Sommes-nous tous potentiellement des vampires ?

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Sommes-nous tous potentiellement des vampires ?

Notre fact-checkeur intrépide s'attaque à une question épineuse : peut-on se transformer en vampire comme Salma Hayek après son strip-tease dans "Une nuit en enfer" ?
Genono
par Genono

Au panthéon des scènes cultes les plus libidineuses de l'histoire du cinéma, les vieux citeront Ursula Andress sortant de l'eau dans Dr. No, ceux qui se la racontent parce qu'ils comprennent tout le génie de David Lynch évoqueront la scène lesbienne de Mulholland Drive, et les mecs chelous s'arrêteront sur la connexion écolo-mystique d'Avatar. Les vrais hommes – et les fétichistes des pieds - ne jureront que par le strip-tease hypnotique de Salma Hayek dans Une nuit en enfer.

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Si cette scène a autant marqué les esprits, c'est principalement pour trois raisons. Premièrement, parce qu'il s'agit de Salma Hayek – un argument qui se suffit à lui-même. Deuxièmement, parce que l'actrice danse avec des serpents autour des bras, sachant qu'elle est opiophobe. La performance est donc d'autant plus impressionnante. Troisièmement, parce que le strip de Salma est précisément l'instant du film où tout bascule, où l'histoire de gangsters en cavale devient une histoire de lutte contre les vampires. En se transformant en suceuse de sang, Salma Hayek transforme un excellent film de gangsters en un incroyable film d'horreur fantastique. De Gomorra à The Strain, real quick.

A priori, imaginer qu'un taudis qui sert de l'alcool à la frontière mexicaine soit un repère de vampires assoiffés semble aussi improbable que de visualiser Salma se réveiller chaque matin aux côtés de François-Henri Pinault. Et pourtant, la science dit tout le contraire : le vampirisme est totalement plausible. Calmez-vous tout de suite : rien n'indique cependant que ces créatures de la nuit auraient forcément le physique de l'actrice mexicano-libano-américaine – oui, c'est autre chose qu'aller chercher ses origines en Bretagne.

Qu'est ce qui caractérise un vampire, dans le folklore traditionnel comme dans la fiction hollywoodienne ? Soif de sang, absence de reflet dans le miroir, jeunesse éternelle, métamorphose en chauve-souris, allergie au soleil, aux croix, à l'ail, à l'eau bénite, et aux pieux dans le cœur. Bien souvent, on les représente également avec une grande pâleur, mais le cinéma tendant à assimiler les notions de parité et de société multiethnique, toutes les communautés ont droit, depuis quelques années, à leurs propres vampires – bien qu'être allergique au soleil soit clairement un hobby de blanc, au même titre que les régimes sans gluten ou le bowling.

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La consommation de sang

L'espèce humaine a beau être naturellement encline à consommer de la viande trop cuite ou des légumes mal assaisonnés, la consommation de sang humain, un grand tabou dans la plupart des civilisations, existe depuis la nuit des temps, en étant régulièrement associée au cannibalisme. Surtout, cette pratique a intégré la plupart des folklores et des religions, quelles que soient les époques et les lieux, prouvant que la fascination du vampirisme est ancrée dans l'imaginaire collectif de l'humanité toute entière.

Dans l'Egypte ancienne, par exemple, la déesse Sekhmet – divinité (entre autres) des menstruations, un poste pas franchement folichon - était réputée pour sa soif de sang ; tout comme Chesmou, le dieu du vin et du sang. Les Mayas vénéraient Zotzilaha, une divinité dont la représentation est spectaculairement semblable aux versions hollywoodiennes du vampire moderne : un humanoïde à face de chauve-souris, aux énormes dents, et aux grandes ailes formant une cape – ok, on est encore loin de Salma Hayek. Mais la religion la plus vampiresque est probablement celle des Aztèques mexicains, à cause de leur culture du sacrifice humain et des pouvoirs surnaturels du cœur humain et du sang. Plus tard, dans la littérature romaine du premier siècle, les Stryges – sortes de Gargoyles - étaient présentées comme des créatures aimant s'enivrer de sang.

Hormis ces traces historiques plus folkloriques que crédibles, de nombreuses sources mènent à penser que le véritable vampirisme – celui qui consiste, pour un homme, à boire du sang humain - existe depuis des siècles. L'Abbé Augustin Calmet en dressait déjà le constat au XVIIIème siècle à travers plusieurs volumes de ses traités et dissertations sur les « apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie », un titre bien trop long que l'on résumerait en 2016 par : « Fast-Checking : ok, les vampires, c'est juste du flan ? ».

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Trois siècles avant Motherboard, l'Abbé Augustin expliquait ainsi que les légendes sur les vampires n'étaient que des extrapolations au sujet des pratiques des peuples sous-alimentés des balkans – ce qui est probablement très raciste. Il est vrai qu'historiquement, les cas de vampirisme associés au cannibalisme se retrouvent en toute logique démultipliés pendant les périodes de famine, même si dans la plupart des cas, il ne s'agit que de vulgaires épisodes d'hystérie collective.

Les cas les plus intéressants sont sans conteste ceux d'Arnold Paole et Petar Blagojević, respectivement soldat autrichien et paysan serbe – la Serbie étant une province autrichienne à l'époque -, tous deux morts à deux ans d'écart, en 1725 et 1727, à quelques kilomètres de distance. L'un comme l'autre furent aperçus quelques semaines après leur mort, à la recherche de nourriture et de sang, laissant derrière eux quelques victimes. Tous deux furent re-tués de la même manière : un bon vieux coup de pieu dans le cœur. Si le cas de Petar est plutôt lié à une tradition orale invérifiable – malgré quelques articles de presse de l'époque -, celui d'Arnold est assez frappant, notamment parce que les autorités prirent l'affaire très au sérieux, menant une enquête tout à fait officielle.

Historiquement, les légendes sur les consommateurs d'hémoglobine sont généralement associées à des cas de nobles psychopathes suffisamment fortunés et puissants pour sévir pendant un certain nombre d'années, comme Elizabeth Bathory, comtesse hongroise réputée pour son obsession des bains de sang de vierges – la légende raconte même qu'elle ne supportait pas d'être essuyée par des serviettes, et qu'elle demandait à se faire lécher entièrement le corps par des servantes. De la même manière, à l'époque moderne, les véritables vampires sont généralement de simples tueurs en série un peu psychopathes, comme par exemple Richard Chase, qui commença sa carrière de créature de la nuit en buvant le sang d'oiseaux et de lapins, avant de finir par boire littéralement ses voisins et des passants.

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Tous ces indices historiques ne prouvent évidemment pas l'existence réelle d'une race vampire humanoïde, mais ont le mérite de démontrer que la consommation de sang par l'homme existe, en tous lieux et à toutes les époques, que ce soit pour des raisons culturelles ou de manière déviante et isolée.

Mais Salma Hayek n'étant ni une psychopathe cannibale, ni une comtesse hongroise du XVIème siècle, la meilleure option pour faire d'elle une addict à l'hémoglobine est de faire appel à la médecine. Le vampirisme clinique est une psychopathologie si rare qu'elle n'est même pas officiellement reconnue ; mais quelques cas existent tout de même, permettant de justifier tout le folklore associé à ce comportement inquiétant – qui est en réalité le plus souvent une conséquence grave d'anémies aigües. Le psychologue américain Richard Noll, connu – entre autres - pour ses travaux sur la schizophrénie, le chamanisme et le satanisme, a ainsi proposé en 1992 de réunir tous les symptômes associés à la consommation de sang sous le terme « syndrome de Reinfield », en décrivant quatre stades : l'excitation face au sang, l'auto-consommation de son propre sang, la zoophagie (boire le sang d'animaux), et enfin le vampirisme clinique, consistant à goûter directement aux humains, consentants ou non.

Crédibilité scientifique de la consommation de sang : 80%. La pratique est historiquement avérée – par pur esprit psychopathe, ou pour des raisons pseudo-médicales. En revanche, si l'individu en question ne consomme QUE du sang, comme les vampires hollywoodiens, il risque de maigrir rapidement et de crever lentement de malnutrition.

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Conclusion : Etant donné la manière féroce dont Salma saute au cou de Tarantino pour le dévorer, le comportement psychopathe est la piste la plus probable. On pencherait même pour la pure schizophrénie, tant son comportement bascule d'un instant à l'autre.

La transformation par la morsure

C'est peut-être l'aspect le plus difficile à crédibiliser d'un point de vue scientifique. Les morsures –humaines ou animales - peuvent transmettre des maladies, des infections, voire même des cancers, comme dans le cas du Diable de Tasmanie. Si l'on suppose que le vampirisme est une maladie contagieuse, transmissible par contact entre la salive et le sang, alors il est techniquement possible de voir un individu touché en contaminer un autre par un simple coup de dents. Dans le cas des humains, la morsure peut transmettre le tétanos, le VIH et diverses hépatites. Simple, rapide, efficace : le mode de transmission idéal pour le vampirisme.

Cependant, une autre donnée est à prendre en compte pour que la morsure infectieuse soit suffisamment crédible : le vampire ne doit pas se nourrir uniquement de sang. Ou alors, il faut qu'un vaccin puisse endiguer l'épidémie de vampirisme. En effet, Costas J. Efthimiou et Sohang Gandhi, deux chercheurs de l'Université Centrale de Floride, ont publié en 2007 une étude mathématique aussi concise qu'efficace, ne laissant planer aucun doute : si l'on suppose que le premier vampire est apparu en l'an 1600, qu'il se nourrit de sang une fois par mois, et qu'il transforme à chaque fois sa proie, alors l'humanité aurait été décimée en très exactement 30 mois.

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Crédibilité scientifique de la transformation par morsure : 30%. Techniquement, c'est possible mais plutôt improbable – il faudrait un enchaînement de conditions assez miraculeux ; mathématiquement, à moins d'user de subterfuges, c'est impossible.

Conclusion : En vous mordillant, Salma ne vous transformera pas. Vous serez uniquement sa victime consentante, se sacrifiant pour lui offrir quelques minutes d'un repas un peu fade. On se console comme on peut.

Absence de reflet

Rien à faire. Pas possible. Vraiment. Même la cape d'invisibilité militaire théoriquement en cours de développement par l'armée américaine ne servirait à rien : soit vous êtes complètement invisible et vous n'apparaissez ni dans les miroirs, ni dans la réalité ; soit vous êtes complètement visible, et vous apparaissez dans les miroirs et dans la réalité. Il n'y a pas d'entre-deux, vous ne pouvez pas choisir d'apparaitre dans l'un et pas dans l'autre.

Crédibilité scientifique de l'absence de reflet dans le miroir : 0%. Ca n'existe pas.

Conclusion : Salma n'apparait jamais face à un miroir dans Une nuit en enfer. La crédibilité de son personnage de strip-teaseuse assoiffée de sang reste intacte.

Jeunesse éternelle

Salma Hayek a fêté ses 50 ans en 2016. Un demi-siècle. Si ce n'est pas la preuve que la jeunesse éternelle existe, trouvez-moi une meilleure explication pour ces photos.

Crédibilité scientifique de la jeunesse éternelle : 100%.

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Allergie au soleil

Au panthéon des allergies les plus relous, l'allergie au soleil tutoie le sommet, un rang au-dessus des allergies aux acariens, à l'eau, et une infinité mathématique au-dessus de l'intolérance des hipsters au gluten. Être allergique à la lumière du soleil – voire même à la lumière tout court, dans les cas les plus graves - c'est non seulement handicapant si l'on ambitionne d'avoir le moindre soupçon de vie sociale, mais c'est surtout très douloureux. La photodermatose, trouble allergique reconnu, touche –avec plus ou moins de vigueur - 10% de la population, et très majoritairement des femmes.

Mais il y a encore plus impressionnant que la photodermatose. La maladie génétique appelée Xeroderma Pigmentosum, touchant une cinquantaine de personnes en France, provoque, en cas d'exposition aux rayons ultraviolets du soleil, les mêmes effets graves et spectaculaires que ceux qui touchent les vampires hollywoodiens : la peau brûle littéralement.

Crédibilité scientifique de l'allergie au soleil : 100%. C'est une vraie maladie, rare mais potentiellement grave et fortement handicapante – la plupart des malades développent des cancers de la peau.

Conclusion : On a déjà vu Salma plusieurs fois en plein jour, et elle ne brulait pas - malgré tous les « HOT ! HOT ! SALMA HAYEK HOT BIKINI PICS ! » de votre historique internet. Piste à écarter.

Allergie aux pieux dans le cœur

Vous ne savez probablement pas ce que l'on ressent quand un pieu s'enfonce lentement mais inexorablement dans votre poitrine, jusqu'à transpercer votre cœur, et pour cause : si vous le saviez, vous seriez sur le point de mourir. Le pieu dans le cœur tue, aussi sûrement que la cartouche de chevrotine dans le cerveau, ou que la fiole d'arsenic dans l'estomac. Que vous soyez un vampire, un humain, ou un chien.

Crédibilité scientifique de l'allergie aux pieux dans le cœur : 100%. Tout le monde meurt en cas de pieu enfoncé dans le cœur, y compris Salma Hayek.

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Conclusion : Go lancer un kickstarter pour financer un combat Buffy-Salma avec des pieux en mousse.

Transformation en chauve-souris

Non, là, vraiment, personne n'y croit. Vous pouvez toujours vous fabriquer de fausses oreilles de chauve-souris et une cape, mais la seule réaction que vous provoquerez chez vos victimes sera « hé mec, lourd ton cosplay Batman ».

Crédibilité scientifique de la transformation en chauve-souris : 0%. L'évolution n'a pas prévu ça. Même les pires opposants à la théorie darwinienne vont se foutre de votre gueule.

Conclusion : De toute façon, pourquoi vouloir transformer Salma Hayek en rongeur volant ?

Mariage avec François-Henri Pinault

Aucun argument scientifique ne sera accepté.

Crédibilité scientifique du mariage entre Salma et François : 0%. Pure science-fiction de série Z.

Conclusion : Devenir un vampire assoiffé de sang qui se transforme en poussière au contact de la lumière du soleil : possible. Le couple Salma-François : impossible.