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« Personne n'est parfait » : à la rencontre des fans hardcore d’Elon Musk

Certains se voient rouler en Tesla, d’autres partir sur Mars avec Elon Musk. En France, ils sont des centaines à admirer l’entrepreneur d’origine sud-africaine.
Image : François Dettwiller

Ces derniers temps, plus rien ne va pour Elon Musk. Raillé pour avoir fumé un joint en pleine interview filmée, il a confié être au bord du burn-out, est poursuivi en justice pour avoir qualifié un sauveteur de pédophile, et des rumeurs courent sur sa possible éviction de Tesla par des actionnaires.

Malgré ces déboires, l’entrepreneur conserve le soutien indéfectible de milliers de personnes à travers le monde. Des fans, en grande majorité des hommes, qui apprécient les (très) nombreuses boîtes qu’il a créées ou dirigées — PayPal, OpenAI, Space X et Tesla, pour ne citer qu’elles —, ou tout simplement, qui apprécient Elon Musk. Et qui lui pardonnent tout. Ou presque.

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Pierre, 24 ans, dessinateur chez Air Liquide

Si on devait comparer Elon Musk à quelqu’un, ce serait qui ?

Iron Man. Ce n’est pas pour rien que celui qui a créé ce personnage a dit s’inspirer d’Elon Musk. Il a même joué dedans, genre un petit rôle [on a vérifié, et effectivement, c’est bien lui qu’on aperçoit dans cette vidéo, ndlr]. Ils ont plein de choses en commun. Déjà le physique. Elon Musk, il est charismatique. Rien qu’en le regardant tu sens qu’il a quelque chose de différent. Il y a aussi le fait qu’ils aient l’air de n’avoir peur de rien. Et qu’ils aiment tous les deux les belles voitures.

Certains le comparent à Steve Jobs…

Honnêtement, Steve Jobs, il était surcoté. Elon Musk, ce n’est pas seulement un bon commercial ou quelqu’un qui sait faire du marketing. Il maîtrise ça aussi bien que l'ingénierie.

On dit que ce serait lié au fait qu’il soit un peu trop sur le dos de ses employés ?

Je pense que c’est quelqu’un qui veut tout savoir, et tout savoir faire. Trop parfois. Mais pour moi ça peut aussi être un atout. J’ai connu des boîtes où ton N+1 ne sait pas du tout ce que tu fais comme travail, et je ne trouve pas ça bon. Je ne vois pas Elon Musk comme un bourreau à la Steve Jobs. Il est juste, on va dire… Très acharné.

Donc il a tout bon, Elon Musk ?

Il n'est pas parfait. Il est mégalo, il dérape trop sur Twitter. Mais personne n'est parfait. Imagine si Einstein ou d’autres avaient eu Twitter, je pense qu’ils en auraient posté aussi, des messages impulsifs.

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Il t’a déjà déçu ?

Quand il s’est mis à commercialiser des lance-flammes. Bon, en vrai, je pense qu'il l'a fait plus pour le fantasme. Ce n'est pas une arme que je vois finir au milieu d'une guerre ou dans les cités. C'est plus quelque chose qu'on verrait dans Alien. S’il l'a faite pour aller sur Mars, pourquoi pas… S’il avait voulu faire fortune dans la vente d’armes, surtout vu l’actuel président des Etats-Unis, il l’aurait fait depuis longtemps.

Xavier, fondateur du Paris Elon Musk Fan Club

Parlez-nous un peu de votre club

Je l’ai créé en juin 2018 pour deux raisons : agrandir mon cercle d’amis parce que mes amis proches ne sont pas vraiment fans d’Elon Musk, et parce qu’Elon ne peut pas sauver le monde tout seul. Du coup, j’essaye d’encourager et d’aider nos membres à monter leur propre start-up.

Qui sont-ils, ces membres ?

Pour la plupart, des jeunes entre 20 et 35 ans. Fans d’Elon Musk. Quand on se voit, on parle des news qui concernent Elon Musk, Space X, Tesla ou OpenAI. Ça, c’est 50% de nos conversations. Les 50 autres %, on parle de ce qu’on peut ou doit faire pour un jour s’asseoir à la même table qu’Elon.

Vous l’avez déjà rencontré ?

Je lui ai serré la main et je lui ai dit « I love you ». Ça a duré cinq secondes, je ne sais pas si ça compte. C’était après le lancement de Falcon Heavy, Elon fêtait ça dans un bar pas loin du Kennedy Space Center avec ses employés, je me suis incrusté.

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Qu’est-ce qui fait que vous l’admirez lui et pas un autre ?

Parce que si j’étais riche, je ferais exactement comme Elon Musk. J’utiliserais mon argent pour changer le monde, pas pour acheter des Lamborghini, des toilettes en or ou pour coucher avec des porn stars quand ma femme est enceinte comme un certain président. Les gens qui critiquent Elon Musk pensent qu’il est comme les autres PDG qui ne pensent qu’à l’argent. Alors que c’est exactement le contraire.

« Il avait réfléchi sur tout avant moi, mieux que moi. »

Antonin, 26 ans, développeur informatique spécialisé dans les jeux vidéo

Vous, votre truc, c’est Space X ?

Je suis un grand fan de science-fiction et d’exploration spatiale. Donc un projet qui consiste à aller coloniser Mars, ça me parle bien, oui. J’ai failli me proposer pour y aller, mais au final je ne l’ai pas fait, parce qu’un autre projet m’est tombé dessus au moment des inscriptions.

Un projet mieux que le fait d’aller sur Mars ?

Un gros truc, disons.

Vous vous intéressez aussi à l’intelligence artificielle. Que pensez-vous des discours un peu alarmistes d’Elon Musk à ce propos ?

J’aime beaucoup son entreprise OpenAI. Parce que c’est un projet open-source, ce qui est à féliciter, et pour les travaux qui y sont faits. Je n’ai pas forcément peur des IA. Je pense que c’est un peu un fantasme générationnel. En soit, ça reste des machines qui, si elles sont bien contrôlées, ne feront de mal à personne. Je crains plus l’avarice des gens qui les développeront.

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Est-ce qu’Elon Musk est avare ?

Il est plutôt philanthrope. Beaucoup de ses entreprises ont à terme un but bénéfique : des voitures électriques — bien qu’elles restent un produit de luxe, elles permettent de développer la recherche —, la colonie sur Mars dont le but est de sauver une partie de l’humanité si la Terre devient invivable. Il a aussi une plus petite société, moins connue, qui s’appelle Powerwall, autour des énergies renouvelables.

Morgan, 25 ans, en thèse de cosmologie

Depuis quand tu veux aller sur Mars ?

C’est devenu sérieux il y a cinq ans à peu près. A l’époque, ce n’était pas encore Space X mais Mars One [un projet de colonisation de Mars alors dirigé par Bas Lansdorp, ndlr]. En 2013, j’ai assisté au Million Martian Meeting à Darmstadt, en Allemagne. Ma grand-mère m’avait payé un billet. Malheureusement je me suis mis une grosse caisse la veille et j’ai raté pas mal de bonnes conférences. Ce n’est qu’après que je me suis vraiment intéressé à Space X, que j’ai commencé à rejoindre des groupes Reddit dédiés, tout ça. J’ai compris que Mars One c’était un peu du bullshit.

Parce qu’Elon Musk était mieux ?

Je l’ai compris grâce à Twitter quand un jour, quelqu’un lui a demandé comment il voyait la démocratie sur Mars. Moi, j’avais mon modèle de société en tête, j’avais passé beaucoup de temps à y réfléchir comme un connard. Et il a dit toutes les choses que je pensais être les plus importantes, comme le suffrage direct. Il avait réfléchi sur tout avant moi, mieux que moi.

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Donc Mars avec lui, c’est OK ?

C’est mon projet, oui. Tu rencontreras peu de mecs allumés comme moi qui seraient prêts à larguer une copine ou renoncer à avoir des enfants parce qu’ils savent qu’ils finiront sur Mars, mais j’en fais partie. J’ai beaucoup sacrifié pour.

Je pense qu’Elon Musk est peut-être un peu optimiste sur ses calendriers mais quand j’aurais 55 ans ce sera bon. D’après mes calculs ça coûtera à peu près 250 000 dollars aller-retour, soit pas beaucoup plus qu’une maison sur Terre finalement.

Pourquoi c’est si important d’aller là-bas, selon toi ?

Imaginons qu’on se retrouve avec un président un peu chelou à la tête d’un grand pays, qui a les codes de l’arme nucléaire — je dis juste ça comme ça… Et bien s’il l’active, on est faits. Il faut qu’on fasse une sorte de back-up, une sauvegarde de la Terre sur Mars, pour ne dire que le principal.

Ce sera quoi ton job de martien ?

Dans un premier temps il va falloir survivre, donc tu fais un peu de tout, des boulots techniques, tu colmates des brèches, tu fais en sorte de pouvoir te nourrir. Et puis à terme, je ne sais pas moi, y’a moyen que j’ouvre un bar où on boirait des bières martiennes.

D’ici là, on fait quoi ?

Moi, j’ai un club fusée. On se retrouve entre potes avec des bières pour regarder les lancements Space X. À la base c’était vraiment un prétexte pour passer du temps ensemble, mes amis ne sont pas tous des fans. J’ai une amie qui dit qu’elle subit, mais on a déjà fait des sprints ensemble pour essayer de voir l’ISS passer au-dessus de nos têtes à temps. Quand tu vois ce genre de truc, fan ou pas, t’es obligé d’être émerveillé.