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militantisme

« Notre monde va se casser la gueule : on ne peut que limiter la hauteur de chute »

Rencontre avec Julien Wosnitza, adepte de la « collapsologie », soit la théorie de l’effondrement civilisationnel.
Image : Facebook de Julien Wosnitza

L’hiver dernier, Julien Wosnitza, 24 ans, a tout plaqué pour se consacrer à plein temps au militantisme écolo. Un changement de vie radical qu’il raconte dans « Pourquoi tout va s’effondrer », un livre qui vient d’être publié par les éditions Les Liens qui Libèrent. Pour Vice, il revient sur ce qui a provoqué chez lui un déclic : sa découverte de la « collapsologie » - soit la théorie de l’effondrement civilisationnel.

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Au départ, j’étais destiné à faire business. En sortant de l’ESSCA, une école de commerce, j’ai été conseiller clientèle au Crédit lyonnais, business développer pour un incubateur de start-up et même jeune entrepreneur puisque j’ai créé un jeu de cartes proposant des réductions dans les bars, les restaus et les boîtes. Mais je n’étais pas heureux : je sentais bien que je ne voulais pas être un rouage d’un système basé sur la pyramide de Ponzi et l’injonction à toujours plus de croissance. C’est la base du capitalisme : sans croissance, le système s’effondre. Or, cette quête de croissance nous oblige à doubler notre consommation d’énergie – alors que ces ressources, qui ne sont pas illimitées, vont finir par disparaître !

Il y a trois ans, j’ai découvert la collapsologie, grâce au livre de Pablo Servigne, Pourquoi tout peut s’effondrer. Il s’agit de l’étude de l’effondrement civilisationnel, biodiversitaire, énergétique et social. Et ça m’a transformé. J’ai pris conscience que notre planète était en danger et qu’à terme, le monde que nous connaissons allait forcément disparaître. Je suis passé par plusieurs phases : le déni de cette catastrophe annoncée, la peur, la colère, la déprime. Et finalement, l’action, puisque j’ai un jour décidé de me tourner vers le militantisme. J’ai donc adhéré à l’association Sea Sheperd et effectué plusieurs voyages sur leur bateau : six mois en mer de Cortez, puis quatre mois en mer des Caraïbes pour retirer les filets de pêche illégaux des braconniers. En pleine mer, on se prend vraiment la catastrophe écologique en pleine tête : on voit bien plus de baleines, dauphins et tortues mortes que vivantes !

« On a trop cherché à ménager les gens. Mais disons leur la vérité : tout va s’effondrer »

Aujourd’hui l’écologie positive est toute-puissante. Mais je crois qu’on a trop cherché à ménager les gens. Mais disons leur la vérité : tout va s’effondrer et il faut l’accepter. En quinze ans, un tiers des espèces d’oiseaux ont disparu en France ! C’est ça, la réalité. Notre monde va se casser la gueule, c’est inéluctable : on ne peut que limiter la hauteur de chute. On connaît les solutions. Mais le problème, c’est que les gens ne voudront jamais les appliquer. Est-ce que les Occidentaux accepteront de vivre comme des Tibétains ou de n’allumer la lumière que trois fois par mois ? Bien sûr que non.

Pourtant, chacun peut – et doit – remettre en question son mode de vie. C’est ce que j’essaie moi-même de faire. Par exemple, je suis devenu vegan, parce qu’on ne peut pas se dire écologiste et manger de la viande. Près de 15 550 litres d’eau sont nécessaires pour un kilo de bœuf ! Et 60 % des terres agricoles sont utilisées pour nourrir le bétail. Et puis, je consomme beaucoup moins. Je n’ai pas acheté de vêtements depuis deux ans et avant d’acheter quelque chose, je me demande plusieurs fois si j’en ai vraiment besoin. Tout récemment, je me suis endetté pour acheter un bateau et participer à la dépollution des océans. Je n’ai pas de rentrée d’argent mais j’espère en gagner en développant cette activité éco-touristique. Alors, venez passer une semaine en mer avec moi ! Et participer à l’effort collectif pour sauver ce qui peut l’être.