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Les F-16 peuvent maintenant larguer des nuées de drones

Les oies sauvages en migration n'ont qu'à bien se tenir.

Photo: US Air Force

En juin 2015, un chasseur F-16 de l'US Air Force a décollé d'une base aérienne en Alaska et a volé au-dessus d'une base d'entrainement militaire à la vitesse de 700km/h. Soudain, un objet a jailli du système de largage de leurres à signature thermique : un drone de la taille d'une canette de soda, pesant à peine 500 grammes.

Le petit robot orange et noir a oscillé pendant quelques secondes au bout de son parachute, avant de s'en séparer complètement et de déployer une paire d'ailes. Puis une hélice de quelques centimètres de long a commencé à tourner, propulsant la minuscule machine dans les airs.

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Ce drone s'appelle « Perdix. » C'est la dernière trouvaille du Bureau des Capacités Stratégiques américain, une organisation confidentielle du Pentagone créée en 2012 ; sa mission est de trouver de nouvelles manières de déployer les armes dont dispose l'armée.

L'une des idées du bureau était de transformer les F-16 en lanceurs à grande vitesse. Plus précisément, en lanceurs de nuées de minuscules drones capables de perturber les radars de l'ennemi ou d'effectuer des opérations de surveillance.

« Imaginez un avion percer les défenses d'un système de défense aérienne intégré et larguer une trentaine de ces petits robots afin de former une nuée au comportement d'apparence erratique, un peu comme un essaim d'abeilles, » explique Bob Work, vice-secrétaire à la Défense dans la revue professionnelle Breaking Defense. « Eh bien, c'est ce que nous avons testé. Et ça marche. »

Le test Perdix de 2015. Video: US Defense Department via The Washington Post

Les drones Perdix sont imprimés en 3D à partir de Kevlar et de fibres carbone. Propulsés par des batteries lithium-ion, le même genre que celles que vous trouvez dans votre smartphone, les Perdix sont lancés à partir d'un système de largage de leurres classique comme celui des F-16, des F/A-18, et autres chasseurs similaires.

La robustesse du drone était une exigence essentielle pour mettre au point ce dispositif. Un Perdrix doit résister à une éjection forcée à grande vitesse puis se stabiliser dans des vents violents.

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Les drones ont été développés par des étudiants du MIT en 2011. Ils les ont d'abord testés en les larguant depuis des ballons : le but était d'en faire des systèmes de surveillance environnementale.

Plus que les organisations environnementales, c'est l'armée qui a montré un intérêt nourri pour ces petites machines. Le Bureau des Capacités Stratégiques, basé en Virginie, une organisation de 26 personnes menée par William Roper, un physicien ayant précédemment travaillé dans la défense contre les missiles, a commencé à tester le Perdix en 2014.

Le concept du Perdix. Image: Massachusetts Institute of Technology

Le test en Alaska constituait le premier d'une série de tirs rapides en plein vol. Dans le cadre des essais de Northern Edge en juin dernier, les chasseurs ont lancé des drones Perdix 72 fois. Après le déploiement, un essaim de dizaines de Perdix ont été connectés les uns aux autres par radio datalink afin de poursuivre leur objectif.

« Les détails de ce que les mini-drones peuvent faire restent confidentiels ; mais ils pourraient être utilisés pour tromper les forces ennemies ou pour mener des missions de surveillance beaucoup moins coûteuses que ce qui est constaté d'ordinaire avec l'utilisation d'avions sans pilotes, » rapporte The Washington Post.

Les leurres robotiques ne sont pas nouveau, en soi. Le F-16 était l'un des premiers avions militaires américains à embarquer le Miniature Air-Launched Decoy, un drone-leurre de trois mètres de long anti-radar utilisé à la fin des années 90.

La nouveauté du Perdix est bien sûr le vol en nuées. Tandis qu'un F-16 ne lance qu'un ou deux drones MALD à la fois, le même avion peut déployer jusqu'à 30 Perdix. 30 correspond à la limite haute lanceur de leurre standard ALE-47 ; la taille réduite des drones les rend plus difficile à détecter et à détruire.

Ils sont aussi peu coûteux à produire. Un seul ADM-160B MALD coûte plus de 300.000 dollars, tandis que deux ans de tests sur des centaines de Perdix n'a coûté que 20 millions de dollars, en partie parce que le système repose sur une technologie fiable qui existe déjà depuis un moment.

« Il est inutile de développer des armes fondamentalement nouvelles, » explique Roper au Washington Post. « En revanche, nous devons travailler sur l'intégration de cette technologie et au design de l'opération en elle-même. Cela nous permettra d'avoir un système tout nouveau sous le coude sans avoir à attendre des années pour qu'il soit au point. »