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Le grand guide Motherboard des pires expérimentations humaines

Les pires expériences de l'homme sur l'homme, notées, classées, disséquées comme un malheureux prisonnier de guerre.
Genono
par Genono

J'ai eu un prof, au lycée, qui comparait l'expérimentation humaine à la jouissance anale : douloureux, avec une réussite incertaine, mais un potentiel énorme. Je ne suis pas persuadé que l'analogie soit tout à fait pertinente, mais il est indéniable que la médecine a fait de grands pas grâce au concours malheureux de cobayes humains. Dès le Néolithique, on pratiquait la trépanation chirurgicale, et il fallut bien quelques pots cassés avant de mettre au point une méthode efficace. Plus tard, en Perse pré-islamique, les condamnés à mort étaient livrés aux médecins du roi, lesquels étaient chargés de se livrer à diverses expériences médicales. On retrouve également à cette époque la première trace écrite d'accouchement par césarienne avec anesthésie -une préparation alcoolisée-, mais aussi des indications de traitements contre l'épilepsie, ou encore des opérations neurochirurgicales. Plus proche de nous, l'exemple le plus parlant d'expérimentation utile sur l'homme nous vient de Pasteur, qui, après avoir testé son vaccin contre la rage sur l'animal, dut se résoudre à vérifier les effets sur des patients malades.

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Évidemment, tous les scientifiques n'ont pas apporté à l'humanité autant que Pasteur, et certains se sont surtout servi de leurs cobayes humains pour laisser libre cours à leurs pires fantasmes de savants fous. Les pires expériences de torture médicale ont logiquement eu lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale, et les médecins nazis et japonais se sont livrés à un véritable concours horrifique : transfusion de sang de cheval, d'eau de mer, amputations, création de jumeaux siamois artificiels, ou contamination au typhus, à la fièvre jaune, et au choléra… Comme Master-P, les mecs n'avaient absolument aucune limite. Le champion toutes catégories est évidemment le funestement célèbre Docteur Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, qui pratiqua énormément d'expériences scientifiques ou pseudo-scientifiques sur des déportés, et éprouvait une fascination pour les jumeaux, les nains, ou les malformations corporelles. Il a notamment tenté de créer des siamois artificiels, en cousant entre eux deux jumeaux –avec un peu de recul, c'était clairement pas la meilleure idée qui soit d'un point de vue strictement scientifique. Côté japonais, le Mengele local s'appelle Shiro Ishii. Spécialisé dans les armes bactériologiques, il dirige l'Unité 731, une unité militaire de recherche bactériologique de l'Armée impériale japonaise active entre 1932 et 1945, qui semble irréelle tant elle dépasse les limites de l'imagination humaine en terme d'horreur. Les témoignages qui nous sont parvenus évoquent des scènes qui feraient frémir le bourreau le plus sadique.

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Vivisection, congélation, inoculation des pires maladies, fécondation animale… Petit tour d'horizon du meilleur et du pire de l'expérimentation de l'homme sur l'homme :

La vivisection

Les premières traces historiques de vivisection – qui reprend le principe de la dissection, mais sur des sujets vivants- datent de l'antiquité, quand Herophilos, considéré comme "le premier anatomiste" aurait ouvert et détaillé de l'intérieur des centaines de prisonniers, afin d'étudier de plus près leur organisation interne. Lors des siècles suivants, la méthode a perdu de son aspect scientifique pour revêtir une simple résonance guerrière : ouvrir le ventre d'un ennemi pour en retirer les organes encore chauds est un moyen comme un autre de terroriser les troupes adverses, et ainsi les dissuader de se battre. La vivisection a retrouvé son mojo médical au cours XXème siècle, pendant la seconde guerre mondiale, avec le concours des deux grands fournisseurs d'expériences humaines insoutenables : l'Unité 731 implantée en Chine par l'armée japonaise, et les camps nazis supervisés par le docteur Mengele. Les "médecins" japonais s'en sont donné à cœur joie, tentant absolument tout et n'importe quoi sur des milliers de prisonniers chinois, philippins, et peut-être américains : retirer l'estomac et coller directement l'œsophage aux intestins, amputer le bras droit pour le recoudre à la place du bras gauche, ou encore recoudre un poumon transpercé -pour les besoins de l'expérience- par balle.

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Originalité : 5/10. La vivisection n'est clairement pas la torture médicale la plus imaginative : tout les peuples un peu barbares l'ont déjà tenté - même les Grecs, c'est dire ! Avec un peu de bonne volonté, on peut tout de même accorder la moyenne à cette pratique, en tenant compte des énormes efforts faits par les japonais pour sortir des sentiers battus.
Spectacularité : 6/10. Ouvrir un ventre ou un crane pour regarder à l'intérieur … moins spectaculaire que le dernier Star Wars, certes, mais la pratique fait tout de même son petit effet sur les novices. Du moins, la première fois.
Apport potentiel à la science : 0,5/10 Franchement très limité. Découper le gras sans anesthésie pour "recréer les conditions des champs de bataille" - motif évoqué par les japonais, l'idée est très surfaite. Les dissections de cadavres de Léonard de Vinci nous ont déjà appris tout ce qu'il y avait à savoir.
Appréciation générale : Peu originale, à peine spectaculaire, et limitée scientifiquement… A moins qu'une armée sanguinaire ne se sorte les doigts et se décide à y apporter des nouveautés prochainement, la pratique de la vivisection est clairement surcotée. Copie à revoir.

Le film "Philosophy of a Knife", d'Erin Van Horn, retrace l'histoire de l'unité 731 grâce notamment à des images d'archives.

Moustiques, puces et autres vecteurs animaux de propagation infectieuse.

Un document déclassé par l'armée américaine en 1981 a révélé qu'entre 1954 et 1957, plusieurs opérations de contamination de la population américaine avaient été menés dans l'optique de tester la résistance de la population, mais aussi de comparer les coûts potentiels des différentes attaques. Ainsi, des milliers de moustiques porteurs de la fièvre jaune ont été lâchés -par hélicoptère, et par bombe chimique- sur les région de Savannah et Avon Park en 1956. Des puces non-infectées ont été lâchées, également par bombes chimiques, dans l'Utah en 1954, dans le but de tester la résistance des insectes à leur "parachutage". Le grand moment de cette opération : quand une bombe contenant 200.000 puces a accidentellement libéré ses hôtes à l'intérieur de l'avion la transportant. Résultat : le pilote, le co-pilote, et l'agent chargé du largage, ont tous trois été mordus.

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Originalité : 9/10. Bombarder sa propre population avec des insectes, c'est une idée qu'il fallait aller chercher loin, très loin à l'intérieur des cerveaux les plus imaginatifs. Félicitations du jury.
Spectacularité : 4/10 : Si voir des milliers de puces tomber du ciel est plutôt sensationnel, voir la population attaquée par de si petits insectes n'a rien de bien folichon. Avec des mygales, des oiseaux tueurs, ou des scorpions géants, le résultat aurait été bien plus hollywoodien. Travail à approfondir.
Apport potentiel à la science : 5/10. Quatre points pour les résultats positifs de l'expérience, qui ont appris à l'armée qu'il était tout à fait possible, et surtout très économique, de propager des maladies par le biais de moustiques. Un point bonus pour le potentiel comique de la scène du bombardier.
Appréciation générale : 5,5/10. Une idée de départ vraiment fantastique, mais trop peu d'ambition. Méthode à approfondir, en remplaçant les insectes par des animaux plus imposants ou plus terrifiants.

Pendaison

Scientifique et criminologue, Nicolae Minovici a tenté, au début du XIXème siècle, de comprendre ce que ressentait un pendu, et de détailler les effets de la pratique, en fonction du monde de pendaison (corde, drap, ceinture …). Après avoir multiplié les expériences avec des animaux, puis des cadavres humains, Nico, frustré des résultats peu concluants obtenus jusqu'alors, décida de se livrer lui-même au petit jeu du pendu. Entouré d'une dizaine d'assistants, il se lance progressivement : d'abord, il se fait étrangler à mains nues. Puis, il se pend tout en restant appuyé contre le sol. Ensuite, il se lance dans la pendaison "à la serviette", une demi-douzaine de fois. Enfin, il termine par le grand saut, corde au cou, deux mètres au-dessus du sol. Moins de trente secondes plus tard, il fait signe à ses assistants de stopper le calvaire. Nicolae publia le résultat de ses recherches dans un livre, décrivant le supplice de la pendaison : voix respiratoires fermées, oreilles sifflantes, paupières contractées, et séquelles pour les cordes vocales.

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Originalité : 2/10. Combien de personnes se pendent chaque jour dans le monde ? Non, sérieusement, c'est une pratique aussi banale que valider un pass Navigo ou se servir un café.
Spectacularité : 3/10. Parmi toutes les méthodes de suicide possibles, la pendaison est clairement l'une des moins spectaculaires. Elle a le mérite de ne pas perturber le trafic RATP, ou de ne pas laisser à la femme de ménage une cervelle exposée par balle à nettoyer, mais niveau sensationnel, on repassera.
Apport potentiel à la science : 7,5/10. Sérieusement, qui aurait pensé que la principale préoccupation d'un pendu pourrait être ses oreilles qui sifflent ?
Appréciation générale : 5/10. Peut mieux faire. Expérience sobre mais rigoureuse, et avec un potentiel à exploiter.

Frozen

Parmi la multitude de méthodes de torture médicale expérimentées dans la fameuse Unité 731, les plus spectaculaires sont probablement celles qui impliquent la congélation du corps humain. Membres gelés puis découpés, ou plus simplement brisés, corps congelés puis réchauffés, ouverture des veines pour mesurer la solidification du sang… la créativité des bourreaux est digne d'un véritable film d'horreur. Les nazis ont également effectué bon nombre d'expérimentations sur des prisonniers, notamment en mesurant combien de temps un homme pouvait survivre dans de l'eau glacée - entre 50 et 90 minutes, environ -, ou en tentant de plonger un mourant gelé dans l'eau bouillante, ce qui, au delà du fait que ces gens soient de méchants nazis, est quand même terriblement stupide.

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Originalité : 8/10. Non seulement il fallait y penser, mais en plus, les mecs ont fait preuve d'imagination, en déclinant la congélation sous différentes formes, et en la combinant avec d'autres types de torture médicale (amputation, ébouillantage, etc.). Chapeau.
Spectacularité : 10/10. Geler une main, la briser, et observer l'eau s'écouler comme s'il s'agissait d'un simple robinet… Difficile de faire mieux. Félicitations du jury.
Apport potentiel à la science : 2/10. Le but de ces expériences était d'étudier des solutions pour les soldats perdus dans le permafrost russe, mais on ne va pas se leurrer : les mecs s'en sont surtout servi pour déconner.
Appréciation générale : 8/10. Alors certes, l'expérience manque de sérieux… mais que celui qui n'a jamais rêvé d'être Sub-Zero jette la première pierre à ces bourreaux.

Les expériences de stérilisation et d'avortement.

Bien que le modèle soit né aux Etats-Unis dès le début du XXème siècle, l'incontestable championne de la stérilisation forcée est bien évidemment l'Allemagne Nazie, avec une campagne massive "au nom de la pureté de la race" ayant touché au minimum 400.000 personnes. Dans les camps, les docteurs Mengele et Clauberg, ou le Professeur Schumann s'essayaient ainsi à bon nombre d'expériences de stérilisation sur les déportés. Ablation des ovaires ou injections intra-utérines pour les femmes, castration pour les hommes, séances de rayons X sur le ventre (femmes) ou les testicules (hommes) … Quant aux femmes déjà enceintes, on tuait le fœtus avec une injection, puis on y fixait un poids, jusqu'à ce qu'il soit "extrait" du corps de la maman. L'objectif annoncé était de mettre au point une méthode de stérilisation eugénique massive la moins coûteuse possible, et de débarrasser le Reich de toute nouvelle portée "impure".

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Originalité : 2/10. L'idée de base est terriblement peu originale, même si l'effort de mise en place à grande échelle est louable. Sur le plan technique, rien de très original non plus : couper une paire de couilles pour empêcher la reproduction … même un vétérinaire peut le faire.
Spectacularité : 0,5/10. Alors là, non, vraiment. Un demi-point accordé pour le principe, et pour ne pas poser un zéro éliminatoire, mais les nazis nous ont habitué à bien plus flamboyant.
Apport potentiel à la science : 2/10. Beaucoup d'efforts déployés pour un bien maigre butin. A la limite, on peut se dire que Mengele a contribué à nous apprendre qu'injecter des liquides inflammatoires dans un utérus n'est pas le moyen de contraception idéal.
Appréciation générale : 2,5/10. De gros efforts à faire pour rendre la stérilisation forcée un peu plus fun. Piste à suivre : le film Nazis at the Center of the Earth propose des avortements avec un aspirateur … l'idée est à creuser.

La centrifugeuse humaine

Les astronautes s'entrainent dans des centrifugeuses humaines afin de se préparer à l'accélération phénoménale des navettes spatiales. La toujours très fameuse Unité 731 a également testé les effets des centrifugeuses humaines sur ses prisonniers -jusqu'à la mort du sujet, évidemment-, mais le véritable héros de l'aventure des effets des forces d'accélérations sur l'homme s'appelle John Paul Stapp. Ce garçon téméraire, convaincu que le corps humain pouvait encaisser bien plus que ce que la science de l'époque prédisait, a lui-même testé -pendant des instants très brefs - des accélérations à 25G, puis à 46G. Malgré quelques séquelles, notamment des troubles de la vision, il survécut et contribua grandement à l'amélioration de la sécurité aéronautique. Pour le fun, John pilota également un avion à réaction sans cockpit, dépassant les 900km/h dans le plus grand des calmes.

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Originalité : 6/10. Tout enfant suffisamment équilibré a déjà pensé au moins une fois à mettre un chat dans une machine à laver. Vouloir effectuer la même chose sur un homme, une fois adulte, n'a rien d'extraordinaire, mais une expérience sobre et réussie vaut parfois mieux qu'une tentative imaginative et sans résultat.
Spectacularité : 9/10. Ok, le mec se mange 46G dans la gueule, quand même. C'est pas la Foire du Trône.
Apport potentiel à la science : 7,5/10. Déjà, on apprécie l'esprit de sacrifice de John Paul Stapp. Là où les japonais de l'Unité 731 centrifugeaient de pauvres innocents, Polo a pris les risques lui-même, sans rien demander à personne. Et puis, ses travaux ont aboutit à améliorer la sécurité des autres, la démarche est très respectable.
Appréciation générale : 7/10. John Paul est un élève discret mais appliqué. Rien de farfelu, pas d'hommes-singes, de congélation des membres, ou de foetus extraits de manière artisanale : ici, le travail est sobre, mais efficace. Encouragements.

Une année au lit

La conquête spatiale a été l'un des plus grands moteurs scientifiques du XXème siècle. En 1986, 11 volontaires russes ont ainsi passé un an dans des conditions censées les rapprocher de l'état d'apesanteur : allongés sur un lit, sans avoir le droit de se lever ni même de s'assoir, les hommes mangeaient, se lavaient, lisaient, écrivaient, dans la même position couchée, pendant très exactement 370 jours. Conséquences : le pouls a ralenti – le coeur n'ayant pas à contrebalancer les effets de la gravité -, le taux de globules rouges dans le sang a diminué, et les muscles se sont peu à peu décharné. Pour le délire, les mecs ont été placés à plusieurs reprises dans des centrifugeuses, toujours en position allongée, et soumis à des forces d'accélération similaires à celles subies par les astronautes lors de leurs voyages spatiaux.

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Originalité : 6/10. L'idée de base n'est pas forcément flamboyante sur le papier, mais le coup de foutre les mecs en position allongée dans une centrifugeuse est assez génial.
Spectacularité : 6/10. Niveau son et lumières, on est dans la sobriété totale, mais une étude longue et pénible vaut parfois mieux qu'une expérience spectaculaire mais brève.
Apport potentiel à la science : 6/10. Les mecs nous ont appris que la principale conséquence d'un alitement de 370 jours était une rééducation de trois à six mois pour réapprendre à s'assoir, puis à marcher. Ça valait le coup.
Appréciation générale : 6/10. La science russe. Un peu WTF dans l'idée, sobre dans la réalisation, et avec de belles séquelles sur les volontaires.

Les hybrides homme/singe

Les légendes, rumeurs, et hoaxes d'enfants nés d'une relation entre une femme et un homme-singe sont nombreuses, mais malheureusement toutes infondées. Cependant, un homme au moins, Ilia Ivanov, a tenté de réaliser le rêve de tous les fans de la Planète des Singes : féconder une femelle chimpanzé avec du sperme humain -par insémination artificielle, pas super fun, mais plus efficace. Évidemment, les deux espèces étant différentes, aucune femelle n'est tombée enceinte. Pas découragé pour autant, le biologiste russe a voulu tenter le coup inverse : féconder des femmes humaines avec du sperme d'orang-outan - là encore, par une triste insémination artificielle. Étrangement, Ivanov n'eut aucun mal à trouver des volontaires dans la population féminine d'Abkhazie, la province russe où il menait ses expériences. Malheureusement pour les amateurs de science-fiction, le seul singe mâle à disposition mourut d'une hémorragie interne avant que son sperme ait pu être recueilli. Alors que d'autres orangs-outans étaient en voie de livraison, le scientifique fut arrêté, condamné à l'exil, et mourut 5 ans plus tard.

Originalité : 10/10. Les hybrides entre hommes et animaux font partie de l'imaginaire de l'humanité depuis la nuit des temps, mais mettre en place l'expérience, et tout faire pour concrétiser l'idée … c'est absolument incroyable. Chapeau, Ivanov.
Spectacularité : 5/10. Alors évidemment, une expérience qui n'aboutit à rien ne devrait pas mériter la moyenne, mais il faut récompenser l'innovation et la prise de risque. Si Ivanov avait réussi son pari, il aurait crée un véritable monde de science-fiction.
Apport potentiel à la science : 7/10. Techniquement, créer une armée de singes n'a aucun intérêt scientifique. Mais imaginez si Ivanov avait réussi : la seconde guerre mondiale aurait opposé des nazis à une armée soviétique faite de clones de César et Koba.
Appréciation générale : 8/10. L'idée est excellente, la méthodologie est scientifique, et les fruits potentiels de cette expérience sont hollywoodiens. Félicitations. Possibilités d'amélioration de l'expérience : tenter le coup avec des requins, des bisons, des hyènes, ou tout autre animal un peu plus fun que le singe.

Certains affirment avoir déjà aperçu une créature terrifiante issue d'un croisement entre un homme, un ours et un porc.

Syphilis, malaria, tuberculose et fièvre jaune

Vous avez probablement tendance à vous plaindre au moindre rhume ou à la première petite gastro un peu trop salissante – je ne vous juge pas, je suis pareil. Pourtant, croyez-moi : face aux cobayes humains de la malaria ou de la tuberculose – dans les camps nazis, ou du côté de l'Unité 731, bref, vous connaissez le refrain -, vous êtes un petit joueur. Sur le podium des maladies les plus cradingues, la syphilis trône en bonne place –faites un google images, vous ne serez pas déçu du voyage-, et jusqu'aux années 70, on laissait crever des patients –qui avaient le point commun d'être tous afro-américains- dans d'atroces souffrances, sans le moindre traitement, uniquement par intérêt scientifique. Bien entendu, c'est tout à fait illégal, mais être noir au fin fond de l'Alabama, en pleine campagne, au beau milieu du XXème siècle, est la pire idée du monde. Voici la petite histoire : en 1932, persuadés que la transmission de la maladie se fait sur des critères raciaux –à cause de méchantes bactéries fascistes-, les médecins décident d'arrêter de soigner une portion de la population des paysans afro-américains de la petite ville de Tuskegee. Si des traitements efficaces contre la syphilis sont découverts dès le début des années 40, on prolonge l'expérience jusqu'en 1972, quand le scandale éclate dans la presse. Bon, il ne faut pas tout réduire à une question raciale : de 1946 à 1948, les Etats-Unis mènent le même type d'étude au Guatemala, en inoculant carrément la maladie à des soldats, des prisonniers ou des malades mentaux. 83 morts.

Originalité : 4/10. Ne pas traiter une maladie pour observer son évolution … la pratique existe depuis la nuit des temps. Ceci dit, les américains ont quand même élevé les choses au niveau qui est le leur : 399 sujets « enrôlés », un scandale national, et des excuses de Bill Clinton en 1997 alors qu'il avait encore des traces de rouge à lèvres sur le frein.
Spectacularité : 9/10. Si, si, vraiment. Faites un Google Images, et osez me dire que ce n'est pas spectaculaire.
Apport potentiel à la science : 10/10. Ok, il aura fallu quelques centaines des morts, mais au moins, la conclusion est sans appel : les médecins américains qui ont participé à l'expérience sont des débiles finis à la pisse.
Appréciation générale : 7/10. L'aspect très spectaculaire de la maladie assure évidemment une bonne note à l'expérience, sans compter le fait qu'on ait pu prolonger le plaisir jusque dans les années 70. Et puis, il y a le côté très ironique de l'histoire : Tuskegee est la ville natale de Rosa Parks.