que les chiens concernés travaillent dans des zones en guerre extrêmement dangereuses, le médicament devra également diminuer les effets possibles d'un traumatisme consécutif à une blessure avec de fortes pertes de sang.

"L'optimisation des capacités canines lui permettant de réaliser des tâches complexes, intenses sur des périodes prolongées, dans un environnement opérationnel extrêmement stressant et stimulant, permettra d'améliorer considérablement leur efficacité opérationnelle et leur résilience", note l'appel d'offres, visible sur le portail Business Innovation Research.

Non content de fournir des boules de poil sanguinaires aux Forces spéciales, l'armée américaine envisage de doter les couples homme/chien de "systèmes de communication actifs dotés d'une protection auditive". En bref, il s'agira d'écouteurs canins permettant aux soldats de transmettre des ordres à leur animal par radio.

"Un chien de travail militaire en service bénéficiera grandement d'une protection auditive et d'un système de communication. Cela permettra d'étendre sa durée de vie en bonne santé et d'améliorer ses performances à long terme", explique le Département de défense. "Afin de protéger ces agents d'élite ayant été formés sur la longue durée et de limiter le risque d'une perte auditive, l'USAMRMC [le département de R&D du centre de recherches médicales et matérielles de l'armée américaine] cherche à développer un système de protection auditive canine fonctionnel permettant la communication active dans l'environnement militaire. À l'heure actuelle, aucun système de ce type n'existe."

Évidemment, là où il y a de bons chiens-chiens, il y a aussi des jappeurs un peu trop expressifs. Le Département de défense précise donc dans son appel d'offre qu'il cherche un « inhibiteur de réponse canine », c'est-à-dire un moyen d'empêcher les chiens d'aboyer lorsque les soldats se déplacent en territoire ennemi.

En effet, le forces spéciales, par définition « doivent être en mesure de marcher ou courir sans être détecté dans les zones rurales et urbaines. Elles doivent aussi se déplacer sans alerter les chiens sauvages et domestiques de la zone concernée », précise l'appel d'offres. Ainsi, un bon outil d'inhibition permettrait de stopper les aboiements, les hurlements, les couinements, voire provoquer une perte de conscience de l'animal sur demande.

En bref, le bon pépère ultime est une sorte de robot doté d'un flair exceptionnel. Un robot qui obéit sans sourciller, qui ne montre aucune émotion et que l'on n'a pas envie d'abîmer trop vite car il coûte très cher à éduquer, dresser, former. Au moins, les superchiens seront assortis aux supersoldats défoncés à la Ritaline.