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Man vs. Wild : quelques astuces d'agents secrets pour survivre dans la nature

Si vous voulez la jouer comme Bear Grylls, vous feriez mieux de prendre quelques notes.

Alors que la seconde Guerre mondiale prenait de l'ampleur et que de plus en plus d'États s'y impliquaient, l'espionnage derrière les lignes de front s'est transformé en une compétition acharnée et une véritable science militaire. C'est dans ce cadre que s'est développé un réseau international de camps d'entrainement secrets des alliés, dans lesquels les futurs agents étaient formés. Comme tous les soldats ne pouvaient pas suivre une formation approfondie avec entrainement de survie personnalisé, les principales choses à savoir ont été regroupées dans une sorte de manuel pour espions. Le manuel servait par ailleurs d'aide de secours pour les espions qui voulaient vérifier quelques astuces en particulier.

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Les documents originaux ont été publiés par Denis Rigden et rendus accessibles à tous dans son livre « How to be a spy ». Avant cela, ces papiers à l'origine secrets avaient été déclassifiés par les Archives nationales britanniques, dans une série de « dossiers secrets historiques », avec des éléments introductifs et les analyses d'experts. Rigden a été impliqué dans ces recherches durant 30 ans.

Comparées aux méthodes actuelles, ces stratégies nous fournissent de sympathiques conseils de survie plutôt que de purs conseils d'agents secrets modernes. Le manuel ne donne pas seulement quelques bases concernant les pratiques militaires en plein air. Il s'adresse aussi à ceux qui pratiquent l'espionnage comme un hobby, ou simplement aux amoureux de la nature : on y trouve effectivement de nombreux conseils pratiques, qui pourraient servir lors d'une prochaine randonnée ou d'un voyage en bivouac un peu extrême.

Comme le printemps arrive, on vous a résumé les meilleurs conseils pour vos excursions – certifiées et approuvées par les espions américains et britanniques des Special Operations Executive (SOW) des années 1940.

Crédit : Wikipedia | Imperial War Museums | Public Domain

Le bon équipement

Moins il y en a, mieux c'est – c'est la devise pour une expérience de plein air réussie. Triez tout ce dont vous n'avez pas absolument besoin, et qui a pour seule conséquence des bagages, du bruit et du poids supplémentaires. D'après les soldats les plus aguerris à la survie dans la nature, seules ces choses sont importantes pour votre excursion à la campagne :

  • Un couteau. Un couteau de poche ou qui peut se replier est un équipement de grande valeur, et qui devrait se trouver tout en haut de votre liste. C'est un outil très pratique, exactement comme une arme, qui peut sauver la vie en cas de danger imminent. Les espions chevronnés aiguisent même le dos de la lame, pour pouvoir réagir rapidement dans toutes les situations.
  • Une boîte d'allumettes. Et s'il reste un peu de place dans la boîte, remplissez l'espace vide avec de l'herbe ou un autre matériau, pour éviter les cliquetis.
  • De l'argent. Dans l'idéal, des billets, puisque la monnaie, elle,… fait du bruit.
  • Une solide corde d'au moins quatre mètres. Elle pourra être utilisée de nombreuses manières : pour ligoter quelqu'un, construire un piège ou bien simplement attacher quelque chose.
  • Une montre. Elle doit être portée au poignet de telle sorte qu'elle ne gêne pas et qu'elle ne se raye pas si à un moment il faut ramper.
  • Une boussole. Accrochez cette boussole autour de votre cou, mais laissez-la reposer sur votre dos. Ainsi, elle ne vous gênera pas si un jour il faut ramper.
  • Une trousse de premiers secours. La plus petite possible, bien compacte et silencieuse.

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La quantité de nourriture et de boissons que vous devez emporter dépend de la durée de votre mission. Mais là aussi bien sûr, les vieilles règles sont de mise : le moins possible, qui ne fait pas de bruit et qui ne gêne pas si à un moment il faut ramper.

L'art de franchir un fleuve

Si vous tombez sur un long fleuve qui s'écoule lentement, essayez de trouver un endroit peu profond où vous pourriez traverser. Un tournant est un bon endroit pour atteindre l'autre rive. À ces endroits se trouvent souvent des galets ou d'autres matériaux solides des deux côtés du lit du fleuve, et grâce au coude formé par le fleuve vous ne serez pas découvert aussi vite.

Pour le camouflage, évidemment, tout ce qui ne saute pas aux yeux est approprié : du bois ou de la végétation flottante. Lorsque vous avez traversé le cours d'eau, tentez d'atteindre des roseaux ou des branches basses. Ainsi, vous pourrez quitter les lieux sans être vu, à condition que la pente ne soit pas trop raide (ça aussi, ça doit être anticipé à l'avance).

Crédit : Wikipedia | Imperial War Museums | Public Domain

Si le courant du fleuve est très fort, essayez également de trouver un endroit moins profond, là où l'eau fait des petits clapotis, mais pas juste avant une chute d'eau. « Évitez les gros rochers et ne sautez jamais d'une pierre à l'autre lorsque vous traversez un cours d'eau. Une corde est un véritable avantage et une vraie mesure de sécurité. » Celui qui décide de nager doit se positionner de telle sorte qu'il puisse se laisser emporter en diagonale par le courant, bien que pour l'arrivée sur l'autre rive les mêmes règles ne valent que dans le cas d'un fleuve calme

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Lire les traces de pas

Si vous voulez prendre de l'avance sur ton ennemi – ou votre objet d'étude – vous devez toujours être informé du chemin qu'il prend. En déchiffrant les traces laissées par les animaux ou les hommes, il est bien sûr possible de les détecter mais aussi de les observer en cachette. Des petits amoncellements de terre lâchement éparpillés indiquent toujours le passage de talons de chaussures ou de pattes d'animaux. La quantité de terre dépend toujours directement du poids de la créature. Plus un homme se déplace vite, plus ses traces de pieds sont droites et plus les traces de la chaussures gauche et droite sont rapprochées.

Si les traces sont encore très fraîches, la terre est alors sombre, et elle prend une couleur plus claire avec le temps. Les bords sont encore nets, et le vent ne les a pas encore effacés. Le meilleur entraînement pour lire des traces de pas est de s'exercer à partir des siennes. Comment se transforment-elles et à quelle vitesse, que se passe-t-il par temps de pluie, combien de temps reste collé un brin d'herbe (très longtemps) ?

Crédit : Wikipedia | Imperial War Museums | Public Domain

L'utilisation des jumelles

Là aussi notre règle d'or vaut : rester immobile. Des jumelles qu'on agite ont tôt fait d'attirer l'attention, alors que si elles restent figées, elles seront presque indétectables. C'est pour cette raison que vous devez prendre garde à vous accorder des pauses régulières, avant de ne plus pouvoir être capable de maintenir une position de guet. Le mieux, c'est de vous caler quelque part et de placer vos bras ou vos jumelles sur un appui, comme une pierre ou une branche. Si ce n'est pas possible, pressez les jumelles contre vos orbites (évidemment, aussi longtemps que ce n'est pas désagréable), cela les rend plus stables. Si vous n'observez pas quelqu'un tout en étant debout, il peut aussi être utile d'appuyer vos bras sur vos jambes.

« Lorsque vous scrutez un endroit, divisez-le en plusieurs zones – ne laissez pas vos yeux errer sans but. Travaillez lentement et ne passez sur aucun objet inattendu ou inhabituel avant d'avoir trouvé de quoi il s'agit et ce qu'il fait ici. Ne fixez pas trop longtemps un seul et même objet. Si vous ne trouvez rien, accordez une pause à vos yeux, regardez ailleurs et revenez rapidement à l'observation de la zone. N'abandonnez pas simplement parce que vous n'arrivez à rien identifier dès le premier essai. »

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Gardez en tête que la lumière change constamment. Quelque chose qui était tout à fait reconnaissable à 11h peut devenir difficile à percevoir à 11h05. Le coin de l'oeil est la partie avec laquelle on voit le mieux, donc ne laissez pas tout se passer au centre de votre regard. Notre vue est particulièrement bonne après la pluie, lorsque les gouttes reflètent la lumière.

Et n'oubliez jamais : les jumelles ont une perspective très différente de celle de l'oeil humain. Les distances paraissent moins grandes, des objets qui se trouvent les uns à côté des autres paraissent très éloignés et le sol n'est pas forcément aussi plat que ce que tes jumelles te font miroiter.

Le camouflage

« À quoi cela sert-il d'espionner les autres, si vos ennemis peuvent aussi vous espionner ? », demande le manuel de la Special Training School 103, qui était aussi appelé Camp X en interne. Voici donc ici quelques petits conseils pour se rendre invisible en tant qu'espion.

Lorsqu'il observe, l'homme se concentre sur ce qui se passe dans son champs de vision. Pour prévenir cela, se cacher dans les arbres ou à même le sol est une bonne idée. Tenez-vous immobile et résistez à toute envie de bouger, même en cas de doute sur votre cachette, car le mouvement attire toujours l'attention.

Crédit : Wikipedia | Imperial War Museums | Public Domain

Ne pas oublier la tête

Une autre règle de base très importante : n'oubliez pas la tête. Même si votre corps est superbement camouflé, et que vous vous cachez derrière des ronces, vous pourriez être facilement découvert à cause de votre tête. Bonne nouvelle : il est très facile de camoufler son visage à l'aide de matériaux très simples. Avec un peu de terre, on peut déjà mitonner quelque chose de bien, et avec un petit peu de feuilles sur la tête il devient déjà difficile de la détecter.

Un très bon jeu d'illusion consiste aussi à donner à sa tête un camouflage complètement indépendant de celui du corps. « Ce camouflage différencié peut consister à donner l'illusion d'un petit buisson, d'une pierre boueuse, ou encore d'un petit tas de crottin de cheval. » Le plus simple, c'est le camouflage avec la mousse que l'on trouve au pied des arbres, des pierres ou dans les forêts. Un autre avantage de la mousse, c'est qu'elle se laisse souvent arracher par petites plaques, et qu'elle peut sans effort recouvrir ta tête comme un petit tapis. Dernier conseil, mais pas des moindres : un bon observateur doit aussi penser à ses pieds et les faire concorder avec son environnement.

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Mais étonnamment, l'adaptation parfaite de la couleur du camouflage à l'environnement n'est pas aussi décisive que celle de la silhouette. À ce propos, il faut faire attention à trois choses :

Faire attention à ses contours

Faites disparaître les délimitations de votre corps. Aussitôt que la forme du corps disparaît, il devient très difficile de détecter la présence de quelqu'un. Ce qui sème avant tout le trouble, ce sont les discontinuités de couleurs. C'est ce principe qui est utilisé par le motif militaire marron et vert, qui prend en compte les couleurs de l'environnement tout en les cassant par le dessin.

Une autre méthode consiste à faire disparaître les contours grâce à des irrégularités, apportées par exemple par des branches, des feuilles ou des herbes. Mais là aussi, il faut d'abord jeter un coup d'oeil averti sur l'environnement d'abord. Dans un champs, on trouve des petites fleurs, alors que dans une carrière de pierres une position rigide, avec bras et jambes collées le long du corps, est plus appropriée. Les arbres en revanche invitent l'espion à faire passer ses membres pour des branches en les étendant. Un peu de flexibilité, de créativité et d'attention sont donc requises.

Crédit : Wikipedia | Imperial War Museums | Public Domain

Le camouflage dans l'obscurité

Même en pleine nuit, ne vous habillez pas de manière trop sombre. « Si vous découvrez quelqu'un dans la nuit, cela tiendra au fait qu'il est plus sombre encore que son environnement. Ne portez rien qui soit particulièrement sombre ou particulièrement clair. » La même chose vaut pour les matériaux brillants, ou qui se mettent à briller une fois mouillés. Évidemment, les habits ne doivent pas non plus bruisser ni les chaussures grincer. Les mains et le visage ne doivent à nouveau pas être oubliés, et doivent être camouflés ou colorés de teintes sombres. Dans le noir, le risque d'une source de lumière soudaine est plus élevé. Dans ce cas, des mains ou un visage mal camouflés peuvent immédiatement vous trahir.

En plus de votre matériel pour la journée, vous devez prévoir un matériel particulier pour la nuit : une petite lampe de poche avec une batterie de rechange, une boussole éclairée et des bonbons pour la toux. Pour vous assurer que rien ne cliquette, sautez sur place deux ou trois fois avant de partir et laissez chez vous tout ce qui peut vous trahir.

Prêt pour la rando de nuit

Il ne reste plus maintenant qu'à considérer les aptitudes particulières pour l'espionnage de nuit. Comme l'homme n'utilise en général pas toutes ses capacités oculaires, il est temps ici de leur prêter un peu plus d'attention. Vous pouvez très bien être entraîner votre vision de nuit lorsque vous rentrez du bar ou lors d'une promenade nocturne avec votre chien. Vos oreilles aussi doivent être aiguisées, car les obstacles et les formes sombres se laissent d'abord appréhender grâce à l'ouïe.

Il ne s'agit ici bien entendu que d'une petite sélection des techniques d'espionnage en plein air, qui peuvent être perfectionnées facilement par l'entraînement et l'expérience personnelle. De bonnes notions de premiers secours sont aussi inévitables pour quiconque entreprend une mission périlleuse. La règle d'autodéfense qui avait cours durant la seconde Guerre mondiale, elle, n'est heureusement plus d'actualité. C'était la suivante : « Il s'agit de la guerre. Pas d'un jeu. Votre but est de tuer votre ennemi le plus rapidement possible. Un prisonnier est toujours un handicap et une source de danger, surtout lorsque vous n'avez pas d'arme avec vous. »