- Sarah Schlitz, la Secrétaire d’État à l'Égalité des genres, à l'Égalité des chances et à la Diversité, adjointe au ministre de la Mobilité ;
- Pierre-Yves Dermagne, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Economie et du Travail ;
- Karine Lalieux, la ministre des Pensions et de l’Intégration sociale, chargée des Personnes handicapées, de la Lutte contre la pauvreté et de Beliris ;
- David Clarinval, le ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME et de l’Agriculture, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique ;
- Petra De Sutter, la Vice-Première ministre et ministre de la Fonction publique, des Entreprises publiques, des Télécommunications et de la Poste ;
- Vincent van Quickenborne, le Vice-Premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord.
Notre gouvernement s’en soucie-t-il ?
La ministre de la pauvreté, Karine Lalieux, souligne les nombreuses conséquences de la précarité menstruelle : « Les personnes concernées ont honte, restent enfermées chez elles, se cachent de la société. Iels ne vont pas à l’école ou au travail quand iels ont leurs règles et s’interdisent de faire du sport ou d’autres activités. » Ce combat contre la précarité menstruelle, elle estime le mener depuis qu’elle est membre du gouvernement fédéral. La ministre souligne notamment qu’à défaut de protections efficaces ou en suffisance, certain·es se mettent en danger et développent des infections, par exemple en superposant les couches de papier de toilette. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Pierre-Yves Dermagne estime qu’il s’agit d’une question qui relève à la fois de la lutte contre la pauvreté et de la santé publique.
Il existe donc un consensus clair au sein du gouvernement sur le fait que l'accès aux produits menstruels est une question d'hygiène de première nécessité à laquelle tout le monde devrait avoir accès. Le Vice-Premier ministre et ministre de l’Economie et du Travail Jean-Yves Dermagne le qualifie d’un « droit fondamental pour toutes les femmes ». Mais le gouvernement est-il pour autant vraiment prêt à agir ?« Les femmes et filles ont honte, restent enfermées chez elles, se cachent de la société. Elles ne vont pas à l’école ou au travail quand elles ont leurs règles et s’interdisent de faire du sport ou d’autres activités ». - Karine Lalieux
Quel plan d’action ?
Vers un modèle écossais ?
« Nous ne pensons pas que les produits menstruels devraient être gratuits, parce que la plupart des familles peuvent se le permettre sans problème ». – Petra De Sutter
Pourtant, même les ministres et secrétaires d’Etat en faveur d’un accès libre aux produits menstruels ne donnent pas l'impression de mettre en place des actions politiques concrètes. Karine Lalieux et Sarah Schlitz se réfèrent à leur tour au rôle des organismes et conseils de terrain. On a comme l’impression que le modèle écossais n’est pas prêt d’arriver dans notre pays…« Quand on va au cinéma ou à l'école, on ne doit pas apporter son papier toilette ! Ça devrait être la même logique pour les protections hygiéniques ». – Sarah Schlitz
D’autres avancées liées à l’égalité des genres
Niveau plan politique, Sarah Schlitz, nous confie que le gouvernement a décidé de mener « une politique active en matière d’égalité des genres et une politique volontariste qui va s’attaquer aux déséquilibres structurels et historiques ». L’une des priorités du gouvernement serait la lutte contre l’écart salarial. Deux ministres, Pierre-Yves Dermagne et Vincent van Quickenborne, nous ont stipulé que des mesures supplémentaires seront prises pour rendre plus efficace la loi du 22 avril 2012 qui vise à lutter contre l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes.En fait, beaucoup de ministres souhaitent arriver à une répartition plus équilibrée des tâches pour les soins aux enfants, notamment au niveau du congé parental. Dès à présent, un·e coparent·e dispose de 15 jours de congé de naissance au lieu de 10. Evidemment, ce n’est que 5 jours en plus, mais certain·es ministres promettent que ce congé sera prolongé graduellement pour que les concerné·es puissent bénéficier de 20 jours de congé dès 2022.« Le gouvernement fédéral est le plus féminin et féministe que notre pays n’ait jamais connu. D’abord, de par le nombre de femmes qui le composent, mais aussi sur le plan politique. » – Karine Lalieux
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles a également été beaucoup mentionnée par les membres du gouvernement qui ont répondu à nos sollicitations. Iels nous ont affirmé que la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ratifiée en 2016 par la Belgique leur servira de cadre. Et que l’importance des services de chat en ligne et des possibilités d’hébergement pour les femmes victimes de violences a été prise en compte par le gouvernement pendant cette crise sanitaire. D’après Petra de Sutter, d’ici 2024, dix Centres de soins pour victimes de violences sexuelles devraient être accessibles partout en Belgique. Il en existe aujourd’hui trois, à Liège, Gand et Bruxelles.Mis à part ces politiques actives menées par le gouvernement fédéral, Sarah Schlitz cite d’autres de ses priorités telles que renforcer l’accès à la contraception et la lutte contre le sexisme en ligne et hors ligne. Selon Vincent Van Quickenborne, le 20 novembre 2020, le gouvernement fédéral a également « approuvé un plan d'action fédéral pour lutter contre la violence sexiste et intrafamiliale résultant de la deuxième vague du Covid-19. »« Aujourd’hui, un·e indépendant·e sur trois est une femme, et la majorité des PME sont toujours dirigées par des hommes. Les tendances évoluent depuis 10 ans, mais il faut continuer à les encourager et à lutter contre certains préjugés et discriminations. » – David Clarinval
Van Quickenborne mentionne également le fait qu’en Belgique, chaque personne peut décider elle-même de son identité de genre. Encore heureux·se… Mais sachez que la législation (sur l'enregistrement du sexe) a dû être adaptée pour être conforme à la décision de la Cour constitutionnelle. Celle-ci s’est prononcée le 19 juin 2019 et a estimé que la loi « Transgenre », qui facilitait le changement de l’enregistrement du sexe sur la carte d’identité, était trop binaire et ne reflétait pas la réalité et la diversité des identités de genre. Selon le ministre, les autres conséquences de cet arrêt de la Cour sur la législation sont encore actuellement examinées.Dans l’ensemble, si la plupart des ministres et secrétaires d’Etat qui nous ont répondu semblent être conscient·es des problématiques liées à la précarité mensuelle, on dirait bien que le plus gros du travail reste à faire, et qu’il n’y a pas encore de terrain d’entente clair, ni de plan d’action spécifique. À ce stade, il est surtout question de débloquer des subsides, et c’est sur les épaules des associations et de leurs bénévoles que beaucoup repose.Si vous souhaitez aider les victimes de précarité menstruelle, vous pouvez participer au projet solidaire de BruZelle et soutenir les personnes menstruées au revenu faible voire inexistant. VICE Belgique est sur Instagram et Facebook. VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.« Le 20 novembre 2020, le gouvernement fédéral a approuvé un plan d'action fédéral pour lutter contre la violence sexiste et intrafamiliale résultant de la deuxième vague du Covid-19. » – Vincent Van Quickenborne