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Le service postal canadien veut remplacer ses facteurs par des drones

Un drone ne risque pas de faire grève ou de retarder sa tournée pour prendre l’apéro chez un voisin.
Un drone quadricoptère livre un colis. Représentation 3D. Image : Shuttershock

Durant l'ère pré-Internet, les services postaux régnaient en maitres. Durant ma jeunesse, surveiller la boîte aux lettres dans l'attente de ma livraison de disquettes vierges destinées à héberger des dizaines de jeux PC soulevait chez moi une excitation terrible, et la livraison constituait le point culminant de ma journée. Mais depuis que l'email a pris son envol, l'activité de notre bonne vieille Poste a décliné, lentement. En-dehors des chats en ligne, les gens ont perdu l'habitude d'utiliser le courrier pour envoyer des lettres ou des objets.

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C'est la raison pour laquelle la Poste canadienne a annoncé qu'elle supprimerait progressivement la livraison de colis à domicile, déclenchant un scandale sans précédent dans le pays. (Les libéraux, qui avaient promis de préserver les services de courrier à tout prix, sont en train de revoir leurs positions.)

La technologie a accéléré la disparition des bureaux de poste au Canada, mais il y a de grandes chances pour qu'un autre type de technologie apporte un renouveau au système. En effet, la société envisage de tester les systèmes de livraison par drones pour effectuer des livraisons, selon un rapport de la presse canadienne.

Utiliser de engins aériens pour livrer des marchandises directement de l'entrepôt au client n'a rien de nouveau. Amazon développe un système de livraison par drone, baptisé Amazon Prime Air, depuis 2013. Les essais sont en bonne voie. Tout le monde est d'ailleurs sur le créneau : Google a annoncé que son projet Wing permettra de livrer des colis par drone d'ici 2017.

À ce stade, la poste canadienne n'en est qu'à la prospective et au stade expérimental, déclare un porte-parole. On peut cependant s'attendre à ce qu'une escouade de drones canadiens prenne bientôt son envol afin de réaliser des batteries de tests dans le ciel d'Amérique du nord.

Selon Graham Scott, rédacteur en chef adjoint du Canadian Business, même si les drones de livraison ne sont rien d'autre qu'un concept pour le moment, leur utilisation est déjà considérée comme un moyen inévitable de faire baisser les coûts.

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Scott explique : « Au cours de la dernière année fiscale, un peu moins de 70% des frais d'exploitation des bureaux de poste canadiens correspondaient aux coûts de main-d'œuvre. C'est-à-dire aux frais engagés pour payer les gens qui trient le courrier, qui le distribuent, etc. Ce sont souvent des boulots difficiles, intenses, et la société fera tout ce qu'elle peut pour réduire le nombre d'employés. »

Il y a cependant de bonnes raisons de croire que le système de livraison de courrier par drone ne fonctionnera jamais. Pour commencer, la technologie actuelle ne permet pas de livrer plus d'un colis par drone, ce qui est coûteux et peu pratique.

« Pour livrer la même quantité de courrier qu'un facteur en un laps de temps donné, les drones devront effectuer des dizaines et des dizaines de voyages aller-retour, » explique Scott. En outre, le temps d'autonomie des drones est assez court, car leurs batteries sont peu puissantes. Enfin, certaines tâches demandent un doigté délicat, que seuls des humains sont capables de fournir : glisser une lettre à travers une fente, par exemple. Dans tous les cas les humains ne sont pas prêts de déserter les postes canadiennes.

Comme les Canadiens l'ont vu avec le nouveau de livraisons de courrier groupées, il semble que la main invisible du marché ne cesse de tâtonner pour faire baisser les coûts à tout prix. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que des robots high tech se présentent demain à votre porte pour vous livrer votre nouveau rice cooker.

Les robots et les drones prendront sans doute le boulot des humains dans le futur, y compris celui des postiers. En effet, pour les gestionnaires, ils ont leurs avantages : une machine ne risque pas de souffrir d'une morsure de chien, et ne retarde pas sa tournée pour prendre l'apéro chez un voisin gracieux. « Les drones ne se tordent jamais la cheville, ils ne sont jamais fatigués, et ne s'organisent pas en syndicats, » ajoute Scott, un peu amer.