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L'explosion d'une étoile a peut-être contribué à l'extinction du mégalodon

Des astrobiologistes pensent qu'une supernova a pu exposer l'énorme requin et d'autres monstres des mers à des doses fatales de muons.
Vue d'artiste du mégalodon. Image : Mary Parrish, Smithsonian Museum of Natural History​
Vue d'artiste du mégalodon. Image : Mary Parrish, Smithsonian Museum of Natural History

Vous avez entendu parler de l'astéroïde qui a tué les dinosaures. Mais connaissez-vous l'étoile mourante qui a peut-être contribué à la disparition du mégalodon ?

Telle est l'hypothèse d'un article publié le 27 novembre dernier dans la revue scientifique Astrobiology. Intitulé Hypothesis : Muon Radiation Dose and Marine Megafaunal Extinction at the End-Pliocene Supernova, il lie les traces de l'explosion d'une étoile il y a quelques 2,6 millions d'années à l'extinction simultanée d'un grand nombre d'espèces de la mégafaune terrestre dont le mégalodon, ce requin d'une dizaine de mètres qui arpentait alors les océans depuis 25 millions d'années.

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L'article repose sur une série d'études indiquant qu'une étoile — ou une série d'étoiles — ont explosé à environ 160 années-lumière de la Terre il y a plusieurs millions d'années. Bonne nouvelle : notre planète était assez éloignée pour échapper à l'oblitération. Mauvaise nouvelle : les « retombées » de l'explosion ont tout de même affecté l'atmosphère et peut-être la vie terrestre.

Adrian Melott, professeur émérite de physique et d'astronomie à l'université du Kansas et auteur principal de l'étude, explique par téléphone : « Toutes les supernovæ dont nous avons connaissance et qui se sont produites au cours des deux derniers milliers d'années étaient beaucoup plus lointaines. De fait, leurs effets sembleraient légers comparés à ça. »

Nous savons que cette supernova s'est produite parce qu'elle a laissé des traces dans le plancher océanique sous forme de Fer 60. L'étude des sédiments marins a permis de repérer deux pics de présence de ces particules radioactives associées aux supernovæ : le plus ancien date de 8 millions d'années, le plus récent — celui de la fameuse « supernova de la fin du Pliocène » — de 2,6 millions d'années. Pour Adrian Merlott et ses collègues, ces relevés indiquent que la Terre a été bombardée de rayons surgis d'explosions stellaires à ces moments-là.

La supernova de la fin du Pliocène coïncide avec l'extinction massive du Pliocène-Pléistocène, au cours de laquelle un tiers de la mégafaune marine a disparu. Le mégalodon faisait partie des espèces malchanceuses.

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Melott et ses collègues suggèrent que les muons, des particules issues de l'interaction des rayons cosmiques avec l'atmosphère, ont participé à cette extinction massive. Les muons sont partout, certains vous traversent en ce moment-même. En général, les formes de vie terrestre peuvent les tolérer à petite dose. À grosse dose, c'est différent.

En rencontrant la Terre, les rayons cosmiques jaillis de la « supernova de la fin du Pliocène » ont ionisé l'atmosphère. Une pluie battante de muons se serait alors abattue sur la planète. En plus de déclencher des mutations et des cancers, ce pic de muons aurait durement frappé les créatures marines.

« Normalement, à quelques mètres [sous la surface de l'océan], l'eau arrête une bonne partie des radiations, mais pas les muons » explique Melott. « Des créatures habituées à ne recevoir quasiment aucun rayonnement en auraient soudain reçu un paquet. Il est peu probable qu'elles aient été aussi équipées que des créatures terrestres pour se défendre contre les radiations. »

Par malheur pour le mégalodon et ses potes géants, un autre événement géologique majeur s'est produit il y a 2,6 millions d'années : l'inversion Brunhes-Matuyama, au cours de laquelle les pôles magnétiques de la Terre ont échangé leur place.

« Cette inversion magnétique a favorisé l'exposition aux muons », explique Melott. « Normalement, les rayons cosmiques de basse énergie rebondissent sur le champ magnétique et finissent à proximité des pôles. En cas d'inversion magnétique, cependant, ils tombent un peu partout. »

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Dans les précédents travaux qu'ils a consacrés à la supernova de la fin du Pliocène, Melott suggère que l'explosion a pu influencer le climat et le temps, qui ont à leur tout affecté l'apparition des ancêtres de l'humanité. Le chercheur insiste cependant sur le fait que le rôle de l'explosion dans l'histoire de notre planète doit encore être étudié en détail.

« Nous devons faire plus de recherches sur l'atmosphère pour essayer de découvrir les effets [de la supernova] sur le temps, s'il y en a eu » a déclaré Melott. « Ce que nous savons, c'est que l'ionisation de l'atmosphère aurait été beaucoup plus importante. Nous essayons de savoir quelles conséquences cela aurait pu avoir. »

Il s'est passé beaucoup de choses il y a 2,6 millions d'années : une supernova toute proche, une inversion des pôles magnétiques, un refroidissement du climat, une extinction marine, les débuts de l'intelligence humaine… Difficile d'identifier les causes et les conséquences de tout cela. En tout cas, la possibilité que la plus grande espèce de requin jamais découverte ait disparu sous une étoile mourante reste fascinante.

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