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Les exoplanètes pourraient nous aider à comprendre ce qui a mal tourné pour Vénus

Jadis, Vénus était peut-être couverte d'océans riches en vie microbienne. Comprendre comment elle a pu se transformer en caillou brûlant est important pour notre avenir.
Image : NASA

Vénus est un enfer à bien des égards. À sa surface, la pression est 92 fois plus élevée que sur Terre et la température atteint les 480 degrés Celsius, un record dans le système solaire. Son atmosphère est un affreux mélange d'acide sulfurique et de dioxyde de carbone. Pourtant, beaucoup de planétologues pensent qu'elle était jadis couverte d'océans d'eau liquide dans lesquels s'ébrouaient peut-être quelques microbes, avant que le réchauffement climatique ne la transforme en astre infernal.

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D'une certaine manière, Vénus pourrait être perçu comme un avertissement : voilà ce qui va se passer si nous ne surveillons pas nos émissions de gaz à effet de serre. Cependant, les scientifiques ne comprennent pas vraiment comment notre voisine a pu en arriver là. Dans un article diffusé la semaine dernière sur arXiv, les planétologues Giada Arney et Stephen Kane expliquent qu'étudier des exoplanètes similaires à Vénus pourrait nous permettre de faire un peu de lumière sur son évolution et son aspect antérieur. À les croire, ce champ de recherche polira peut-être « le miroir magique » qui « montre le futur de la Terre aux observateurs avant-gardistes. »

La théorie selon laquelle Vénus a été une planète couverte d'eau et peut-être habitée a été formulée dans les années 70 par James Hansen, un célèbre climatologue de la NASA. Il y a quelques années, j'ai discuté de cette théorie avec Geoffrey Landis, un scientifique de la NASA qui a réfléchi à la construction de cités volantes sur Vénus. Pour lui, Hansen pourrait avoir bien avoir raison.

« Vénus est un exemple parfait de planète victime de l'effet de serre — peut-être que la Terre aura le même destin dans un futur très, très lointain, m'avait alors expliqué Landis. Nous apprenons à connaître notre planète en apprenant à connaître les autres planètes. »

Cependant, si nous voulons vraiment découvrir ce que Vénus a à nous dire au sujet de la Terre, nous devons d'abord découvrir l'histoire de Vénus elle-même. Le meilleur moyen d'y parvenir, expliquent Arney et Kane, est d'étudier les exo-Vénus qui se baladent autour d'étoiles voisines.

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« Au-delà du système solaire, les planètes analogues à Vénus sont sans doute parmi les plus répandues, écrivent les deux chercheurs. Nous avons probablement déjà découvert beaucoup de ces soeurs de Vénus. En observant ces exo-Vénus d'âge et de contexte astrophysique différents, nous assisterons peut-être aux changements subis par Vénus dans le passé. »

Arney et Kane pensent que la prochaine génération de satellites chasseurs d'exoplanètes, notamment le tout nouveau Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS), nous permettront de découvrir des dizaines d'astres analogues à Vénus supplémentaires.

Le problème, c'est que nous ne savons pas grand-chose des exoplanètes pour le moment. Les astronomes attendent les télescopes du futur, ceux qui leur permettront de « voir » la composition de leur atmosphère. Avant ça, nous ne pourrons pas en apprendre beaucoup plus sur les quelques milliers d'exoplanètes qu'ils ont déjà repérées. C'est d'ailleurs pour cette raison que Vénus pourrait servir de « laboratoire exoplanétaire de voisinage », expliquent Arney et Kane.

« Une compréhension partielle de l'évolution de Vénus et de ses dynamiques limitera nos capacités d'interprétation des observations d'exoplanètes chaudes, écrivent-ils. Quand nous chercherons à comprendre les propriétés basiques des exoplanètes, nous devrons être en mesure de nous appuyer sur une compréhension solide de notre voisinage planétaire. »

Nous devons lever le voile sur l'évolution de Vénus pour mieux comprendre la Terre. Et pour lever le voile sur l'évolution de Vénus, nous devons étudier des exoplanètes semblables à elle. Cependant, pour y parvenir, nous devons d'abord apprendre à connaître Vénus elle-même. Ça devient compliqué. Arney et Kane eux-mêmes reconnaissent que « beaucoup des dynamiques basiques de Vénus sont toujours inconnues. »

Malheureusement, aucune sonde n'a rendu visite à Vénus depuis des décennies. La dernière mission en date, portée par la sonde japonaise Akatsuki en 2010, a échoué. Du côté de la NASA, rien n'est prévu. Néanmoins, Arney, Kane et un nombre toujours plus important de planétologues pensent qu'il est grand temps de s'intéresser à Venus.

« Venus nous montre que l'habitabilité n'est pas un état statique que les planètes maintiennent tout au long de leur existence, concluent Arney et Kane. L'habitabilité peut être perdue, et l'effet de serre est souvent le tombeau de monde jadis couverts d'eau. Les exoplanètes nous permettront peut-être d'observer des états planétaires désormais perdus dans le passé de notre système solaire. Vénus, elle, pourrait bien nous montrer le futur de la Terre. »