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Pourquoi le Luxembourg est le leader de l'exploitation minière des astéroïdes

En février 2016, le Luxembourg a annoncé qu'il élaborerait un cadre juridique pour l'utilisation commerciale des ressources spatiales. Depuis lors, le gouvernement a ouvert un fonds d'investissement de plus de 200 millions de dollars dédié aux sociétés...

Personne n'a encore jamais extrait le moindre gramme de minerai sur un astéroïde en orbite.

À l'heure actuelle, même les sociétés d'exploitation minière spatiale les plus ambitieuses estiment qu'il faudra attendre 2020 avant de commencer à prospecter. Le jeu en vaut la chandelle, cependant : les experts estiment que les astéroïdes les plus proches abriteraient des milliards de dollars de métaux précieux qui n'attendent que d'être extraits par des humains avides, ainsi que de l'eau, qui pourra être utilisée comme carburant lors de missions spatiales longue distance.

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Le Luxembourg, qui n'a jamais envoyé ni homme ni vaisseau dans l'espace, s'est contre toute attente taillé une place de choix dans la course à l'extraction minière spatiale. En effet, ce petit pays d'un peu plus d'un million d'habitants est désormais le concurrent le plus sérieux de des États-Unis sur le marché de cette industrie émergente—qui n'a pas encore fait ses preuves, il est vrai. En d'autres termes, le Luxembourg a choisi l'espace comme nouveau secteur d'investissement et de sécurisation de ses capitaux. L'offworld est peut-être le nouveau offshore, qui sait.

"Nous avons réalisé que l'acier, ça serait bientôt fini. Alors on est passés à autre chose."

Le minerai de fer a été découvert au Luxembourg à la fin du XIXe, et au début du XXe, une industrie sidérurgique florissante a donné un coup de fouet à l'économie du pays. Ce n'est qu'en 1973 que la crise du pétrole a mis le secteur de l'acier en récession. "Nous avons réalisé que l'acier, ça serait bientôt fini. Alors on est passés à autre chose", a déclaré le Ppremier ministre Xavier Bettel lors d'un discours, en mai dernier.

Représentation de Arkyd 6 en orbite. Image : Planetary Resources

Depuis la crise de l'acier, le Luxembourg a cherché à se diversifier de toutes les manières possibles afin de s'assurer que la richesse du pays, qui possède le PIB par habitant le plus élevé au monde, ne serait plus jamais menacée. En novembre, il a adopté une loi autorisant les entreprises privées basées sur son sol de conserver les ressources collectées dans l'espace.

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"On dirait bien que nous sommes revenus aux origines. Une fois de plus, nous nous lançons dans la grande aventure minière, un peu plus haut, un peu plus loin que par le passé," ajoute Bettel.

Même si le Luxembourg ne possède pas de programme spatial national, il possède plus de 30 ans d'expérience dans le secteur spatial et dans l'industrie des géo-communications. En 1985, l'opérateur privé de satellites SES s'y est établi. Un an plus tard, il construisait son siège au Château de Betzdorf, une ancienne résidence du Grand-Duc du pays.

"Le Luxembourg, en tant que gouvernement, était très désireux de diversifier ses activités", a déclaré Patrick Biewer, PDG de LuxGovSat, un partenariat public-privé qui réunit SES et le gouvernement luxembourgeois.

"Avant tous les autres, le Luxembourg avait identifié l'industrie du futur."

Biewer est natif du Luxembourg et travaille chez SES depuis 23 ans. Durant tout ce temps, il a vu la société grossir progressivement jusqu'à devenir l'un des plus gros opérateurs de satellites au monde : ils possèdent et contrôlent plus de 50 satellites en orbite, touchant ainsi près de 99% de la population mondiale.

"Le satellite constitue un pilier de notre économie ; il requiert des compétences en technologies de pointe que l'on trouve précisément au Luxembourg," explique Biewer. "Il ne s'agit pas que de SES… de nombreuses sociétés sont des pointures de l'industrie spatiale, ici."

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Arkyd 6 possède à son bord le premier Thermographe à capteurs infrarouges dédié à un usage commercial. Image: Planetary Resources

En février 2016, le Luxembourg a annoncé qu'il élaborerait un cadre juridique pour l'utilisation commerciale des ressources spatiales. Depuis lors, le gouvernement a ouvert un fonds d'investissement de plus de 200 millions de dollars dédié aux sociétés d'extraction minière des astéroïdes.

Planetary Resources est l'une d'entre elles. En novembre, l'entreprise basée à Redmond (Washington) a reçu plus de 26 millions de dollars pour développer sa R&D sur le territoire du Luxembourg.

"Avant tous les autres, le Luxembourg avait identifié l'industrie du futur", déclare le PDG de Planetary Resources, Chris Lewicki. "Le pays a pris toutes les mesures nécessaires, y compris l'établissement d'une réglementation spatiale, afin créer de créer un cadre d'action pour des entreprises comme la nôtre."

Avec l'aide de cet investissement, Planetary Resources prévoit de lancer son satellite Arkyd 6 - afin de tester ses technologies et de tenter de détecter de l'eau sur des astéroïdes - au printemps 2017, selon Lewicki. Après cela, la société prévoit d'entamer sa première mission minière d'ici 2020.

.@PlanetaryRsrcs' Arkyd 6 equipped w/ mid-wave infrared imager to detect water on asteroids. 2 spacecraft will test this technology on orbit pic.twitter.com/NoMxFyjVZh
— Etienne Schneider (@EtienneSchneide) November 4, 2016

Au-delà du défi technologique, il faudra résoudre de nombreusesquestions éthiques et juridiques avant de pouvoir extraire des minerais et les ramener sur Terre. Malgré cela, l'extraction minière d'astéroïdes et l'exploration spatiale semblent bien partis pour secouer le futur de l'humanité.

La nouvelle loi adoptée par le Luxembourg prendra effet début 2017, au moment où Planetary Resources et Deep Space Resources commenceront à tester leurs technologies minières.

"Nous n'aurons pas à attendre 50 ans. Tout commence maintenant", ajoute Lewicki.